Affichage des articles dont le libellé est Victor Salva. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Victor Salva. Afficher tous les articles

7 septembre 2017

Jeepers Creepers 2

Jeepers Creepers 2 est l'exemple typique d'une suite qui pue du bec. On pourrait croire qu'un tâcheron s'est chargé de l'affaire, mais c'est bel et bien Victor Salva himself qui a remis le couvert. Quelle déception ! Si les moyens et le budget semblent supérieurs, cette suite se révèle d'une tristesse inouïe et incomparable à l'original. On peut tout de même saluer Victor Salva, sans doute conscient que l’effet de surprise n’agirait plus, pour ne pas avoir essayé de refaire exactement la même chose. Ainsi, le creeper apparaît à l’écran dès la première scène du film, de loin la meilleure. Une scène d’introduction bien emballée où le creeper se déguise en épouvantail pour surprendre un enfant dans un champ de maïs et s’envoler avec lui. Tout cela devant les yeux du papa (Ray Wise, à cran), impuissant, qui aura par la suite très envie de se venger. On nous apprend ensuite, par quelques lignes, que le creeper est alors en activité depuis 22 jours (si vous avez bien suivi le premier épisode, vous savez que le monstre ne bosse que 23 jours tous les 23 ans... peinard). Pour fêter la quille, il décide donc de s’offrir un bus rempli de jeunes basketteurs comme casse-croûte.




Si mes souvenirs sont bons, cette suite pénible s'inscrit dans la continuité du premier épisode, l'action se déroule seulement quelques jours plus tard. Apparemment, Victor Salva a dû commettre un petit oubli car, étant donné l'état de la végétation, on n'a pas du tout l’air d’être au printemps. Bref. Le film est extrêmement prévisible, les personnages sont tous très énervants et l'ensemble est donc très ennuyeux. Dans la troupe de jeunes connards pris d'assaut par le creeper, on retrouvera encore une imbuvable medium : une jeune fille qui aura régulièrement des visions de la bête. Bien pratique, parce que cela lui permettra de tout raconter aux spectateurs qui, manque de bol, ont loupé le premier film, et surtout, aux autres ados qui, évidemment, la croiront sur parole. Dans le bus, l'atmosphère va vite se vicier : les ados débiles finiront par s’opposer et s’engueuler sans arrêt. Tout cela aboutit à quelques moments purement insupportables.




Le padre revanchard du gamin tué en guise d'amuse-gueule viendra finalement en aide aux joueurs de baskets et finira bien sûr par prendre le dessus sur cette enflure de creeper, je ne me souviens plus trop comment. Ce dont je me souviens très bien, en revanche, c'est de cette scène finale d'un ridicule à toute épreuve, où l'on découvre que le papa, devenu vieux, attend le réveil de la bestiole, qu'il a gardée bien au chaud chez lui, clouée au mur, les ailes dépliées, en train d'hiberner. Une bande d’ados vient alors rendre visite au vieillard qui, malin, a transformé sa baraque en un musée dédié au creeper à l'entrée payante. Les ados demandent alors au père "Depuis quand il est là, tout cloué ?", et celui-ci leur répond tranquillement, en zieutant sa montre gousset, "Oh, ça fait bientôt 23 piges..." ; un autre ado au physique disgracieux s’interroge "Vous avez l'air de le chécker de près, comme si vous le surveilliez ?", et au vieux de dire, avec un air de défi risible "Je me prépare à l’affronter, dans 3-4 jours, je vais lui foutre une rouste terrible dès qu'il ouvrira l’œil". Bref, une suite à oublier, mais dont on retient tout de même quelques bonnes répliques (dans le doublage québécois) et un moment assez crado : celui où le creeper, quasiment décapité par son ennemi, remplace sa tronche par celle d'un ado fraîchement digéré : la tête atroce du gosse remonte de l'estomac de la bête pour lui former une nouvelle ganache. Ça, c'est une chic idée !




Aujourd'hui, nous n'attendons plus grand chose d'un troisième opus, mais nous y jetterons à coup sûr un œil curieux avec l'espoir, tout de même bien présent, que Victor Salva parvienne à renouer avec la qualité d'un premier film qui, mine de rien, a su marquer une certaine génération de spectateurs, oubliant rarement de le citer quand il s'agit d'énoncer leurs films d'horreur préférés.


Jeepers Creepers 2 de Victor Salva avec Ray Wise, Jonathan Breck, Garikayi Mutambirwa et Eric Nenninger (2003)

4 septembre 2017

Jeepers Creepers

Produit par Francis Ford Coppola, écrit et réalisé par Victor Salva, Jeepers Creepers premier du nom a connu un succès surprenant lors de sa sortie en salles, il y a 16 ans, rapportant plus de 60 millions de dollars alors qu’il n’en avait coûté même pas le quart. En plus de cet argument commercial, le film se terminait par une fin très ouverte, il était donc inévitable qu’une suite soit rapidement mise en route. Deux ans plus tard, en 2003, Jeepers Creepers 2 a également connu un certain succès en se remboursant sans difficulté. Les rumeurs les plus folles ont depuis circulé autour d'un troisième épisode, les plus alléchantes l'annonçant comme un western apocalyptique futuriste mettant en scène une horde de creepers. Ce n'est finalement qu'en 2017 que Victor Salva a donné une suite aux aventures de son monstre, pour un épisode dont l'action se déroulera en réalité entre les deux premiers films. Le cinéaste parviendra-t-il à trouver un nouveau souffle après un deuxième volet pas vraiment glorieux ? Nous en aurons donc bientôt la réponse, mais en attendant, revenons plutôt aux origines...




Jeepers Creepers était effectivement une assez bonne surprise pour l'amateur de cinéma d'horreur, un film qui apparaissait comme très rafraîchissant à une époque où sortaient principalement des slashers post-Scream tous aussi minables les uns que les autres. La bobine horrifique de Victor Salva a l'inestimable mérite de commencer sur les chapeaux de roue. Deux jeunes, frère et sœur, traversent en bagnole un coin paumé du sud des États-Unis en direction de leur foyer parental quand un camion à l’aspect peu rassurant se met à leur poursuite. Après les avoir gentiment bousculés à coup de pare-chocs, l'étrange chauffeur continue sa route. Mais, quelques kilomètres plus loin, les deux jeunes retrouvent le véhicule garé près d’une église abandonnée, son mystérieux conducteur, simple silhouette menaçante, en déchargeant le sordide contenu...




Comme vous pouvez le constater, Jeepers Creepers s'appuie sur un pitch très basique mais efficace. La poursuite camion-voiture introductive fait immanquablement penser au génial Duel de Steven Spielberg, on peut même parler d'un hommage bref mais appuyé. Cette entame installe parfaitement l’ambiance, le film démarre fort, sur un rythme et une intensité qui nous accrochent immédiatement. Victor Salva s'y avère assez inspiré. Certains plans sont très réussis, celui où l’on voit pour la première fois la silhouette inquiétante du Creeper (le monstre, donc), près de l’église, est même assez marquant. Les acteurs ne sont pas vraiment irritants comme peuvent souvent l'être les jeunes zonards qui se retrouvent dans ce genre de rôles. Justin Long, dont la grande tronche a depuis fini par lasser (il était particulièrement pénible dans Die Hard 4 et Drag me to hell), est tout à fait supportable. Face à cette première demi-heure, nous comprenons tout à fait l’excellente réputation du film et nous nous imaginons tenir une petite perle.




Hélas, le film ne poursuit pas tout à fait sur le même ton et on peut véritablement le découper en deux parties, la première s’arrête aux alentours de l’heure de film lorsque l’identité réelle du méchant nous est pleinement dévoilée. Le reste est bien plus banal mais réserve toutefois quelques bons moments. Ainsi, on découvrira que l’apparence du monstre est particulièrement soignée : le "creeper" se distingue aisément des autres bestioles du cinéma fantastique, il a même une certaine classe grâce à ses deux ailes de chauves souris et son chapeau de cow-boy. Mais Victor Salva aurait mieux fait de nimber sa créature d'un voile plus épais de mystère. Un personnage exaspérant, celui d'une voyante ancestrale, finit par faire son apparition pour nous donner plus de détails sur la créature. On apprend alors que le creeper est une très ancienne saloperie qui, tous les 23 ans (pourquoi pas 25 ? allez lui demander) doit refaire surface au printemps et pendant 23 jours pour perpétuer des crimes affreux afin de se régénérer.




Bien que présent dans les entrailles de la Terre depuis la nuit des temps, le creeper a pour chanson préférée "Jeepers Creepers" de Johnny Mercer, sortie en 1938. On en déduit donc que, cette année-là, le monstre a dû sortir spécialement de sa planque pour aller se procurer ce vinyle et un tourne-disque. Cette chanson agréable ne sert en réalité qu'à donner parfois une petite touche ironique au film puisque son air entraînant et joyeux contraste toujours avec le contexte dans lequel il se fait entendre. Une scène coupée, issue de mon imagination, nous montre également le creeper s'envoyer le morceau et tortiller du cul dans sa cave... Bien que tout cet attirail légendaire soit somme toute très accessoire, le creeper est un monstre tout de même assez réussi de par sa dimension sexuelle assez malsaine. Ce n'est certes pas la première fois que l'on insiste autant là-dessus dans un film d'horreur de ce genre, mais je précise ici que le creeper, finalement peu intéressé par les nénettes, s'en prend exclusivement à des jeunes garçons, dont il hume les vêtements avec frénésie pour mieux retrouver leur trace...




On pardonne aisément les explications balourdes sur l'origine de la bête, et on salue plutôt la volonté de Victor Salva d'inventer un nouveau croque-mitaine. On lui en veut davantage d'avoir salopé la fin de son film. Dans son final laborieux, celui-ci perd en crédibilité et se transforme en un classique affrontement entre un monstre belliqueux et de jeunes gens pris pour cibles. Tout cela reste très regardable mais très pauvre en originalité et, plus grave encore, en frisson. Le film a cependant l’immense avantage de se conclure sur une bonne note. Le dernier plan, très gore et osé, vient rappeler au spectateur qu’il a tout de même passé un bon moment, malgré une deuxième partie qui ne peut que décevoir après l’excellent début. Si on fait le bilan, Jeepers Creepers demeure donc un film d’horreur honnête, que l'on redécouvre encore avec un certain plaisir.


Jeepers Creepers de Victor Salva avec Justin Long, Gina Philips et Jonathan Breck (2001)