19 février 2015

Avant d'aller dormir

Bien tenté. Rowan Joffé, comme blaze, c’est bien tenté. Le gars s’est dit qu’en se donnant un prénom très proche de celui de son père cinéaste, palmé à Cannes en 86 pour Mission, j’ai nommé Roland Joffé, il créerait le doute et, sur quelques malentendus, pourrait au mieux monter les marches à Cannes, au pire passer preums dans la file d’attente de L’Entrecôte. C’est bien tenté. Roland Joffé, Rowan Joffé, avouez qu’on se laisse facilement avoir, et nul doute que les films du second auront gagné trois ou quatre entrées grâce à des spectateurs inattentifs (moi-même j’ai regardé le film en croyant découvrir le nouveau bébé du papa de Vatew). Mais il fallait carrément changer de blaze et en choisir un plus vendeur ! Je sais pas moi… Terrence Mawick peut-être, ou Cristopher Nowan. Rowan a déjà piqué le script de Memento, il pouvait aussi tirer son patronyme complet au nouveau pape d’Hollywood.




Ceci dit Avant d’aller pioncer porte bien son titre : le film n’empêchera personne de dormir. Il raconte l’histoire de Christine (Nicole Kidman), quarante ans, amnésique. Tous les matins elle se réveille à poil et a tout oublié. Tous les matins, son mari, qui est du genre patient, lui explique avant d’aller au boulot comment elle s’appelle, où elle vit, qui il est, ce qui lui est arrivé, et ainsi de suite, aidé par une foule de post-it et de photographies accrochés sur tous les murs. Et chaque soir, une fois endormie, Christine oublie tout. Rowan Joffé ne manque pas de mémoire quant à lui puisqu’il mise donc tout, d'une part, sur les belles sonorités de son nom, empruntées à celui de son père, cinéaste britannique quant à lui depuis longtemps oublié, et d'autre part sur le script du premier grand succès de Nolan (en réalité le film est adapté d'un best-seller, pas fou...), mais aussi sur ses propres wet dreams de Nicole Kidman : le tout premier plan est un clin d’œil à l’un des plus fameux du film Les Autres, et trente secondes plus tard Nicole Kidman (ou une doublure ?) se trimballe cul nu, de dos, dans sa salle de bain, ce qui ne peut manquer de nous rappeler (en mode nostalge...) la première image, inoubliable, de l'Eyes Wide Shut de Kubrick.




Autour d’une Kidman qui ne sait plus où s’acheter des cheveux pour les rabattre sur ses joues et sur son front histoire de cacher la misère, rôdent Colin Firth, dans le rôle du mari, et Mark Strong, dans celui du médecin, et tout le film, qui est un thriller mou du genou, consistera à nous faire douter de l’un et de l’autre. Christine est certes amnésique mais elle l’est depuis une agression aussi barbare que mystérieuse et, manifestement, on lui cache des trucs. Chaque jour, elle s’enregistre dans des vidéos qui lui servent de journal, afin de se remémorer ses découvertes le lendemain et d'avancer dans son enquête. Mais je ne vais pas vous dévoiler le fin mot, on ne sait jamais, des fois que vous en auriez quelque chose à foutre… En même temps, à part moi, seuls les lecteurs du bouquin à succès verront le film, et ils n'auront même pas la vague curiosité de découvrir le dénouement pour les maintenir vivants jusqu'au bout. Oublions Rowan Joffé, et inutile de coller un post-it sur la tête de lit pour se souvenir de lui demain ! A quand, en revanche, le premier film de Rowan Emmerich ?


Avant d'aller dormir de Rowan Joffe, avec Nicole Kidman, Colin Firth et Mark Strong (2014)

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