16 décembre 2008

L'Emprise

J'étais parti pour télécharger Fenêtre sur cour, le fameux film d'Alfred Hitchcock, et au final j'ai downloadé Smash Court Tennis, un jeu de tennis, alors j'ai passé mon après-midi à y jouer, c'était fun. Le jeu était à ce point fun que j'ai invité un pote pour y jouer avec moi, en doublettes. Ce mec-là est un taré que j'ai rencontré au centre aéré y'a quelques années, c'est le seul qui jouait dehors mais enfermé dans une cage étroite, il m'avait tout de suite tapé dans l'œil, avec une caillasse de bonne taille, j'avais eu un œil au beurre noir pendant plusieurs semaines à cause de lui. Une fois, pour une sortie à la neige, à Camurac, c'était le seul gamin à avoir ramené un sac plein de paille au lieu d'une luge. Il glissait là-dessus, et il nous battait tous, mais il avait fini la journée avec le cul en sang. Le soir on l'a vu manger la moitié du contenu de son sac puis se fourrer dedans pour y passer la nuit. Ce baluchon de paille c'était sa nouvelle maison, sa masure, sa cambuse, c'était son kit de survie. Ce mec là on l'appelait "L'entité" entre nous, moi je croyais que c'était son vrai prénom, que c'était le masculin de Maïté. Et puis hier en jouant à Smash Court Tennis, j'ai repensé à ce sobriquet et en le regardant jouer au jeu, un peu gêné par son bracelet électronique pour tenir la manette, je me suis dit que "L'entité" avait vraiment l'air sous l'emprise de ce jeu vidéo pourri. C'en était trop, trop de coïncidences, il me fallait à tout prix mater The Entity ("L'Emprise" en Français).



The Entity est un film d'horreur de bonne facture, qui commence sur des charbons ardents. C'est l'histoire d'une femme, Carla Moran (Barbara Hershey), qui vit avec ses trois enfants, et qui est soudainement attaquée par une sorte de fantôme qui d'entrée de jeu la viole dans sa chambre. Après quoi les attaques se répètent et se font de plus en plus violentes. Ses enfants en sont témoins et ne peuvent plus ignorer la vérité. Alors Carla Moran décide d'aller voir un médecin pour lui raconter ses mésaventures et lui montrer les traces de coups qu'elle porte. Moi, cartésien jusqu'au bout des ongles, et étant donné qu'elle décrit son agresseur en parlant d'odeur fétide et de sperme froid, j'ai immédiatement pensé que David Pujadas était dans le coup et qu'on allait avoir droit à un caméo mémorable du plus grand animateur Français. Mais en fait pas du tout, déception de ce côté-là, il s'agit bien de ce qu'on nomme un Poltergeist ("esprit frappeur hétérosexuel" en Allemand, à ne pas confondre avec "poltergay", où là on parle d'un esprit frappeur homosexuel comme nous l'apprend le film d'Eric Lavaine sorti en 2006). Le docteur Spiderman (c'est son nom, j'y peux rien) a beau refaire le trajet du violeur fantomatique de Carla pour essayer de trouver des traces, aucune explication rationnelle ne se fait jour, et malgré tout, il ne peut se résoudre à la croire. Le film se clôt donc sur un mystère qui reste entier, avec une descente aux enfers sans escale pour Carla Moran, qui voit les assauts à son encontre se répéter et s'intensifier, impuissante. Ces séquences sont d'autant plus terribles qu'une musique infernale fait de ces moments une suite d'instants plus angoissants les uns que les autres.



Juste avant le générique de fin un petit texte vient nous apprendre que ce film est l'adaptation romancée d'une histoire vraie. Carla Moran a vécu (et vivait encore quand le film est sorti), et tous ces événements sont censés avoir eu lieu, tout ça est vrai. Donc j'ai appris en matant ce film non seulement que les fantômes existent mais que les poltergeist aussi, et qu'il y a des esprits qui violent des femmes. Je ne ferme plus l'œil et j'écris cet article dans un sarcophage.


L'Emprise de Sidney J. Furie avec Barbara Hershey (1981)