23 décembre 2013

Le Joli mai

Dans ce sublime et indispensable documentaire, sorti en dvd le 19 novembre de cette année et distribué par Arte, Chris Marker et Pierre Lhomme (directeur de la photo pour Rohmer, Cavalier, Eustache ou Bresson) dressent un portrait de Paris et de ses habitants au mois de mai 1962. Le film, qui s'ouvre avec la voix d'Yves Montand sur des vues surplombantes de la capitale, commence comme une brève visite touristique, où le poids de l'Histoire se pose d'emblée sur chaque coin de rue, avant de brutalement déboucher sur le présent : mai 1962, les parisiens, les parisiennes, leurs visages, leurs gestes, leurs voix et leurs précieuses paroles surtout, quand ils répondent devant la caméra à des questions aussi brutes et primordiales que : "Quelle est votre définition du bonheur ?" ou "Êtes-vous heureux ?".




Il est extrêmement émouvant de voir et d'entendre la parole plus ou moins libérée mais toujours sincère et surtout toujours soutenue, riche et précise (chose alors répandue dont il faut bien dire qu'elle s'est assez perdue) de ces français d'il y a 51 ans, qui sont ou auraient pu être nos parents et nos grands-parents, et qui, commerçants, se plaignent de leur travail et de leur femme, mères de familles nombreuses prisonnières de vieux immeubles insalubres, se réjouissent (pour certaines) de leur relocalisation accordée dans un lotissement neuf, vieux cons de la première heure, se scandalisent qu'on donne la parole à des lycéens pour aussitôt se l'approprier et ne pas dire davantage, cyniques sûrs d'eux, se gargarisent des absurdités du cours de la bourse, jeunes immigrés, racontent le racisme, jeunes et moins jeunes femmes victimes d'un matraquage ancestral de préjugés à la dent dure, implorent qu'on n'octroie pas le droit de vote à des êtres aussi suiveurs et superficiels qu'elles et leurs semblables du même sexe, ou jeunes mariés, assistent un peu béats et déjà revenus à leurs propres noces célébrées par des oncles et des tantes imbibés d'alcool jusqu'à plus soif, oublieux d'eux-mêmes, des caméras et de ceux qu'ils sont venus marier.




Particulièrement touchant est le portrait de deux futurs mariés, ce jeune homme en fin de service militaire et sa compagne souriante, qui imaginent en couple leur avenir amoureux en se voyant plus amoureux que le reste du monde, mais ne peuvent dissimuler, dans un regard de plus en plus bas et fuyant ou des inflexions de voix incertaines, quand leurs réponses toutes faites et très sereines se fatiguent d'avoir été trop données, et qu'il s'agit de trouver autre chose, d'aller au-delà des formules et d'imaginer vraiment la suite, que cet avenir les enthousiasme certes mais les terrifie aussi.




Tous les sujets, tous les milieux, tous les cadres, tous les gens et tous les lieux y passent ou presque dans cette vaste fresque humaine pleine d'existences, de certitudes, de doutes et d'entrain. Mais ce qui fait le prix de ce beau film, outre tous ces visages et toutes ces voix bouleversantes en elles-mêmes, c'est le regard si intelligent qui tient la caméra, et les mains qui montent (parfois avec malice, comme quand les deux ingénieurs-conseils se désespèrent des constats défaitistes de l'interviewer) l'ensemble de ces moments de pure parole octroyés à ceux qui en ce temps-là ne l'avaient jamais, et qui, dans le réseau de la ville et dans celui du film, font un portrait fascinant de Paris en ce mois de mai non plus fameux que les autres aux yeux de ceux qui le peuplent, malgré l'indépendance imminente de l'Algérie. On rêverait qu'un Chris Marker s'occupe chaque année de faire la même peinture de tous les mois de mai et de tous les français.

PS : Je remercie Cinetrafic, qui m'a permis de découvrir le film en dvd, et, pour ce faire, je dois vous le dire : Visitez Cinetrafic que vous soyez plutôt films comiques, séries, films arabes ou films gays. Y'en a pour tous les goûts chez Cinetrafic !


Le Joli mai de Chris Marker et Pierre Lhomme avec Yves Montand, les parisiens et les parisiennes (1962)

23 commentaires:

  1. C'est un joli article mais j'ai l'impression qu'il passe à côté d'un truc fondamental. Malgré toute la nonchalance avec laquelle le film répète que c'est un mois de mai ordinaire, on sait qu'au printemps 1962, la France est en défaite, elle "perd" l'Algérie. Et c'est à mon avis latent dans tout le film, avec Marker/Lhomme qui s'acharnent à demander aux parisiens ce qui se passe dans le monde au mois de mai 1962 et les parisiens qui s'acharnent à ne pas vraiment y répondre. M'enfin je suis pas spécialiste de la question, quoi, jdis juste.

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    1. Tout à fait, c'est une chose importante, mais ce n'est pas le cœur du film non plus à mes yeux. Je ne sais pas si les français interrogés se foutent de la défaite en Algérie, l'ignorent ou s'acharnent, comme tu dis, à ne pas l'évoquer, toujours est-il que cet événement est dans l'air du temps sans être dans la bouche des français, si bien qu'au final Marker et Lhomme font bel et bien un film sur un mois de mai comme les autres pour tous ces français, et ce serait du reste peut-être le cas aussi si on tournait le même documentaire de nos jours au cours d'un mois de mai marqué par un événement historique du même ordre. L'Algérie est dans le film plus parce que Marker l'y met ou voudrait à toute force qu'elle y soit que grâce aux faits, dits et gestes des gens qui peuplent l'image. Néanmoins c'est un aspect important, tu as raison.

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  2. Bonjour Rémi,
    Beau film, c'est sûr, mais à propos duquel j'éprouve tout de même pour ma part les réserves qui étaient celles des 'Caillés du cinéma' à la sortie du film : en gros, le sentiment que l'intelligence de Marker, son brio ironique s'exercent parfois sur le dos des personnes rencontrées. (En cela, au 'Joli Mai', les Caillés préféraient un autre film d'entretiens parisiens de la même époque, 'Chronique d'un été', et je ne suis pas loin d'être d'accord même si le film de Rouch et de Morin souffre pourtant de faiblesses plus flagrantes que celui de Marker.) L'excès de brio (passant particulièrement par le commentaire off) a d'ailleurs toujours constitué à mes yeux la limite du cinéma de Marker, comme celle, dans un tout autre type de cinéma, d'un Mankiewicz (quand bien même ces deux cinéastes restent souvent passionnants, et de toute façon chaque cinéaste a ses limites particulières...).

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    1. Je n'ai pas encore vu "Chronique d'un été", qui attend sagement sur une étagère, mais je compte réparer ça très vite. Toujours est-il que je ne porterais pas ce soupçon sur Marker quant à son possible mépris à l'égard des français filmés. Son montage est parfois malicieux et rieur mais jamais méchant ou vicieux. A la limite, on pourrait le trouver rude dans sa façon, comme je le disais dans le commentaire précédent en réponse à Flavie, de pousser les gens à parler de l'Algérie sans dire le mot, et d'insister sur le sujet, quand bien même les personnes interrogées n'y viennent pas, comme s'il voulait mettre en avant leur ignorance, volontaire ou non, des événements internationaux. Mais c'est bien naturel de sa part, en allant poser des questions aux français à ce moment-là, de les interroger sur ce qui se passe dans le monde et de s'étonner qu'ils ne trouvent rien de particulier à noter. Et c'est finalement assez révélateur de la vie à Paris au cœur d'un tel chapitre de l'histoire de France.

      Je serais en revanche plutôt d'accord sur l'excès de maîtrise de Marker, pour le peu que je connaisse de son cinéma (mais pas sur ce film !). Quant à Mankiewicz, je l'aime à l'excès et ne vois donc pas d'excès dans la maîtrise de son cinéma.

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    2. À vrai dire, je n'ai pas revu 'Le Joli Mai' depuis un sacré bout de temps, mais je me rappelle d'un sentiment diffus de gêne dans l'admiration, sur laquelle les articles des 'Caillés' contemporains de sa sortie avaient su (par anticipation, en ce qui me concerne !) mettre des mots. Et dans deux de ses premiers films vus ('Dimanche à Pékin') ou revus ('Lettre de Sibérie') récemment, cette impression d'intelligence écrasante m'a été quasi insupportable (mais Marker lui-même faisait très peu de cas de ces deux films, rétrospectivement). Quoi qu'il en soit, il faudrait que je revoie 'Le Joli Mai', mais j'ai tout de même le sentiment que ce que Marker a fait de mieux, ce sont les films où sa poétique dépasse cette exhibition (volontaire ou non) d'intelligence, comme par exemple 'Sans soleil', ou au contraire ceux où ce goût de l'intelligence se donne à voir pour lui-même, en plein soleil pour le coup et à fin pédagogique (ainsi de cette série passionnante qu'est 'L'Héritage de la chouette').

      Quant à Mankiewicz, je dirais pour ma part que ses meilleurs films sont aussi ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ne se complaisent pas dans cette intelligence ostentatoire : par exemple 'Mrs Muir', 'La Maison des étrangers' (pas revu non plus depuis longtemps, mais j'en garde un excellent souvenir), 'La Comtesse aux pieds nus', 'Cléopâtre', et j'en oublie certainement. En revanche, j'ai revu 'Eve' dernièrement, et ce fut très pénible : à certains moments, on n'est pas loin de la « photographie de gens qui parlent » (brillamment, trop brillamment) dont Hitchcock parlait (bien qu'il pût être lui aussi parfois très bavard, mais jamais à la façon de Mankiewicz), et l'on est en droit de penser que l'ami Joseph prend un peu ses personnages pour des crétins, faisant en sorte qu'ils ne comprennent pas au bout de cinq minutes que cette soi disant ingénue prénommée Eve n'est en réalité qu'une vipère opportuniste. La scène dans laquelle le critique de théâtre Addison « DeWitt » (« d'esprit » : le sous-entendu est quand même un peu lourd !) agonit Eve de son intelligence acerbe en lui assenant ses quatre vérités, lui qui est l'un des seuls à l'avoir très tôt percée à jour, est un moment de défoulement pour le spectateur d'une facilité assez déplaisante. (Et la fin du film qui donne à entendre que, dans le milieu du spectacle, le cycle de l'arrivisme est sans fin, m'a également paru à la revoyure une idée très convenue, à laquelle des apparences chatoyantes confèrent un vernis de hauteur morale, et qui entre d'ailleurs en contradiction avec d'autres aspects du film, ne serait-ce que le personnage de Bette Davis.) D'autres cinéastes américains qui, comme Joseph Mankiewicz, réalisèrent leurs premiers films dans les années 1940 (Billy Wilder, Elia Kazan, John Huston), furent affectés comme lui de cet « exhibitionnisme de l'intelligence » (afin de se démarquer de leurs intimidants aînés ?), et même si j'ai tendance à placer Mankiewicz dans le haut de ce panier-là, j'avoue que dans le cas de 'Eve' je lui préfère nettement un film sorti la même année, et présentant avec lui bien des points communs : 'Sunset Boulevard', de Wilder. (Une poignée d'années plus tard, Kubrick à son tour mettra l'intelligence sur le devant de la scène, mais pour sa part il en fera quasiment son sujet, ce qui n'est pas la même chose.)

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    3. Mais bon, quand on sait que Arte est en ce moment même en train de diffuser une émission (l'énième du même type, France Culture en avait programmé une du même tonneau dernièrement) dans laquelle il nous est redit sur tous les tons à quel point ceux qui, en leur temps, n'apprécièrent pas les films de Louis de Funès furent de tristes sires aveuglés par leur gauchisme sob, on peut raisonnablement penser que mes réserves ponctuelles à propos de Marker et de Mankiewicz ne sont que de petits pinaillages sans conséquences !

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    4. « Gauchisme sNob »...

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    5. Je lui préfère aussi d'autres opus de Mankiewicz ("La Comtesse aux pieds nus", "Chaînes conjugales", "Mrs Muir"), mais j'ai beaucoup aimé "Eve", que je place volontiers parmi les grands films du cinéaste, aux côtés aussi, entre autres, de "Soudain l'été dernier" et "Le Limier". Ceci étant, ça donne envie de le revoir en prenant toutes ces remarques en compte !

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    6. En fait, j'ai longtemps cru ou voulu aimer 'Eve', et ce n'est qu'à ma toute dernière vision du film que les raisons pour lesquelles je n'y ai en réalité jamais aussi pleinement souscrit qu'à 'Mrs Muir' m'ont éclaté au visage... Ayant parfois du mal à comprendre comment le même homme a pu faire un film aussi bouleversant que 'Mrs Muir' et un autre aussi sardonique que 'Eve', j'en suis venu à me demander (sans vouloir faire dans le paradoxe ni du tout chercher à diminuer son mérite de cinéaste) si les meilleurs de films de Mankiewicz, qui fut pourtant l'un des modèles de « l'auteur » dans le sens particulier de « scénariste-réalisateur », ne seraient pas en fait ceux dont il n'a pas signé (ou pas signé tout seul) le scénario (ce en quoi il correspondrait à une autre version de la Politique des Auteurs)... mais 'La Comtesse', écrit par Mankiewicz seul si je ne me trompe, vient contredire cette idée. On peut toutefois penser que cette dernière œuvre bénéficie des acquis d'un certains nombre de films américains « réflexifs » quant au monde du spectacle qui avaient surgi les années précédentes, tels 'Sunset Boulevard', 'Le Grand Alibi', 'Eve', 'Les Ensorcelés' et j'en oublie, et que le scénario de Mankiewicz en a sagement tiré profit... Pure supposition ! (Ceci étant dit, mon film « réflexif » préféré de ces années-là reste tout de même, et de loin, 'Une étoile est née', version Cukor.)

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    7. Je n'ai vu le film de Cukor qu'une seule fois, il y a très longtemps et juste après avoir vu le "Une étoile est née" de Wellman, et j'avais préféré le premier... Je crois me souvenir que ma préférence pour Janet Gaynor avait énormément joué, n'étant pas tellement fan de Judy Garland. Mais il me faudrait les revoir pour mieux juger.

      Quant à "La Comtesse", je ne sais pas s'il bénéficie des films réflexifs de l'époque (Mankiewicz tourne "Eve" en même temps que Wilder tourne "Sunset Boulevard", en 1950, il est dans la course et ne vient pas particulièrement après sur ce sujet, si ?), mais quand bien même ce serait le cas, cela n'enlève rien à la beauté du film, tourné la même année que "Chantons sous la pluie", qu'on pourrait pratiquement mettre dans le même bain des "métafilms" hollywoodiens. D'ailleurs Minnelli, qui a fait les sublimes "Ensorcelés" en 52/53, revient au sujet en 62 et tourne "Quinze jours aileurs", qui tire peut-être les leçons de tous les films critiques sur Hollywood déjà tournés mais qui n'en est pas moins magnifique.

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    8. Ah oui mais non mais là attention ne nous méprenons pas houlà ! Quand j'ai écrit que peut-être Mankiewicz avait tiré la leçon, lors de l'écriture de 'La Comtesse aux pieds nus', des films antérieurs portant sur le cinéma et réalisés à Hollywood de la fin des années 1940 jusqu'au milieu des années 1950 (dont également 'Chantons sous la pluie', en effet, et son propre 'Eve'), je n'entendais nullement amoindrir la grandeur de ce film que j'aime énormément (et tout particulièrement la séquence du récit par Ava Gardner de la genèse de son mariage, jusqu'à la première nuit de noces). Mais j'ai le sentiment (sans doute invérifiable) que la relative sobriété du film, qui n'enlève rien à sa qualité romanesque et y contribuerait plutôt, tient à un écart délibéré avec la flamboyance plus échevelée des 'Ensorcelés', par exemple (voire avec le burlesque débridé de 'Chantons sous la pluie', voire avec le brio voyant de 'Eve', etc.).

      Quant à 'Une étoile est née' version Cukor, saisis l'occasion de le revoir dès qu'elle se présentera, c'est selon moi l'un des plus beaux films du cinéma américain des années 1950, voire du cinéma américain dans son entier, voire du cinéma tout court ! Pourtant, je ne suis pas non plus un inconditionnel de Judy Garland. Je la crois fondamentalement 'inactuelle', car je me rends compte qu'elle déplaît de nos jours à grand nombre de spectateurs, et je ne serais pas étonné qu'elle ait déjà irrité une part de ceux-ci à l'époque même où ses films sortaient. Il y a chez elle un excès et une stylisation de l'excès qu'il n'est pas forcément facile d'aimer d'emblée, mais qui peut finir par être encore plus émouvant que le côté « immédiatement adorable » de Janet Gaynor. En ce qui concerne le scénario, le film de Cukor doit évidemment presque tout à celui de Wellman (qui était cependant lui-même une réécriture d'un film antérieur de Cukor, 'What Price Hollywood ?'), jusque dans certains détails (le voile de deuil de la veuve arraché par une « admiratrice »), mais cependant pas tout (pour ne citer que celle-ci, la scène de la remise des Oscars n'est pas dans le Wellman, si ma mémoire ne me trompe pas, et c'est l'une des plus déchirantes du film de Cukor). 'Une étoile est née' version 1954 reste donc, à mes yeux, l'une des preuves les plus flagrantes (si l'on en doutait) que la mise en scène de cinéma, fût-ce à partir d'un matériau en grande partie préétabli, peut intégralement réinventer ce dernier et devenir source, en elle-même, d'émotion profonde. Pour ne parler que de cela, et bien trop rapidement pour y faire honneur, le jeu conjoint des éclairages, de la couleur et de l'écran large, à une époque où celui-ci en était pourtant à ses balbutiements, reste aujourd'hui encore très impressionnant, et cela dès la toute première séquence. (On ne peut toutefois vraiment s'en rendre compte qu'avec une bonne copie — 'Une étoile est née' 1954 fait partie de la poignée de films pour lesquels une copie haute définition me semble vraiment constituer une plus-value esthétique — et sur une surface de visionnement pas trop réduite, tant Cukor y joue de l'aller et retour entre le plan général et le plan de détail.)

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    9. « ... films antérieurs portant sur le cinéma »... ou sur le théâtre, of course (cf. 'Eve') — sur le spectacle en général.

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    10. D'ailleurs (et j'arrête là cette dérive de ma part qui est passée par Joseph Mankiewicz puis par George Cukor, dans la mesure où le point de départ était quand même un texte sur 'Le Joli Mai' !), contrairement à ce que j'ai écrit précédemment, la mise en scène de Cukor dans 'Une étoile est née' ne consiste pas à alterner plans de détail et plans généraux : bien plutôt (il s'en est, je crois, expliqué), il inscrit le plan de détail en marge ou au sein même du plan général en Cinémascope — ce qui est très épatant.

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  3. Je l'ai vu à sa ressortie au cinéma il y a quelques mois et j'ai déjà envie de le revoir. Il faudra que je me paie le coffret géant de Marker. J'ai été étonné que tu ne cites pas le film de Rouch et Morin (Chronique d'un été) paru presque en même temps, sur un thème assez semblable, et lui aussi très touchant (même si je trouve le regard de Marker plus fin et intelligent que celui, plus tendre, de Rouch). C'est un très très grand film et il nous faut de grands documenteurs d'aujourd'hui, il nous en faut désespérément.

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    1. J'ai pensé à "Chronique d'un été" mais ne l'ayant pas encore vu je n'ai pas pu en parler ! Je vais le regarder très vite.

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  4. ah et maintenant il faut aussi parler de Sans Soleil vu que l'on parle des ressorties de Marker :)

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    1. Moi je l'ai de côté depuis un bail, il me faut le voir tout comme il me faut mater Le Joli Mai !

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  5. Oui je l'ai vu et c'est sublime. Un film sur lequel Marker s'interroge sur la notion de mémoire et de souvenirs via des images prises en Islande, Guinée-Bissau et Japon. Il y traite d'un paquet d'autres trucs comme la survie, la violence, l'éloignement des peuples et leur proximité. Difficile de le résumer en quelques mots mais c'est le meilleur de ce que j'ai vu de lui (je n'ai vu que La Jetée et Le Joli Mai).

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    1. Oui oui oui oui, avec en « prime » un beau retour sur 'Vertigo' (alors que le film de Marker a été réalisé quelques années avant qu'on ne puisse revoir largement celui de Hitchcock, dont les droits de rediffusion étaient alors encore bloqués).

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  6. Perso Marker c'est de la milice communiste... Je préfère la distance d'un Rouch ( qui peut avoir ses idées politiques mais qui les garde pour lui). Marker fait mouiller la rive gauche tant mieux pour les fans...

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  7. Bel article !
    Comme je l'écrivais dans une petite bafouille : L'œuvre fait songer au surréalisme pour son tableau tourmenté et foutraque des différents portraits et au situationnisme pour la critique de la déshumanisation urbaine. Mais Breton et Debord restent à la périphérie, la prose demeure humaniste. Et l'on pourrait se demander quelles seraient désormais les réponses aux mêmes questions posées par les deux explorateurs rêveurs ? Où tomberont les cailloux lancés à l'époque ? Pas très loin sans doute tant de murs ont été bâtis depuis. L'ombre plane sur la capitale.
    http://www.mapausecafe.net/archive/2013/10/03/62-annee-onirique-5187710.html

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