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28 mai 2020

The Monster Squad

Surfant sur le succès des Goonies et des autres productions Amblin des années 80, Fred Dekker a réalisé, en 1987, The Monster Squad, dont il a également co-écrit le scénario en compagnie de Shane Black. Pas spécialement bien accueilli à sa sortie, le film a depuis acquis une place de choix dans le cœur de beaucoup de spectateurs américains nostalgiques de cette période. Il est vrai qu'à la revoyure, on comprend aisément qu'il y ait de quoi regretter le bon vieux temps, celui, qui paraît aujourd'hui perdu à jamais, où Hollywood était encore capable de produire ce genre de divertissement, rythmé, amusant et assez chiadé. Nous suivons ici une petite bande de collégiens, mordus de fantastique et d'horreur, qui vont être amenés à devoir affronter quelques-uns des monstres les plus mythiques du cinéma, réunis sous la houlette de Dracula. Rien de très original dans le fond, on est en plein dans un de ces films de bandes de gosses de ces années-là, avec vélos à guidons haut que l'on promène dans des rues pavillonnaires trop tranquilles, couples de parents en péril et grande sœur bien gaulée que l'on espionne aux jumelles, mais la forme est soignée et on se laisse embarquer avec plaisir.





Tous les personnages sont assez réussis, sympathiques, à l'exception notable du décevant Dracula (Duncan Regehr), qui aurait gagné à être incarné par un acteur plus charismatique, et peut-être du leader de la troupe, plus fade que ses copains. On reconnaît la patte d'un Shane Black inspiré, dans certains dialogues imagés et fleuris, placés dans la bouche de jeunes acteurs visiblement ravis de les prononcer. Il venait juste de signer les scénarios de L'Arme fatale et Predator. Quelques répliques sorties de nulle part font leur petit effet, quelques scènes sont assez drôles. Un moment fugace m'a particulièrement plu ; le chien de race beagle, toujours scotché à l'un des gamins du groupe, y joue un rôle clé. Réunie dans leur inévitable cabane perchée, la petite bande se motive à passer à l'action et prête serment, posant leurs mains les unes sur les autres, solennellement. En tout dernier, le chien y ajoute sa petite patte et on entend le rebelle de la bande, hors cadre, dire "How does that dog get up here, anyways ?!". C'est pas grand chose, me direz-vous, mais c'est bien amené, représentatif de l'ambiance légère et plaisante du film entier.





Le film déroule son programme à un rythme assez soutenu, nous surprenant parfois par des situations inattendues et désormais inconcevables dans un film américain de ce type. Le scénario évite quelques lourdeurs attendues et réserve d'agréables surprises. Ainsi, après avoir été missionné par Dracula pour récupérer auprès des gamins l'amulette indispensable pour faire régner les forces du Mal, la créature de Frankenstein s'acoquine le plus naturellement du monde de la mignonne petite fille de la bande, lors d'un hommage réussi à la scène inoubliable du film original de James Whale, où la créature et la petite fille sont au bord de la rivière, avec ici un déroulé évidemment moins tragique... Le monstre de Frankenstein, au look réussi et élégamment campé par Tom Noonan, prendra immédiatement fait et cause pour la "monster squad", permettant à Fred Dekker de signer quelques jolies scènes où il est entouré par les enfants, avec en particulier ce beau plan où nous les voyons tous marcher ensemble, leurs silhouettes découpées par le crépuscule, charmant clin d’œil au E.T. de Spielberg.





S'il ne constitue pas une redécouverte indispensable ni un titre phare parmi les comédies horrifiques des années 80, The Monster Squad n'en est pas moins une petite chose tout à fait aimable et attachante, à l'instar de Night of the Creeps, que Fred Dekker tourna juste avant. On sent que, à l'image des jeunes personnages qu'ils mettent en scène, les artisans aux manettes portent un amour sincère pour ce cinéma et pour son bestiaire qu'ils rappellent à la vie (le comte Dracula est donc épaulé par le loup-garou, notre ami le Gill-Man, mais aussi par la momie et quelques goules : les monstres Universal au grand complet, à l'exception de l'homme invisible, dont je ne peux toutefois pas vous assurer de l'absence, en raison justement de sa nature...). En bref, c'est pile poil le genre de films que beaucoup ont essayé plus d'une fois de refaire ces dernières années, comptant sur les souvenirs d'enfance et la nostalgie du public pour qu'il retourne massivement en salles, souvent à gros coups de dollars et parfois plus humblement, mais sans grand succès en général, sauf à de très rares exceptions (Super 8 à la rigueur, mais aussi Super Dark Times, dans une veine plus sombre). 


The Monster Squad de Fred Dekker avec Andre Gower, Robby Kiger, Brent Chalem, Robby Kiger, Ryan Lambert, Leonardo Cimino, Stephen Macht, Tom Noonam et notre ami le Gill-Man (1987)

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