
C'est là le point de départ de ce film en jupons, intolérablement larmoyant. Eric Bana, plus proche que jamais physiquement de Pascal Elbé, n'est que l'ombre de lui-même, en supposant qu'il ait déjà incarné son propre corps à l'écran dans un autre film. Cet acteur est un candélabre, il tient les bougies et s'en contente. C'est une prouesse en un sens que d'être de tous les plans sans n'être jamais cité au générique du film. Du reste il n'est pas le seul comédien qui fasse pâlir de détresse dans cette œuvre. Scarlett Johansson est à la limite d'être hors-champs dans toutes ses scènes tant le cinéaste aimerait qu'elle n'y soit pas. Elle joue avec une épaule bord cadre. Même Natalie Portman (qui enchaîne inéluctablement les films de merde) en vient à nous épuiser à force de tirades lues au prompteur et de grandes eaux sans fin (quand elle pleure et que son visage subit les ravages des chutes du Niagara l'actrice devient irritante).
Voici la description d'une scène importante du film, pour vous en toucher deux mots plus précisément et vous donner le sentiment de sa qualité : Mary (Scarlett Johansson) n'ayant à son tour su donner qu'une fille au Roi d'Angleterre et ne parvenant pas à réaliser un une-deux avec son mari, celui-ci se retourne vers Anne (Natalie Portman), celle que le père des deux sœurs lui avait d'abord destinée, au détriment d'une mère (Kristin Scott Thomas) qui seule avait vu dans ces manigances se tramer une merde noire sans pareille pour la famille Bowling tout entière. Ainsi, après moult querelles, et prenant les choses en main, le Roi se décide à sodomiser Anne (véridique et c'est dit tel quel !). Résulte de ce coït la gestation d'un enfant... Pas pigé. Lequel enfant naîtra prématuré, ou plutôt ne naîtra pas, il est en effet mort-né. De là à savoir s'il est vraiment mort-né ou si c'est Anne elle-même qui l'a étouffé sous son coude jusqu'à ce que mort s'en suive, je n'en sais trop rien, n'ayant rien compris à la scène en question, filmée par-dessus la jambe (littéralement). Mais mon bon sens me pousse à croire en la bonne nature de cette jeune femme, me condamne à placer des espoirs bienfondés dans l'humanité en général, me force à espérer que ce personnage sain d'esprit n'en est pas venu par je ne saurais trop quel dénouement psychologique abscons à décider de buter son gosse dès après les premières minutes de sa nouvelle vie d'être humain. Bref, il semble donc que l'enfant soit né prématurément et qu'il en soit mort. La jeune femme décide donc de faire un autre enfant, en cachant la naissance ET la mort du premier à son époux le Roi (de peur qu'il ne la décapuche comme il en a décalotté quelques unes avant elle), de sorte que ce dernier n'y verrait que du feu, faisant admettons peu de cas d'une gestation étonnamment longue de 18 mois. Or la jeune Anne, faute de mieux, décide que c'est à son frère de la mettre en cloque pour la tirer de cette panade. Mais non, sachez que le grand frère n'en fera rien. Pas dans ce film. À la place, l'épouse du frère d'Anne, ayant surpris les machinations de son mari et de sa belle-sœur, s'en va tout raconter au Roi qui décapite tout le monde et retourne prestement chercher une gameuse capable de lui pondre un prince.
Pour terminer, un mot sur Justin Chadwick (à tes souhaits mec), qui a réalisé ce film. Ce type-là, non content d'avoir filmé des costumes criants de fausseté, tout droit sortis du pressing, avec les moyens d'un président et sans les mains, ce type-là s'est privé des filtres habituels pour donner à son film cette couleur jaune qu'il briguait tant, au lieu de ça il s'est contenté de longuement pisser sur ses milliers de mètres de pellicule pour leur conférer ce hâle jaunâtre immonde. Si vous n'aimez pas le jaune et ses différentes teintes les plus rances, passez votre route, ce film pisseux aura votre peau.
Deux sœurs pour un Roi (The Other Boleyn Girl) de Justin Chadwick avec Natalie Portman, Scarlett Johansson et Eric Bana (2008)