S'il ne dure que 80 minutes, Slow West, premier long métrage de John Maclean, porte toutefois bien son titre car c'est sur un rythme particulièrement tranquille que nous traversons les paysages magnifiques de la Nouvelle-Zélande, faisant office de Far West, aux côtés des deux protagonistes qu'il met en scène. Le premier, Jay (Kodi Smit-McPhee), est un jeune homme venu d’Écosse, parti en Amérique pour retrouver son grand amour. Le second, Silas (Michael Fassbender), est un vieux loup solitaire imperturbable, qui prend le garçon sous son aile et dont on découvre progressivement les réelles motivations. Le scénario, également signé Maclean, est d'une simplicité absolue et c'est ici une qualité. De courts flashbacks nous révèlent progressivement les liens qui unissaient notre jeune et frêle héros à sa dulcinée, et la raison du départ précipité de celle-ci, accompagnée de son père, vers l'Amérique. Des chasseurs de primes, menés par une tronche désormais familière, Ben Mendelsohn (croisé dans Animal Kingdom, Lost River, Prédictions...), viendront traquer, à distance, notre duo.
On craint un peu, durant les premières minutes du film, d'avoir affaire à la première œuvre d'un débutant appliqué, soigneux, prenant vraisemblablement beaucoup de plaisir à réaliser son petit western, quitte à oublier le notre et à se regarder faire. Mais progressivement, cette assez désagréable impression se dissipe quasi totalement et nous finissons par cerner les humbles et nobles ambitions de John Maclean. Salué au festival de Sundance, l'apprenti réalisateur réussit haut la main sa curieuse reconversion après avoir commencé sa carrière dans la musique, comme membre fondateur du groupe écossais The Beta Band.
La Nouvelle-Zélande, au potentiel cinégénique bien connu, est très joliment filmée et passe sans problème pour cet Ouest américain dont le cinéaste a pris plaisir à s'accaparer tous les codes. Nos deux hommes parcourent des décors sublimes et semblent toujours passer un peu après qu'un drame historique s'y soit déroulée. Les indiens sont déjà des fantômes que l'on a pratiquement tous chassés, des ombres que l'on devine à peine, des silhouettes courant à travers des forêts riches en légendes. Au début du film, notre jeune héros, d'abord perdu dans une épaisse fumée blanche et peu à peu recouvert d'une poudre grisâtre à l'origine inconnue, finit par sillonner les restes d'un camp indien réduit en cendres, lors d'une scène captivante, à l'ambiance funèbre et flottante très réussie.
Très vite, le jeune Jay devra se familiariser avec les dures lois de l'Ouest que son protecteur Silas connaît par cœur. Michael Fassbender apporte tout son charisme et sa présence physique à ce personnage de chasseur de primes endurci dont le passé et l'histoire personnelle n'ont guère besoin d'être vraiment étoffés pour exister à l'écran. Après ça, on aimerait drôlement revoir Michael Fassbender dans un western ! Rien à reprocher non plus à la prestation de l'australien Kodi Smit-McPhee, dont les traits et le regard lunaire siéent parfaitement à ce personnage romantique, seulement guidé par l'espoir de retrouver l'être aimé.
Les rencontres sont rares mais toujours marquantes. Jay croisera la route d'un personnage étonnant, un allemand plongé dans la rédaction d'une étude sur la disparition de la culture indienne, partageant son accent, son prénom et son attitude de documentariste passionné et humaniste avec le grand cinéaste teuton, Werner Herzog. Avec ce très joli clin d’œil, John Maclean ne pouvait que m'apparaître encore plus sympathique ! Les échanges de coups de feu sont toujours très brefs, souvent fatals ; John Maclean ne fait preuve d'aucune fascination pour la violence, bien au contraire. Le froid inventaire final des cadavres tombés durant le film laisse même une drôle d'impression quant à la futilité de toutes ces morts. Le dernier quart d'heure nous réserve une longue fusillade dont la conclusion, particulièrement cruelle, ne rend que plus remarquable ce personnage de jeune garçon obnubilé par sa quête amoureuse et installe définitivement Slow West parmi les belles petites découvertes cinématographiques de l'année.
On craint un peu, durant les premières minutes du film, d'avoir affaire à la première œuvre d'un débutant appliqué, soigneux, prenant vraisemblablement beaucoup de plaisir à réaliser son petit western, quitte à oublier le notre et à se regarder faire. Mais progressivement, cette assez désagréable impression se dissipe quasi totalement et nous finissons par cerner les humbles et nobles ambitions de John Maclean. Salué au festival de Sundance, l'apprenti réalisateur réussit haut la main sa curieuse reconversion après avoir commencé sa carrière dans la musique, comme membre fondateur du groupe écossais The Beta Band.
La Nouvelle-Zélande, au potentiel cinégénique bien connu, est très joliment filmée et passe sans problème pour cet Ouest américain dont le cinéaste a pris plaisir à s'accaparer tous les codes. Nos deux hommes parcourent des décors sublimes et semblent toujours passer un peu après qu'un drame historique s'y soit déroulée. Les indiens sont déjà des fantômes que l'on a pratiquement tous chassés, des ombres que l'on devine à peine, des silhouettes courant à travers des forêts riches en légendes. Au début du film, notre jeune héros, d'abord perdu dans une épaisse fumée blanche et peu à peu recouvert d'une poudre grisâtre à l'origine inconnue, finit par sillonner les restes d'un camp indien réduit en cendres, lors d'une scène captivante, à l'ambiance funèbre et flottante très réussie.
Très vite, le jeune Jay devra se familiariser avec les dures lois de l'Ouest que son protecteur Silas connaît par cœur. Michael Fassbender apporte tout son charisme et sa présence physique à ce personnage de chasseur de primes endurci dont le passé et l'histoire personnelle n'ont guère besoin d'être vraiment étoffés pour exister à l'écran. Après ça, on aimerait drôlement revoir Michael Fassbender dans un western ! Rien à reprocher non plus à la prestation de l'australien Kodi Smit-McPhee, dont les traits et le regard lunaire siéent parfaitement à ce personnage romantique, seulement guidé par l'espoir de retrouver l'être aimé.
Les rencontres sont rares mais toujours marquantes. Jay croisera la route d'un personnage étonnant, un allemand plongé dans la rédaction d'une étude sur la disparition de la culture indienne, partageant son accent, son prénom et son attitude de documentariste passionné et humaniste avec le grand cinéaste teuton, Werner Herzog. Avec ce très joli clin d’œil, John Maclean ne pouvait que m'apparaître encore plus sympathique ! Les échanges de coups de feu sont toujours très brefs, souvent fatals ; John Maclean ne fait preuve d'aucune fascination pour la violence, bien au contraire. Le froid inventaire final des cadavres tombés durant le film laisse même une drôle d'impression quant à la futilité de toutes ces morts. Le dernier quart d'heure nous réserve une longue fusillade dont la conclusion, particulièrement cruelle, ne rend que plus remarquable ce personnage de jeune garçon obnubilé par sa quête amoureuse et installe définitivement Slow West parmi les belles petites découvertes cinématographiques de l'année.
Slow West de John Maclean avec Kodi Smit-McPhee, Michael Fassbender, Ben Mendelsohn et Caren Pistorius (2015)
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