21 juin 2008

Drillbit Taylor

C'est l'histoire de 3 gosses qui en bavent au collège. Tous les jours, à la récré de 10h puis à celle de 15h, deux grands gaillards de 23 ans qui n'ont normalement plus rien à faire au bahut, les attrapent par le col et leur bousillent la gueule. On a droit à ce triste spectacle pendant une bonne heure de film. Chaque quart d'heure étant consacré à une nouvelle pratique ancestrale de torture mise en place par les deux taulards qui ont fait de ce petit lycée de quartier leur terrain d'entraînement pour de futures guerres du Golfe. Ainsi durant le premier quart d'heure on voit les trois jeunes souffre-douleurs récurer les chiottes de l'école avec leurs dents, tenus à bouts de bras par leurs tortionnaires. Dans la seconde partie, les deux tarés de l'école s'appliquent à chier dans des assiettes et forcent les trois mauviettes qui nous servent de héros à bouffer leur merde à la cantine. Dans l'avant-dernier quart d'heure, les trois jeunes gosses voient leurs vêtements cramer dans un grand feu au milieu de la cour de récréation. Et enfin dans le dernier quart d'heure, un classical, qui vous rappellera peut-être les plus sombres heures de votre scolarité : les deux repris de justice qui ont élu domicile dans ce petit collège de campagne qu'ils ont manifestement décidé de transformer en camp de concentration, écartèlent les jambes de leurs victimes en les soulevant du sol, et courent à toute allure, en tenant chacun une jambe de leur martyr, vers un tronc d'arbre massif afin de leur exploser les couilles à même l'écorce, avant de laisser leurs cobayes pour quasi-morts, recroquevillés au sol en position fœtale, remués de quelques timides spasmes post-traumatiques. Tout ça sur fond de musique indé comme ça se fait aujourd'hui dans les comédies américaines ayant pour personnages principaux et pour public cible de jeunes adolescents.


L'originalité dans le cas présent réside dans le léger décalage entre les images d'une intolérable violence qu'on nous assène, et les titres polp-rock'n'folk mignons, "sucrés", qui les accompagnent. Ainsi tandis que Lilly Allen chantonne son dernier tube en fond sonore, on assiste, désemparé, au spectacle d'un enfant à moitié mort, en boule au pied d'un arbre sur lequel sont encore accrochées ses couilles. Et alors que Feist entonne son dernier succès en date intitulé One two three four, on est aux côtés de l'enfant, allongé, inconscient, sur un lit d'hôpital. Ses parents le pleurent, un médecin leur fait comprendre à demi-mot qu'il est dans un coma profond et que si d'aventure il venait à survivre, il devrait tirer un trait sur une éventuelle progéniture. On a alors droit à un long travelling partant du visage enfin apaisé de l'enfant à demi-mort, passant sur un bocal contenant ses couilles entourées de glaçons, et s'arrêtant sur le moniteur électronique qui sonne au rythme des faibles pulsations de son cœur malade. Rappelons, pour l'amour du ciel, qu'à la fin de ce mouvement de caméra morbide, Feist, sur un ton enjoué, chante : "one two three four five six seven all good children go to heaven".


Bref, la première heure de ce film laisse non seulement pantois, mais mal à l'aise. Il y a là de quoi faire douter ceux qui s'en vont passer le Capès en toute hâte et qui s'orientent vers une carrière ayant un rapport quelconque avec l'école en général. Ceci dit ce film est le reflet d'un fait de société alarmant, à savoir le manque évident de personnel de surveillance dans les collèges. Certains y trouveront peut-être une nouvelle vocation d'assistant d'éducation, de pion.

Après ça nos trois z(h)éros (si vous n'aimez pas ce genre de jeux de mots sachez que nous non plus, et un petit conseil, ne lisez plus Studio Ciné Live, Première et consorts) décident d'engager un body guard. Et après un long casting (la seule scène qu'on sauvera dans ce merdier), ils tombent sur un clodo se faisant passer pour un vétéran de l'armée (Owen Wilson), qui verra dans ce nouveau job un bon moyen d'escroquer ces jeunes un peu naïfs et de leur tirer leurs meubles en douce. Mais rien n'apaisera la terreur suscitée par la longue ouverture du film, pas même une absence presque religieuse de vannes. Et en guise de conclusion, on ne s'étonnera qu'à moitié de l'immense liste de cascadeurs qui défile au générique de clôture de ce teen movie interdit à tout public.


Drillbit Taylor de Steven Brill avec Owen Wilson (2008)

3 commentaires:

  1. Apparemment ça t'a filé la nostalgie de Wedding Crashers.

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  2. T'in jme sens bête, j'ai maté le film exprès pour voir la scène du type sans couilles, et ... y'avait rien

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    1. Si elle y était le film serait marrant, mais il l'est jamais...

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