15 juin 2017

The Outfit (Échec à l'organisation)

Film de 1973, The Outfit (Échec à l'organisation en VF) est un film de gangsters méconnu, dû à John Flynn, cinéaste lui-même oublié, qui fut l'assistant entre autres de Robert Wise avant de passer à la réalisation pour une dizaine de films. L'histoire de The Outfit, son troisième long métrage, est celle de Macklin (Robert Duvall, en pleine forme), un type qui sort de taule, retrouve Bett (Karen Black), une ex-compagne, et apprend que son frère Eddie vient de se faire éteindre par "l'organisation", sorte de syndicat du crime de Chicago mené d'une main de fer par un dénommé Mailer (Robert Ryan). Pourquoi ? On l'apprend bientôt : Macklin et son frère ont braqué une banque quelques années plus tôt, qui appartenait à l'organisation, et celui qui touche à l'organisation doit mourir. Sauf que Macklin est un dur à cuire, et qu'aidé par son ancien acolyte (le troisième larron du braquage qui mit le feu aux poudres), Cody (John Doe Baker), il est bien décidé à retourner le principe de l'organisation contre elle, et à lui faire payer tout ce qu'elle peut.




Le film manque peut-être d'un petit quelque chose, qui le rendrait plus original disons, mais il fonctionne tout de même très bien. Son héros, risque-tout habile et obstiné, fidèle en haine comme en amitié, contribue grandement à nous embarquer dans la suite de braquages et de fusillades qui le conduisent petit à petit jusque dans la riche et imprenable demeure du grand manitou ennemi. The Outfit est également intéressant dans sa façon de synthétiser le passage d'une époque à l'autre, mettant face à face les fiers reliquats du cinéma hollywoodien de l'âge d'or d'une part, incarné par l'immense Robert Ryan, en parrain vieillissant de la pègre, mais aussi Timothy Carey, qui joue son bras droit et que l'on vit chez Wellman, Hathaway, De Toth ou Daves, sans oublier un clin d'oeil de ce bon vieil Elisha Cook Jr, ici barman ; et les frais visages du Nouvel Hollywood, d'autre part, Duvall en tête, Karen Black à ses côtés, qui débuta chez Coppola et Dennis Hopper, ainsi que John Doe Baker, qui commença en 67 dans Luke la main froide et a tourné récemment, en 2012, dans le Mud de Jeff Nichols. 




D'ailleurs, toute l'intrigue découlant de ce fameux braquage survenu quelques années plus tôt, dont nous ne verrons aucune image, c'est comme si le film prenait littéralement appui sur un autre, virtuel, un film noir de la grande époque du genre, réalisé en un temps où Robert Ryan était au faîte de sa gloire. Et c'est un beau tour de force de The Outfit que de nous offrir de fabriquer les images de ce deuxième film antérieur et inexistant qu'il porte en lui-même. La confrontation entre deux moments de l'histoire du cinéma américain devient ainsi cohabitation, et va jusqu'à la réconciliation dans l'ultime scène, voire l'ultime plan du film en forme de résolution ouverte, où, étrangement, une concession ironique aux codes d'un certain cinéma classique se conjugue à une tonalité bien estampillée 70s évoquant les conclusions de quelques beaux titres de l'époque (Midnight Cowboy par exemple ou encore Scarecrow et Thunderbolt and Lightfoot, sortis la même année que The Outfit), et consistant en un baisser de rideau amical entre le rire et la mort.


The Outfit (Échec à l'organisation) de John Flynn avec Robert Duvall, Karen Black, John Doe Baker, Robert Ryan et Timothy Carey (1973)

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