A partir du milieu des années 2000, plusieurs films d'horreur venus d'outre-Manche déboulaient sur nos écrans accompagnés d'une réputation très flatteuse et nous faisaient croire en l'éclosion salvatrice de nouveaux cinéastes talentueux. Des films comme The Descent ont même réussi à plaire au-delà des seuls cercles d'amateurs bien renseignés de cinéma de genre. Hélas, force est de constater aujourd'hui que les espoirs placés en ces réalisateurs ne se sont pas confirmés et quelqu'un comme Neil Marshall, après deux tentatives décevantes réalisées dans la foulée de The Descent, cachetonne et enchaîne désormais les épisodes de séries télé (Black Sails, Game of Thrones et Constantine). N'empêche qu'il n'est jamais trop tard pour redécouvrir les œuvres moins connues de cette timide nouvelle vague du cinéma d'horreur britannique, et parmi elles, il y a un titre dont je garde un souvenir particulièrement positif : Isolation, de l'irlandais Billy O'Brien.
Isolation nous plonge immédiatement dans une ambiance lourde et poisseuse à souhait, Billy O'Brien choisissant de prendre pour décor une ferme sombre et perdue, giflée par une pluie incessante, sale, bruyante, envahie par la rouille, la crasse et le purin. A l'intérieur, un éleveur de bovins tente laborieusement d'éviter la faillite définitive de son exploitation. Pour cela, il permet à un laboratoire de mener des tests de fécondation sur son bétail, des expérimentations supposées accélérer la gestation des vaches et la croissance des futurs veaux. Lors d'un contrôle de routine, certaines anomalies troublantes sont détectées, et très vite, la ferme bascule en plein cauchemar. Le fermier, aidé par son ex-femme vétérinaire et par un couple de jeunes paumés vivant dans une caravane non loin, essaiera dès lors d'empêcher la propagation d'une abominable mutation, particulièrement gluante et carnivore...
Je vous l'annonce tout de suite : Isolation n'atteint pas des sommets d'originalité. Il s'agit typiquement d'un film d'horreur qui nous rappelle qu'avec un peu de talent, on peut faire des merveilles à partir d'un pitch pourtant très basique. Billy O'Brien, dont la page Wikipédia nous apprend qu'il a "commencé sa vie dans le monde agricole" (une expérience que l'on imagine traumatisante...), a l'intelligence de tout miser sur l'ambiance et, sur ce point-là, son film, au réalisme crasseux, est diablement réussi, un petit modèle du genre. Nous sommes tout de suite happés par l'atmosphère sordide et claustrophobique d'un film hautement anxiogène qui démarre très fort et s'appuie sur un suspense tout simple pour permettre une montée progressive dans la terreur.
Si l'ambiance est sans conteste l'atout numéro un, quelques scènes sortent du lot : on se souviendra longtemps, par exemple, de ce vêlement pénible, accompli dans la douleur, rythmé par les plaintes d'une pauvre vache dont on finit par extraire une aberration de la nature, un veau atroce, anormalement développé. Car il faut savoir que les monstres d'Isolation sont informes et dégueulasses, quasi lovecraftiens, sans doute conçus avec le souci d'imaginer ce qu'une nature insultée, corrompue et défaitiste pourrait réellement nous donner à voir. Ils apparaissent donc particulièrement bien pensés.
A l'image du Creep de Christopher Smith, autre film d'horreur britannique de cette même période où une jeune bourgeoise londonienne se retrouvait coincée dans les tréfonds du métro et redescendait d'un seul coup l'échelle sociale, Isolation n'oublie pas non plus ses origines et prend également les aspects non-négligeables d'un film social remonté à bloc. Ainsi, tous les personnages luttant pour survivre sont des marginaux, sans le sou, isolés, délaissés, abandonnés, qui tentaient déjà vainement de subsister dans un monde qui ne s'embarrassait pas d'eux, les laissant pourrir et mourir loin des villes. On imagine aisément que Billy O'Brien voulait peut-être en profiter pour faire passer un message alarmant sur la situation des agriculteurs irlandais dont il dresse un portrait assez terrible. L'épouvante se mêle donc au social, "Ken Loach rencontre John Carpenter" pourrait-on dire, dans un film qui ne se limite pas à rappeler, inévitablement, les références imposantes que sont Alien et The Thing, mais qui, sans révolutionner quoi que ce soit, s'impose comme une belle réussite.
Isolation nous plonge immédiatement dans une ambiance lourde et poisseuse à souhait, Billy O'Brien choisissant de prendre pour décor une ferme sombre et perdue, giflée par une pluie incessante, sale, bruyante, envahie par la rouille, la crasse et le purin. A l'intérieur, un éleveur de bovins tente laborieusement d'éviter la faillite définitive de son exploitation. Pour cela, il permet à un laboratoire de mener des tests de fécondation sur son bétail, des expérimentations supposées accélérer la gestation des vaches et la croissance des futurs veaux. Lors d'un contrôle de routine, certaines anomalies troublantes sont détectées, et très vite, la ferme bascule en plein cauchemar. Le fermier, aidé par son ex-femme vétérinaire et par un couple de jeunes paumés vivant dans une caravane non loin, essaiera dès lors d'empêcher la propagation d'une abominable mutation, particulièrement gluante et carnivore...
Je vous l'annonce tout de suite : Isolation n'atteint pas des sommets d'originalité. Il s'agit typiquement d'un film d'horreur qui nous rappelle qu'avec un peu de talent, on peut faire des merveilles à partir d'un pitch pourtant très basique. Billy O'Brien, dont la page Wikipédia nous apprend qu'il a "commencé sa vie dans le monde agricole" (une expérience que l'on imagine traumatisante...), a l'intelligence de tout miser sur l'ambiance et, sur ce point-là, son film, au réalisme crasseux, est diablement réussi, un petit modèle du genre. Nous sommes tout de suite happés par l'atmosphère sordide et claustrophobique d'un film hautement anxiogène qui démarre très fort et s'appuie sur un suspense tout simple pour permettre une montée progressive dans la terreur.
Si l'ambiance est sans conteste l'atout numéro un, quelques scènes sortent du lot : on se souviendra longtemps, par exemple, de ce vêlement pénible, accompli dans la douleur, rythmé par les plaintes d'une pauvre vache dont on finit par extraire une aberration de la nature, un veau atroce, anormalement développé. Car il faut savoir que les monstres d'Isolation sont informes et dégueulasses, quasi lovecraftiens, sans doute conçus avec le souci d'imaginer ce qu'une nature insultée, corrompue et défaitiste pourrait réellement nous donner à voir. Ils apparaissent donc particulièrement bien pensés.
A l'image du Creep de Christopher Smith, autre film d'horreur britannique de cette même période où une jeune bourgeoise londonienne se retrouvait coincée dans les tréfonds du métro et redescendait d'un seul coup l'échelle sociale, Isolation n'oublie pas non plus ses origines et prend également les aspects non-négligeables d'un film social remonté à bloc. Ainsi, tous les personnages luttant pour survivre sont des marginaux, sans le sou, isolés, délaissés, abandonnés, qui tentaient déjà vainement de subsister dans un monde qui ne s'embarrassait pas d'eux, les laissant pourrir et mourir loin des villes. On imagine aisément que Billy O'Brien voulait peut-être en profiter pour faire passer un message alarmant sur la situation des agriculteurs irlandais dont il dresse un portrait assez terrible. L'épouvante se mêle donc au social, "Ken Loach rencontre John Carpenter" pourrait-on dire, dans un film qui ne se limite pas à rappeler, inévitablement, les références imposantes que sont Alien et The Thing, mais qui, sans révolutionner quoi que ce soit, s'impose comme une belle réussite.
Isolation de Billy O'Brien avec John Lynch, Ruth Negga, Sean Harris et Essie Davis (2005)