18 novembre 2018

Halloween III - Le Sang du sorcier

Le troisième Halloween est le vilain petit canard de la longue saga qui a découlé du succès phénoménal du film original de John Carpenter. Il est le seul du lot où l'on ne recroise pas Michael Myers, laissé pour mort dans un brasier terrible à la fin du deuxième épisode. L'idée de Debra Hill et John Carpenter était de renouveler la série et de créer une anthologie de films d'horreur autour de la fête d'Halloween. Malheureusement, cette idée a priori sympathique n'a pas fait long feu en raison du cuisant échec rencontré par cet Halloween III à sa sortie. Des critiques sévères et injustes condamnèrent impitoyablement le film qui essuya un cinglant revers au box office. Aujourd'hui, force est pourtant de constater qu'il s'agit-là de la meilleure déclinaison d'une franchise qui sera par la suite vouée à la plus vilaine médiocrité.





Il s'agissait du premier long métrage en tant que réalisateur de Tommy Lee Wallace, celui-ci se fera remarquer plus favorablement en 1990 en signant l'adaptation télé de Ça, qui en a fait trembler plus d'un dans les chaumières. Tommy Lee Wallace n'était guère étranger à la saga puisqu'il officiait déjà en tant qu'homme à tout faire sur le tournage au budget très serré du classique de Carpenter : on lui doit notamment l'idée du fameux masque porté par Michael Myers (c'est aussi lui qui était chargé de ramasser et repeindre les feuilles mortes utilisées pendant le tournage, pour donner l'illusion que l'action se déroulait bien fin octobre). Il s'attelle cette fois-ci à la mise en image d'une drôle d'histoire tournant autour d'une enquête sur des masques destructeurs fabriqués et distribués par une mystérieuse entreprise aux desseins meurtriers...





Les années ont rectifié le tir et Halloween III est désormais justement considéré par les amateurs comme une petite perle noire du cinéma fantastique des années 80. Le film mérite effectivement d'être revu à la hausse et reconsidéré. Dès le générique, variation géniale de celui du premier film, accompagné d'une musique synthétique très inspirée signée John Carpenter et Alan Howarth, on est tout de suite dedans et intrigué ! Le scénario, assez déconcertant, parvient longtemps à maintenir notre curiosité au beau fixe, avant qu'il ne perde beaucoup de sa consistance dans sa dernière partie où il vire un peu trop dans le n'importe quoi. On comprend facilement que cela ait pu, à l'époque, déplaire aux fans du boogeyman inexpressif qui espéraient encore le retrouver et se virent proposer une histoire de masques maléfiques.





Autre point faible, et celui-ci est de taille : on ne comprend pas trop les motivations des différents protagonistes, à commencer par celles du vieux psychopathe flippant, gérant de Silver Shamrock, cette entreprise malveillante qui cherche, semble-t-il, à épurer la population via des masques destructeurs et des spots télé obsédants (un gimmick quant à lui très réussi). Un vague culte aux sorcières, en référence à l'origine même de la fête d'Halloween, est plus ou moins évoqué avec ce menhir volé par les ouailles du PDG vicelard au site de Stonehenge (!), mais cette piste n'est pas assez creusée pour être réellement consistante. Dommage, car l'acteur qui incarne ce malade, l'irlandais Dan O'Herlihy, n'est pas mal du tout !





Face à lui, on a également du mal à piger pourquoi le docteur campé par Tom Atkins se retrouve dans cette galère, lui qui n'a pas grand intérêt à enquêter sur la mort mystérieuse dont il a été témoin au début du film, celle d'un vieillard en fuite croyant avoir trouvé refuge dans son hôpital puis éliminé par l'un des mystérieux hommes de main du boss de Silver Shamrock. Peut-être est-ce simplement pour suivre la jeune femme éplorée, fille du défunt... Celle-ci est jouée par l'agréable Stacey Nelkin, une charmante actrice bien équipée au niveau respiratoire qui peut justifier quelques kilomètres en bagnole et une nuit dans une ville-entreprise particulièrement bizarre. Mais là encore, cette piste n'est pas assez travaillée, bien qu'une romance de pure circonstance soit effectivement entamée entre les deux personnages.





Quelques mots au sujet de Tom Atkins : cet acteur est bien gentil, les fans de Big John le connaissent bien puisque l'on croise aussi sa grosse tronche moustachue dans Fog et Escape from New York, mais admettons qu'il a un charisme tout relatif, peut-être insuffisant pour porter un film à lui seul. Il est un peu ridicule quand il court gauchement en tenant son blouson beige sur l'épaule : on focalise sur ledit blouson dans trop de scènes ! Pourquoi l'emporte-t-il partout avec lui, le tenant misérablement à la main, s'il n'en a pas besoin et que la douceur du climat lui permet de se balader à l'aise en chemise ?! C'est une des nombreuses questions qui restent en suspend...





Enfin, il y a aussi quelques effets spéciaux malheureux, comme par exemple cette pluie d'éclairs bleus (ou plutôt de lasers ?!) qui s'abat sur les employés de l’usine de Silver Shamrock après que notre ingénieux héros leur ait balancé des morceaux du menhir (décidément doté de sacrés pouvoirs !). Ces effets douteux sont cependant contrebalancés par d'autres scènes choc nettement plus réussies qui mettent quant à elles à l'honneur des effets visuels bien plus artisanaux, pour de brèves visions cauchemardesques mémorables.





L'ambiance du film est également très appréciable. La mise en scène de Tommy Lee Wallace s'avère particulièrement soignée, on pourrait souvent croire que John Carpenter himself se tient derrière la caméra ou supervise de très près le projet. Il y a quelques plans de toute beauté. La patte reconnaissable du grand Dean Cundey, dirlo photo des meilleurs titres du Maître de l'Horreur, n'y est clairement pas pour rien. Notons aussi quelques idées franchement excellentes, comme le fameux spot publicitaire et la ritournelle qui l'accompagne. Le tout est d'ailleurs soutenu par une musique terrible signée John Carpenter et Alan Howarth. Ces vraies qualités permettent de relativiser les menus défauts précédemment évoqués, elles offrent largement de quoi passer un agréable moment devant ce film d'horreur tout ce qu'il y a de plus sympathique et empli de bonnes intentions.


Halloween III - Le Sang du sorcier (Halloween III - Season of the Witch) de Tommy Lee Wallace avec Tom Atkins, Dan O'Herlihy et Stacey Nelkin (1982)

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