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27 décembre 2016

Bilan 2015




http://ilaose.blogspot.fr/2015/02/it-follows.html
1. It Follows de David Robert Mitchell


http://ilaose.blogspot.fr/2016/04/la-sapienza.html
2. La Sapienza d'Eugène Green


http://ilaose.blogspot.fr/2015/12/slow-west.html
3. Slow West de John Maclean


 4. L'ombre des femmes de Philippe Garrel


5. Notre petite sœur de Hirokazu Kore-Eda


6. Mad Max : Fury Road de George Miller



7. Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore



 8. Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin


 9. Jauja de Lisandro Alonso


10. Félix et Meira de Maxime Giroux


On accuse un léger retard sur 2015, mais le taff est là. On a même un top 10 assez original, avec pour la première fois un film venu du Québec : Félix et Meira, dans lequel au moins l'un des deux auteurs de ce blog s'est reconnu (l'autre ne s'appelant pas Meira  - nota bene : juste tapez Hadas Yaron dans Google). Petite mais sympathique année de cinéma. Peut-être découvrirons-nous la grosse pépite de 2015 en 2025. Hâte d'y être. En attendant nous avons choisi de mettre en exergue des films qui parfois surprendront (suivez notre regard vers La Sapience, qui rend presque tout le monde complètement jobard, ou vers Slow West, western certes petit par la taille mais grand par le charme). Dans ce top, plusieurs films qui divisent notre comité de rédaction, du fait qu'un membre les a vus et pas l'autre, ou vice versa. Vous aurez peut-être vu le numéro 6 de ce classement, qui a fait causer de lui à sa sortie, et que nous reconnaissons comme un film d'action efficace, revu avec plaisir (quand bien même George Miller n'avait rien à foutre sur le siège de président du festival de Cannes 2016 ; d'ailleurs, en passant, un mot sur Cannes 2016 : quand on regarde le top des Cahiers du Cinéma, on croise 8 films sélectionnés en compétition officielle sur le tapis rouge, sauf le grand gagnant, aka le Ken Loach, ce qui en dit long sur le palmarès merdique de sir Miller). D'autres films nous ont plu, mais il leur manquait un petit quelque chose pour figurer dans ce classement, comme Contes italiens ou Caprice. Nous sommes aussi passés à côté de quelques titres importants, du fait de leur format quelque peu contraignant, notamment le Kiyoshi Kurosawa, le Apichatpong Weerasethakul ou la trilogie de Miguel Gomes. Dieu nous pardonne. Mais faisons amende honorable. D'ailleurs, si on va par là, il y a tout un pan du cinéma mondial que nous autres occidentaux laissons systématiquement dans l'ombre, il s'agit du cinéma indien, de Bollywood, qui truste le Top 100 des meilleurs films mondiaux sortis depuis 2014 sur Imdb, avec des titres comme Yapisik Kardesler, Jaatishwar, Aagadu, Duu duu, Pouslanana emulcafé, Yusuf Yusuf ou encore Vikramadithyan. Logiquement, si on les avait vus, ces sept merveilles du 7ème art seraient indiscutables dans les premières lignes de notre classement, qui par conséquent n'a aucun sens ni aucune valeur.

6 décembre 2015

Slow West

S'il ne dure que 80 minutes, Slow West, premier long métrage de John Maclean, porte toutefois bien son titre car c'est sur un rythme particulièrement tranquille que nous traversons les paysages magnifiques de la Nouvelle-Zélande, faisant office de Far West, aux côtés des deux protagonistes qu'il met en scène. Le premier, Jay (Kodi Smit-McPhee), est un jeune homme venu d’Écosse, parti en Amérique pour retrouver son grand amour. Le second, Silas (Michael Fassbender), est un vieux loup solitaire imperturbable, qui prend le garçon sous son aile et dont on découvre progressivement les réelles motivations. Le scénario, également signé Maclean, est d'une simplicité absolue et c'est ici une qualité. De courts flashbacks nous révèlent progressivement les liens qui unissaient notre jeune et frêle héros à sa dulcinée, et la raison du départ précipité de celle-ci, accompagnée de son père, vers l'Amérique. Des chasseurs de primes, menés par une tronche désormais familière, Ben Mendelsohn (croisé dans Animal Kingdom, Lost River, Prédictions...), viendront traquer, à distance, notre duo.




On craint un peu, durant les premières minutes du film, d'avoir affaire à la première œuvre d'un débutant appliqué, soigneux, prenant vraisemblablement beaucoup de plaisir à réaliser son petit western, quitte à oublier le notre et à se regarder faire. Mais progressivement, cette assez désagréable impression se dissipe quasi totalement et nous finissons par cerner les humbles et nobles ambitions de John Maclean. Salué au festival de Sundance, l'apprenti réalisateur réussit haut la main sa curieuse reconversion après avoir commencé sa carrière dans la musique, comme membre fondateur du groupe écossais The Beta Band.




La Nouvelle-Zélande, au potentiel cinégénique bien connu, est très joliment filmée et passe sans problème pour cet Ouest américain dont le cinéaste a pris plaisir à s'accaparer tous les codes. Nos deux hommes parcourent des décors sublimes et semblent toujours passer un peu après qu'un drame historique s'y soit déroulée. Les indiens sont déjà des fantômes que l'on a pratiquement tous chassés, des ombres que l'on devine à peine, des silhouettes courant à travers des forêts riches en légendes. Au début du film, notre jeune héros, d'abord perdu dans une épaisse fumée blanche et peu à peu recouvert d'une poudre grisâtre à l'origine inconnue, finit par sillonner les restes d'un camp indien réduit en cendres, lors d'une scène captivante, à l'ambiance funèbre et flottante très réussie.




Très vite, le jeune Jay devra se familiariser avec les dures lois de l'Ouest que son protecteur Silas connaît par cœur. Michael Fassbender apporte tout son charisme et sa présence physique à ce personnage de chasseur de primes endurci dont le passé et l'histoire personnelle n'ont guère besoin d'être vraiment étoffés pour exister à l'écran. Après ça, on aimerait drôlement revoir Michael Fassbender dans un western ! Rien à reprocher non plus à la prestation de l'australien Kodi Smit-McPhee, dont les traits et le regard lunaire siéent parfaitement à ce personnage romantique, seulement guidé par l'espoir de retrouver l'être aimé.




Les rencontres sont rares mais toujours marquantes. Jay croisera la route d'un personnage étonnant, un allemand plongé dans la rédaction d'une étude sur la disparition de la culture indienne, partageant son accent, son prénom et son attitude de documentariste passionné et humaniste avec le grand cinéaste teuton, Werner Herzog. Avec ce très joli clin d’œil, John Maclean ne pouvait que m'apparaître encore plus sympathique ! Les échanges de coups de feu sont toujours très brefs, souvent fatals ; John Maclean ne fait preuve d'aucune fascination pour la violence, bien au contraire. Le froid inventaire final des cadavres tombés durant le film laisse même une drôle d'impression quant à la futilité de toutes ces morts. Le dernier quart d'heure nous réserve une longue fusillade dont la conclusion, particulièrement cruelle, ne rend que plus remarquable ce personnage de jeune garçon obnubilé par sa quête amoureuse et installe définitivement Slow West parmi les belles petites découvertes cinématographiques de l'année.


Slow West de John Maclean avec Kodi Smit-McPhee, Michael Fassbender, Ben Mendelsohn et Caren Pistorius (2015)