3 décembre 2021

Those Who Wish Me Dead

On avait cru viteuf en Taylor Sheridan après Comancheria et surtout Wind River. Eh bien c'est mort, tout est à refaire. Those Who Wish Me Dead, son dernier bébé, a la tronche d'un grand brûlé et nous fait tout remettre en question. C'est un film raté, ostensiblement foiré, fini au pipi, un gouffre dans le parcours jusque-là plutôt honorable du scénariste et réalisateur. Et on sent dès le début que ça va pas. Grosse gueule burinée, natif du Texas, Taylor Sheridan poursuit dans la veine du neo-western, en enfilant cette fois-ci ses plus lourdes santiags de cowboy. Il filme une Angelina Jolie totalement hors-jeu, pas crédible pour un sou dans la peau d'un personnage inintéressant au possible : elle incarne une pompière ravagée par la culpabilité depuis qu'elle a mal jaugé la direction du vent lors d'un terrible incendie de forêt (résultat : plusieurs morts qui hantent encore ses nuits). Elle sera amenée à devoir surmonter ses peurs et ses tendances autodestructrices pour sauver un gosse pris en chasse par deux tueurs à gages au professionnalisme douteux. C'est que le gamin, via le MacGuffin le plus désespérant du moment, détiendrait des informations très compromettantes, susceptibles de faire sauter des personnes haut placées et fournies par son père déjà liquidé...


 
 
Le scénario, qui hésite entre, d'un côté, une sècheresse propice à l'action pure et linéaire et, d'un autre, une psychologie de comptoir, se plante à tous les niveaux. On se fout d'à peu près tout ce qui se passe à l'écran, très vite tenu à l'écart et exaspéré par la lourdeur et la grossièreté du trait. On pourrait quand même passer un moment pas si mauvais devant cet actioner old school qui semble échappé des années 80 ou 90, aussi bourrin que la plupart de ses personnages, si seulement le reste tenait à peu près la route. Hélas... Le film a été monté à l'aveugle, par le chien de Taylor Sheridan. Il y a quelques plans qui laissent pantois, dont on ne comprend pas l'enchaînement, où l'on se dit qu'il y a eu un gros couac, que l'auteur ne s'est pas revu, que rien n'a été contrôle au combo sur le plateau car tout le monde s'en foutait. Vraiment. C'est tellement torché avec les pieds qu'il y a des aberrations de mise en scène que l'on n'accepte pas. Par conséquent, les scènes d'action sont souvent illisibles et totalement débiles. On confine même à l'absurde quand Angelina Jolie entraîne le pauvre garçon dans la traversée à haut risque d'un champ à découvert alors que vient d'éclater un orage de montagne à la violence surréaliste. Au passage, on tient peut-être là les éclairs les plus laids jamais observés au cinéma. Et à ce propos, les effets spéciaux sont très embarrassants, ils viennent régulièrement envahir l'écran de toute leur mocheté. 


 
 
Le feu, ce phénomène si fascinant à observer, n'inspire rien de particulier à Taylor Sheridan. Le réalisateur atteste de l'inventivité d'un homme qui n'en a strictement rien à cirer. Les incendies de forêt donnent que dalle, ne sont jamais impressionnants, spectaculaires ou saisissants. Le film est d'une pauvreté visuelle effarante, souvent très laid, gênant, à l'image donc de ces CGI pourris. A un moment donné, deux personnages commentent la beauté des paysages qui s'offrent à eux, et cela contraste très cruellement avec la médiocrité des plans de Sheridan, cela rend encore plus criante son incapacité à se saisir du potentiel cinégénique de son script en bois (incendies de forêt, grands espaces, etc), lui qui, par le passé, avait pourtant réussi à nous proposer des films honnêtes, assez limpides, respectueux du spectateur. Si j'avais du temps à perdre, je m'intéresserais aux secrets de la production de ce film, car on a ici le sentiment tenace d'être face à un accident industriel. Le souci, c'est que Those Who Wish Me Dead est si mauvais que notre curiosité pour lui s'arrête là, ne va pas plus loin. On a plutôt envie de passer à autre chose, de laisser Taylor Sheridan se refaire la cerise dans son Texas chéri, de l'oublier un temps, pour qu'il nous revienne dans quoi, 10-15 ans, avec peut-être un nouveau film correct, qui sait ?, l'espoir fait vivre. 


Those Who Wish Me Dead (Ceux qui veulent ma mort) de Taylor Sheridan avec Angelina Jolie (2021)

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