26 novembre 2022

L'Amour c'est mieux que la vie

J'ai eu une p'tite gastro récemment. Ça arrive de temps en temps dans la vie d'un cinéphage, il faut s'y préparer. Un film a dû mal passer. Je soupçonne Claude Lelouch. L'Amour c'est mieux que la vie, plus précisément. J'en ai vu un extrait sur Canal, complètement par hasard, je l'ai pris en cours de route. J'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'un sketch tiré d'une nouvelle émission comique moisie à l'espérance de vie ultra limitée de la chaîne cryptée, avec tout un tas d'acteurs has been ou de guignols pur jus venus faire les marioles pour arrondir leurs difficiles fins de mois. Des amis de Bolloré qui s'amusent entre eux, quoi, un classique. Puis, en mettant le son, j'ai petit à petit compris que c'était un film à part entière. Un Lelouch, le dernier (#fingerscrossed). Le type innove encore. Du haut de ses 98 berges, il tourne, explore les limites, continue de tester les nôtres. C'est Kev Adams qui m'a achevé, j'en suis sûr. A un moment il sourit en gros plan et c'était trop pour moi. Mon corps a dit stop. C'est quand Gérard Darmon présente sa nouvelle conquête, Sandrine Bonnaire, de 30 ans sa cadette, à sa bande de potes, tous réunis dans un bistrot parisien leur servant de repère. Une belle scène de merde, y'a pas d'autres mots, tout en silences lourds de sens et en regards qui en disent longs. Insupportable et d'une laideur agressive. 




J'ai vu qu'un coffret intégrale Claude Lelouch - 60 ans de cinéma - venait de sortir pour Noël. 299,99€. Des documentaires, des scopitones, et surtout quarante-quatre longs métrages de fiction dont un seul que j'accepterai d'avoir dans ma collection perso : La Bonne Année, ce film si original dont Kubrick était fan et qui fait figure d'anomalie dans la filmographie infernale de Lelouch. Tout le reste, je le balance direct. Rien qu'à lire les titres, mon ventre s'affole, la nausée revient. Vivre pour vivre (un James Bond, je crois), Si c’était à refaire (bah je materai pas ton film), Viva la vie (mais pas le cinéma), Il y a des jours... et des lunes (la ponctuation de ces titres me rend malade), Tout ça… pour ça ! (en effet...), Hommes, femmes, mode d'emploi (celui-ci m'a toujours particulièrement flingué, allez savoir pourquoi), Une pour toutes (j'avoue tout de même me souvenir de l'affiche avec Olivia Bonamy), And Now... Ladies and Gentlemen (apprêtez-vous à voir une daube), Salaud, on t'aime (le salaud du titre est Johnny Hallyday, le reste est donc faux), Un plus une (je suis sûr qu'il est content de lui quand il trouve ses titres, en plus), Chacun sa vie (chacun son chemin, passe le message à ton voisin), et enfin, peut-être le pire, L'amour c'est mieux que la vie, qui nous renvoie à cette chanson minable que les acteurs sont invités à reprendre à tout de rôle lors d'une scène où le ridicule n'est plus tutoyé mais incarné sur pellicule comme il ne l'a jamais été. Connaît-on une filmographie pouvant rivaliser avec celle-ci en termes de titres à la con ? Je n'en vois aucune. Bravo Lelouch, ça te fait une belle médaille. Je ne me remets que tout doucement de la pire gastro de ma vie de cinéphage. 


L'Amour c'est mieux que la vie de Claude Lelouch avec Gérard Darmon, Kev Adams et Sandrine Bonnaire (2021)

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