13 février 2018

The Ritual

The Ritual est le premier long métrage du cinéaste britannique David Bruckner qui avait jusqu'alors signé quelques courts ainsi que certains segments de films à sketchs tels que V/H/S et The Signal. Distribué par Netflix et accompagné d'échos plutôt positifs, cette adaptation d'un livre d'Adam Nevill pouvait constituer une sorte de salut nécessaire pour la plateforme de streaming juste après la débâcle The Cloverfield Paradox. Force est de constater que The Ritual s'impose en effet d'emblée comme un film d'horreur sérieux, qui respecte son audience et propose un spectacle assez haletant, nous rappelant au bon souvenir de la vague horrifique britannique des années 2000. On y suit une bande de gars partis pour quelques jours de randonnée dans les forêts suédoises, afin d'honorer la mémoire d'un ami, tué arbitrairement lors du braquage d'une supérette (la première scène, efficace). Parmi eux, Luke est encore hanté par la mort de son pote, à laquelle il a assisté, caché, sans oser intervenir, par peur d'y laisser aussi la vie. Ce contexte est propice aux tensions, d'abord sous-jacentes, entre les membres du groupe et, quand celles-ci éclateront, elles s'ajouteront à une menace extérieure, invisible et inexplicable, qui semble hanter la forêt...





David Bruckner arrive plutôt facilement à installer une ambiance intrigante. Il plante le décor rapidement et nous propose de suivre des personnages qui, sans être très épais, évitent les stéréotypes. Il est aidé en cela par des acteurs solides et crédibles, et je pense ici tout particulièrement à Rafe Spall, dans le rôle de Luke, dont on sent qu'il est encore écrasé par son sentiment de culpabilité et que celui-ci parasite tous ses rapports avec les autres. Hélas, s'il s'agit d'une bobine horrifique appliquée et plutôt recommandable, The Ritual pêche cruellement par manque d'originalité. Le schéma que son scénario respecte, avec le trauma inaugural du personnage principal puis sa délivrance dans l'épreuve qu'il traverse, est très rebattu. On pense aussi à bien des films, notamment The Blair Witch Project ou The Descent, sans que l'œuvre du jeune David Bruckner ne parvienne à réellement s'affirmer au milieu de ces si nombreuses références. Bien qu'un peu trop attendu dans son déroulement et n'évitant pas certains poncifs du "film-où-un-groupe-se-paume-dans-les-bois", The Ritual parvient malgré tout à entretenir notre curiosité jusqu'au bout.





On se demande en effet pendant longtemps quelle orientation va choisir le scénario, s'il va opter pour le surnaturel, quitte à prendre un risque, ou une explication plus psychologique, alternative facile et redoutée. Attention au spoiler : c'est finalement vers l'horreur sectaire et purement fantastique que s'engage David Bruckner, pour notre plus grand plaisir et avec un certain succès. Quand se montre enfin la fameuse créature régnant dans la forêt suédoise, nous sommes agréablement surpris par son apparence, très soignée et loin des clichés ; il s'agit d'ailleurs davantage d'une divinité que d'un simple monstre. S'il n'est malheureusement pas l'excellent film d'horreur espéré, The Ritual confirme toutefois que Netflix peut gagner en crédibilité et jouer un rôle intéressant pour améliorer la visibilité d’œuvres et de cinéastes qui méritent effectivement de toucher une plus large audience. 


The Ritual de David Bruckner avec Rafe Spall, Arsher Ali, Sam Troughton et Robert James-Collier (2018)

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