
On pourrait penser que ce film m'aurait attiré grâce à l'empreinte au casting de Dustin Hoffman, le fameux comédien de Danse avec les loups, Dogday Afternoon, Sam je suis Sam, Jerry McGuire, EdTV, ou encore Kung-Fiat Panda dans le rôle de la voix inoubliable de Shifu. Mais pas du tout. Ce qui m'a attiré dans ce merdier, c'est Emma Thomson, que j'aime associer dans mon panthéon personnel à Helen Mirren, ces actrices du siècle des Lumières qui brillent à chaque instant. Aussi, sur l'affiche, Dustin Hoffman ne m'a pas longtemps accaparé, complètement eclipsé par Jenna Elfman au faîte de son âge et de sa beauté. Cependant, une fois retirés les effets de flou photoshopés d'une affiche abracadabrante, désormais placardée dans mon salon, ma déception fut grande face au film, où la performance outstanding de Jenna Jameson ne suffit à percer les ténèbres.
En tout cas "Last Chance for Hervé" m'a refait penser à une triste anecdote de mon enfance. Une cicatrice que je porte encore en moi. Je devais avoir autour de neuf ans, et mon frère aîné, qu'on appelle "Freak Mind", alors âgé de 13 ou 14 ans, et déjà grand consommateur de pornographie devant l'éternel, unique abonné Canal+ avec une formule restreinte "Premiers Samedis du Mois", pour éviter que je le dénonce aux flics et que je dévoile son petit manège de commerce triangulaire de VHS embaumées, devait faire de moi son complice pornophage. J'ai donc fêté mon passage en CM2 devant un porno crado, et quand je dis le plus crado des pornos il faudrait que vous puissiez me regarder dans le fond des yeux pour piger le sens réel du mot "crado". Il s'agissait d'un film au script assez maigre : une palanquée de scènes "homme/mec" autour de diverses piscines couvertes. Mon frère a profité d'une absence de mon père fouettard en vadrouille derrière la gare, occupé à pousser des wagons (c'est en tout cas ce qu'il nous annonçait à chaque fois qu'il quittait la maison, accompagné d'un rot terrible).
Malgré tout, cet épisode glacial de mon enfance reste, en tant que tel, un souvenir unique, et en cela, précieux. Une seule conclusion est sûre : c'est ballot de voir un porno trop tôt.
Last Chance for Love de Joel Hopkins, avec Dustin Hoffman et Emma Thomson (2009)