18 juillet 2019

Queen of Earth

Couvert d'éloges par des critiques voulant absolument croire en l'éclosion d'un nouvel auteur américain (Alex Ross Perry, dont nous avions vaguement apprécié The Color Wheel), Queen of Earth a failli avoir ma peau ! Ce film essaie apparemment d'être un thriller psychologique aux accents polanskiens où deux "amies" passent toutes leurs vacances à enchaîner les prises de becs, à ressasser de vieilles rancœurs, à régler leurs comptes, à parler de leurs relations amoureuses passées, toutes tellement nocives et destructrices, vous ne vous imaginez même pas. Pour faire grimper la tension, le cinéaste accompagne la plupart de ses scènes d'une musique oppressante super naze qui rend le tout encore plus pathétique et insupportable. ARP cherche visiblement à nous mettre sur le cul avec ses plans séquences terriblement longs durant lesquels sa caméra passe d'un visage à l'autre, avec des enchaînements de très gros plans sur des actrices (Elisabeth Moss et Katherine Waterston) qui donnent tout ce qu'elles ont. Quelques moments très fugaces nous font entrevoir le petit potentiel du réalisateur. Quel dommage qu'il n'ait strictement rien d'intéressant à raconter et qu'il nous donne même envie de cracher sur ses personnages détestables !




Il est si fatiguant de les voir se déchirer, se mépriser, être si mauvaises... "Oh toi t'es qu'une fille à papa ! Heureusement que ton père était un artiste contemporain reconnu dont tu as pu devenir l'assistante, car sans ça t'aurais jamais rien fait de ta vie de merde car t'es qu'une pauv' zonarde" dit l'une. "Oh toi, tu me sors ça, mais si j'en connais une qui ne fout rien de sa vie, c'est bien toi : tu ne branles rien de tes journées et tu n'as jamais rien glandé, on est en vacances mais ça ne change rien pour toi qui, de toute façon, ne fous strictement jamais rien ! Ça doit être terrible, d'ailleurs, de se lever chaque matin et de se dire "je branle quoi aujourd'hui ? Que dalle, comme d'hab !"" lui répond l'autre. "Ohlala tu me fais trop de mal en me disant tout ça, notre amitié est trop malsaine et passionnelle, j'aime ça, pas toi ?". "Ouais, truc de ouf. Allez, on retourne au bord du lac tirer la tronche en duo ?!" "Wesh, j'te suis !" "Preum's !" Voilà en gros un aperçu des dialogues... Je m'occuperais avec plaisir du doublage français, tiens... 




Je suis réellement déçu car The Color Wheel, malgré son côté arty un peu énervant, attestait d'une certaine humilité totalement absente ici. J'avais très envie d'y croire, moi aussi, mais au bout de la 20ème minute, j'en avais déjà marre et j'ai maté le reste à cran, toujours agacé et conforté dans mon rejet total pour ce triste objet cinématographique que son auteur croit génial. 


Queen of Earth d'Alex Ross Perry avec Elisabeth Moss et Katherine Waterston (2015)

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