Portes ouvertes à Joe G., ex-rédac chef du webzine musical C'est Entendu, qui a subi dans son intégralité et de son plein gré ce film et qui a éprouvé le besoin d'en parler, pour notre plus grand plaisir :
J'ai maté ça comme on mate passer un autobus qu'on ne prendra jamais. Tanqué comme jamais, aucune envie de voyager ni avant ni pendant ni après, j'ai regardé ce movie comme on mange un petit charolais de chez Macdalle : on n'en attend rien, on ne trouve pas ça très bon mais on ne s'en plaint pas. C'est l'histoire de deux gros gros tocards, et évidemment c'est un buddy movie en plus d'être un road movie de mes deux. Deux quoi ? Deux gros connards ensemble, et forcément ça devient des amis de toujours, l'ennemi de mon ennemi est mon ami, et l'ennemi ici, c'est le spectateur, alias "homme de bonne volonté", parce qu'aucune femme ne peut s'encaisser ce film, m'est avis, à moins d'avoir de sérieux problèmes psycho-lesbiens ou au contraire d'avoir envie de forniquer Robert Downey Jr. au point d'encaisser chaque merde dans laquelle il tourne, dans les deux cas, les meufs en question sont un peu just'. C'est l'histoire d'un architecte arrogant et limite nervous breakdown qui va pas tarder à être papa et qui, de retour de Kansas City, Texas, est en passe de prendre l'avion pour rentrer à L.A. et voir sa femme se faire césarienner. Un gros connard, ce mec. Évidemment il tombe dès l'aéroport sur un gros lard super con (Zach Galifiananiasalakis) qui vient de paumer son reup et qui part à Hollywood pour devenir acteur. Lui il est sujet à la narcolepsie, à la connerie, à des oublis et à son toutou chéri. Un gros connard, lui aussi.
Évidemment, il va arriver au premier un gros paquet d'emmerdes à cause du second, et ils vont devoir rouler jusqu'à L.A. pour arriver à temps et assister à l'accouchement. C'est en gros pas mal inspiré de Planes, Trains and Automobiles (Un ticket pour deux, ndlr) de John Hughes (avec Steve Martin et John Candy) qui était une chouette comédie sachant que les deux personnages étaient des mecs attendrissants, gaffeurs mais sympas. Ce faux remake est évidemment l'occasion de booster l'original façon Holly"mate-mes-rouston"Wood avec cascades en tous genres, coups de feu, drogues, etc. C'est très très con et là où la morale du film de Hughes était un truc du genre "il fait des conneries mais c'est parce qu'il va vraiment mal, accepte-le dans ta famille toi qui es heureux", là on voit surtout un gros relent de pitié dans le personnage de Downey JR lorsqu'il accepte de revoir Galifientes à la fin, sur le thème "il est laid, con et je le hais, mais il m'a sauvé in extremis de la situation pourrave dans laquelle il m'avait foutu, il a pas un mauvais fond même si c'est un gros enculé et que je vaux mille fois mieux que lui". Les scènes où Downey tabasse son "ami", le traite de connard ou crache à la gueule de son chien sont particulièrement éloquentes.
C'est, in fine, l'histoire de deux merdes humaines, l'une qui fait pitié, l'autre capable d'en éprouver un peu malgré son pédant complexe de supériorité, l'histoire de deux gros amerloques de mes deux. Mes deux quoi ? Mes deux centimes. J'ai maté le film sans broncher, ça se mate.
Date limite de Todd Phillips avec Robert Downey Jr. et Zach Galifianakis (2010)