Je crois n'avoir écrit qu'une seule fois sur un film de Robert Zemeckis. Pourtant Bob Zemecuisse a bercé mon enfance. Au point d'avoir choisi ma première adresse mail en hommage à ce bigleux de première: "Remeckis@tiscàvie.com". Je m'appelle Rémi, il s'appelle Zemeckis Bob, il m'a dorloté toute mon enfance avec
Retour vers le futur et
Roger Rabbit, ça m'avait suffit pour cramer ma crédibilité dans mon adresse web. Au fond Zemeckis a complètement suivi le parcours de Spielberg, son maître à penser et mécène. Il a commencé par faire de chouettes films, souvent pour gosses mais pas toujours, et depuis quelques années c'est devenu le pire des vieux tandis que sa filmographie s'englue d'œuvre en œuvre pour achever une carrière sous un monceau d'ordures. Et cette chute a commencé avec
Contact, il y a déjà 12 ans. La dégringolade de Zemeckis n'était encore que bénigne, mais elle s'est avérée de type exponentielle quand après avoir réalisé une poignée de films douteux, Bobby Zemekiss s'est amouraché des nouvelles images, dont il a fait son grand cheval de bataille avec
The Polar Express, où Tom Hanks incarnait le Père Noël, puis
Beowulf, et bientôt
Le drôle de Noël de Scrooge (pauvre Jim Carrey...) et
Roger Rabbit 2. Le réalisateur à triple foyers est complètement piqué et son idée fixe consiste à faire des films d'animation en numérisant de vraies images. La catastrophe est totale. L'échec cuisant. J'écris cette critique en m'épilant les sourcils alors je suis pas sûr d'avoir l'esprit très clair mais les faits sont là.
On sait tous que les gros pontes ventripotents de l'entertainment qui composèrent la "Nouvelle génération Hollywoodienne" (et je ne parle pas du so called Nouvel Hollywood), sont tombés en pâmoison, et à juste titre, devant
2001 L'Odyssée de l'espace. Ces types-là (Lucas, Spielberg, et leurs cousins) ont vu le chef-d'œuvre de Kubrick quand ils étaient jeunes et ont rêvé de refaire pareil. Ça a par exemple donné
Star Wars ou
Rencontre du 3ème type. Après le succès mondial du second film de Sergio Leone (
Et pour quelques dollars de plus), des dizaines d'italiens se sont mis à tourner ce qui allait être appelé des "westerns spaghettis" par les Américains. Bien sûr ces films étaient souvent minables (avec en tête le tristement culte
Django de Corbucci) et n'avaient strictement rien à voir avec les films sublimes de Leone, bien qu'ils tentassent de l'imiter. Leone devait en dire à la fin de sa carrière et rétrospectivement: "On m'avait désigné comme le père du genre ! Je n'avais eu que des enfants tarés. Aucun ne pouvait être légitime. De quoi être écœuré...". Autant dire que Kubrick aurait pu en dire autant de ses descendants s'il n'était pas mort d'une crise cardiaque pendant l'avant-première de
La Menace Fantôme de George Fuca en 1999. Parce qu'entre nous soit dit, entre quat'zieux, Star Wars c'est quand même queutchi. Et le reste vaut pas beaucoup mieux. Personnellement j'aime vraiment beaucoup
Rencontre du 3ème type de Spielberg, mais son gosse à lui, en somme la troisième génération, à savoir notre cher Zemeckis et son
Contact de mes deux, lui il donne vraiment de quoi se plaindre.
Parce que c'est bien de cela dont il s'agit :
Contact c'est le
2001 de Zemeckis. C'est à la fin du film que ça saute aux yeux. Avant ça Jodie Foster passe la totalité de sa vie avec un casque sur les oreilles à attendre que des aliens lui parlent. Beaucoup sont morts comme ça. Mais Jodie Foster ne se fait pas chier par hasard. Un flash-back psychologique nous l'annonce, où nous découvrons la mort traumatique du père de Jodie. Quand elle était gosse, un soir qu'elle venait de passer trois plombes à reluquer les étoiles, elle avait oublié d'apporter ses médocs à son vieux papa malade. En rentrant elle le retrouva mort sur le canapé devant
L'empire contre-attaque, entouré de grains de maïs éclatés, du pop corn, étalé sur le sol, rappelant le cosmos et ses milliards d'étoiles avec qui Jodie adulte voudra à tout prix entrer en contact. Ceci explique cela, comme on dit dans ces cas-là.
En somme ce film est une réflexion sur une fille qui ignore consciencieusement tout ce qui se passe autour d'elle (dont Matthew McConaughey, l'acteur brun aux cheveux blonds bouclés, qui fait des pieds et des mains pour se la tirer), préférant se focaliser sur des aliens qui n'existent pas, en souvenir de feu son vieux père. C'est aussi une réflexion sur la religion puisque Matthew McCoffey est un chrétien pure sauce. Pendant tout le film il n'arrête pas de demander à Jodie si elle croit en Dieu. Alors elle lui répète inlassablement que non, mais Matthew McConaugay a manifestement une mémoire vive de cinq minutes, frappé par Alzheimer à trente ans et toujours en service dans un poste à grandes responsabilités au sein de la Nasa. Et à chaque fois qu'elle lui répond "non", il lui dit et lui répète qu'elle a tort, et s'interroge quant à au scepticisme de sa camarade. Elle lui explique encore et encore qu'elle a besoin de preuves pour croire, qu'elle est une putain de Cartésienne née à Carthage et utilisatrice chevronnée de l'encyclopédie Encarta et qu'elle ne croit que ce qu'elle voit. Alors Matthew McCon lui rétorque : "Tu aimais ton père ? Prouve-le". Et ainsi, plusieurs fois dans le film, à chaque fois que son courtisan lui lance cet argument à la face, Jodie commence à lui répondre qu'elle ne doute pas de son amour pour Dieu mais de son existence, alors que son père a indéniablement existé. Mais elle s'interrompt elle-même, tantôt découragée par le regard végétatif de son interlocuteur, tantôt déçue de constater qu'il est parti pendant qu'elle lui causait droit dans les yeux.
Et puis à la fin du film, après 2 heures de conversations religieuses interrompues et autres écoutes au casque sans résultats probants, vient le contact tant attendu. Les petits hommes verts se mettent à causer à l'héroïne dans son disc-man. Comme leurs voix ressemblent aux bruits d'une machine à laver, Jodie Foster se demande d'abord si elle n'est pas en train de capter la femme de ménage de sa voisine. Mais non ce sont bel et bien des extra-terrestres à l'autre bout du fil. La grande question qui se pose alors c'est de savoir si les ETs sont croyants et si une agnostique peut aller à leur rencontre. A l'humanisme sidéral et au génie visionnaire de Kubrick se substituent un scénario complètement tordu, des considérations bigotes à trente balles et une combinaison spatiale façon Magicien D'Oz. De quoi faire rougir Stanley Kubrick au fond de son trou.
C'est là qu'arrive
2001. Jodie Foster s'embarque pour un voyage de quatre ans dans l'espace, totalement seule et sans le moindre strapon, à la rencontre des aliens. Elle va alors être ballotée dans tous les sens suite aux déflagrations d'un champ magnétique qui la propulse dans un vortex. On a droit à 2h33 de Jodie Foster remuée dans tous les sens dans une capsule spatiale qui ressemble largement au tambour d'une machine à laver. A cet instant l'héroïne se demande si elle ne s'est pas plantée sur toute la ligne et si ce qu'elle a pris pour des aliens n'était pas bel et bien son propre lave-linge dans lequel elle se serait retrouvée enfermée avec ses slips et ses chaussettes. Mais non, il s'agit d'un vortex spatio-temporel, et pendant deux heures et trente trois minutes Jodie Foster va s'y dédoubler en tournant en rond dans la position primaire du fœtus, éclairée par des néons rouges et bleus. De quoi me foutre la nausée pour un bail. C'est le
2001 de Zemeckis et c'est drôlement à chier.
Au finish de ce voyage intra-utérin en position du foetus, Jodie Foster débarque sur une plage ensoleillée où elle retrouve son père, interprété par un Tom Hanks efflanqué et barbu qui répétait déjà son rôle de Cast Away. La quête d'ouverture et de découverte du personnage n'est en fait qu'un retour sur soi, un retour au passé puisque tout ce qu'elle veut, et tout ce qu'elle trouve au final, c'est son père mort. Il s'avère qu'en réalité ce sont les extra-terrestres qui se sont servis de ses souvenirs pour communiquer avec elle, et leur morale en patafix c'est que la seule chose qui rende la vie supportable, c'est l'autre, autrui. Et aussitôt ils la renvoient chez elle. Après deux heures et trente trois minutes passées dans 10 000 vortex ils la débarquent dans son salon avec cette morale communiste sous le bras. Elle aurait pu prendre un ticket d'avion jusqu'à chez moi et je le lui aurais montré que c'est "l'autre" qui rend la vie supportable, et l'autre c'est moi comme disait Gad Elmaleh, moi et mon gros vié.
Quand elle revient, tout le monde lui tombe dessus à bras raccourcis. Eux n'ont rien vu, comment peut-elle prouver ce qu'elle raconte ? Selon eux elle n'a fait que voyager dans la capsule, ils n'ont rien vu de son voyage spirituel sur la plage de Tom Hanks. Eux, les autres, n'ont rien vu et lui dressent un procès au terme duquel ils foutent le feu à la jeune femme. Zemeckis fait de Jodie Foster une Jeanne D'Arc des temps modernes. La pucelle de la Nouvelle-Orléans. Sauf que la vraie Jeanne D'Arc, elle, était totalement pucelle, carrément vierge de tout rapport. Foster est seulement gouine. C'est là que Zemeckis a essayé de nous baiser.
En guise de conclusion à ce très long métrage, on voit Jodie Foster dans son fauteuil en osier qui lit "Huis-Clos" de Sartre, et sa fameuse phrase: "L'enfer c'est les autres". Et son cerveau saute, il explose en mille boulettes de sang. Chelou.
Moi je crois que ce film c'était juste un gros alibi pour Zemeckis histoire d'ajouter Jodie Foster à ses "contacts" Msn Live Messenger.
Contact de Robert Zemeckis avec Jodie Foster et Matthew McConaughey (1997)