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25 octobre 2014

Edge of Tomorrow

Je viens de regarder ce film dans le train et je m'apprête à le critiquer dans la foulée. Deux heures de trajet gagnées contre 30% de batterie perdue, le deal était plutôt honnête. Et j'avais hâte de savoir si ma théorie sur les films avec Tom Cruise allait se vérifier. Cette théorie est toute simple : Tom Cruise, acteur tout-puissant, serait l'une des rares stars américaines à encore nous proposer des blockbusters matables, disons au-dessus de la moyenne, pas complètement débiles. J'avais apprécié son sens de l'autodérision dans Jack Reacher, thriller old school ayant le chic de ne pas vraiment se prendre au sérieux. Oblivion n'était pas géant, bien sûr, mais je l'ai vu au cinéma, j'ai survécu et j'en suis ressorti sans mal de crâne. Si j'avais subi Pacific Rim, Godzilla ou Transformers 6 sur grand écran, je ne sais pas du tout si je pourrais en dire autant. Quant à ses Missions Impossibles, je ne les reverrai pour rien au monde mais il s'agit selon moi du haut du panier actuel en terme de film d'action US. J'applique donc la politique du pire et je sais que ça n'a rien de glorieux, mais tout de même... C'est ma théorie : quand un film est piloté par Tom Cruise, on se dit qu'il y a quelqu'un au volant, quelqu'un qui nous prend un peu moins pour des demeurés, dont on sent qu'il a fréquenté quelques pointures.




Je vous l'annonce tout de suite : Edge of Tomorrow, film i-dé-al pour un voyage en train à écourter, n'a pas contredit ma petite théorie. C'est pas génial mais ça passe à l'aise ! J'ai lancé ce film alors que ma voisine d'iDTGV, une vieillarde à la mine peu commode, venait de se taper un énorme sandwich bien dégueu. Deux tranches généreuses de pain de campagne rustique renfermant difficilement du jambon de pays et des œufs durs bien craspecs. En la matant savourer tout lentement ce sandar de dingue, prenant son pied comme jamais, comme pour me narguer, j'avais la haine. Je me répétais intérieurement "Pas de scandale même si t'as la dalle ! Reste zen, pas de crime de haine !". Étant donné l'heure, il s'agissait simplement de son goûter, imaginez donc la tronche de ses petits dej' ! La vieille a enchainé en tombant une tablette entière de chocolat au lait Lindt extra fin. Peut-être risque-t-elle un AVC mais pour mener une vie pareille, ça valait le coup ! C'est donc aussi pour la calmer que j'ai sorti mon matos et maté Edge of Tomorrow, m'isolant sans scrupule, la privant du son et essayant de lui cacher au maximum mon écran.




Les premières minutes du film, petit condensé de news itélé, nous apprennent rapidement que l'humanité est en guerre : une invasion extraterrestre a mis la planète à feu et à sang. Pendant une (longue) seconde, François Hollande apparaît à l'image, en gros plan. Peut-être un signe de solidarité entre nains de 1m66 de la part de Tom Cruise ? En tout cas, c'est une chose que l'on pourra ajouter au bilan de son triste mandat : une apparition dans un film dépassant la note de 8/10 sur iMDB ! Sans doute est-il le seul président de la Vème république à avoir accompli cet exploit. Mais passons. Tom Cruise incarne ici un commandant de l'armée, persuadé que les aliens sont désormais prenables grâce aux super tenues robotiques conçues pour les soldats. Suite à un malentendu, il est envoyé sur le front pour combattre en armure. Tom Cruise se retrouve bloqué dans une boucle temporelle et le voilà condamné, tel Bill Murray, à revivre sans cesse la même journée. À chacune de ses morts sur le champ de bataille, il se réveille 24h plus tôt, à son arrivée au camp, accueilli par le revenant Bill Paxton. Bien sûr, il va profiter de cette faille temporelle pour sauver l'humanité, trouvant une alliée de poids en la personne d'Émily Blunt, qui fut elle aussi coincée dans une même boucle lors d'une bataille précédente mais a depuis perdu le mojo.




Comme presque tous les films avec aléas temporels, Edge of Tomorrow est sans doute une montagne de goofs. Déjà, comment expliquer que seul Tom Cruise, en clamsant, fasse remonter le temps à l'humanité et au monde tout entier ? Ne pourrait-il pas s'agir de sa seule perception ? Un autre soldat ne peut-il pas connaître le même sort que lui ? Après tout, les conditions ne semblent pas si rudes à réunir... Le film ne s'interroge pas là-dessus. Il ne cherche qu'à nous divertir efficacement. Ses intentions ont au moins le mérite d'être clairement affichées. Le phénomène de boucle temporelle nous est tout de même rapidement expliqué : il serait dû à certains aliens bleutés directement reliés à un gros cerveau alien contrôlant tout, temps compris, et ayant élu refuge sous le musée du Louvre. Bon... Je vous l'avoue tout net, pour apprécier ce film, j'ai honoré le fameux dicton d'Igor d'Hossegore : cherche pas, t'as tort. C'est une bonne solution pour suivre un tel film sans mettre en pause toutes les deux minutes pour s'assurer de comprendre tous les aspects du scénario ou relever ses moindres couacs. On peut quand même se demander comment cela se fait qu'Hollywood paraisse aujourd'hui incapable de produire des films de SF aux pitchs cohérents, simples mais originaux...




Doug Liman nous propose finalement un blockbuster correct dont les références, les influences sont plus à chercher du côté du jeu vidéo qu'ailleurs. Comment, en effet, ne pas penser à un jeu vidéo lambda quand on voit le personnage de Tom Cruise mourir et revivre à l'infini pour réessayer sa mission ? Les dialogues fourmillent également de références vidéoludiques, Tom Cruise parlant de "game over" si tel ou tel mouvement n'est pas exécuté au bon moment, au bon endroit. Les brèves discussions de Blunt et Cruise entre les scènes de bataille nous donnent d'ailleurs aussi la vive impression de voir deux gamers réfléchir entre eux, sur leur canapé, pour décider de la meilleure stratégie à adopter pour passer un niveau à la difficulté particulièrement relevée. Certains plans semblent tout droit sortir d'un FPS (first-person shooter) à la Duke Nukem, Quake ou Call of Duty (rayer les titres inutiles selon votre âge), avec ici le point de vue de Tom Cruise. Ce choix, allié à un certain savoir-faire et une légèreté affirmée, permet à Edge of Tomorrow d'avoir un côté ludique pas déplaisant, mais il réduit aussi considérablement les enjeux d'un film, ma foi, très anecdotique. À la toute fin, après avoir ôté mon casque, la passagère au délicieux sandar sise à coté de moi et qui avait suivi tout le long en lisant les sous-titres, m'a tapé du doigt sur l'épaule avant de me faire une longue énumération de tous ces goofs que j'avais choisi d'ignorer. Je lui ai éternué au visage.


Edge of Tomorrow de Doug Liman avec Tom Cruise, Emily Blunt et Bill Paxton (2014)

7 commentaires:

  1. Il parait que Tom Cruise, à l'avant-première du film, a hurlé à un journaliste qui lui demandait de lui donner une bonne raison pour "aller voir cette merde" aurait répondu : "What the fox says? koukoukoukoukou tatatatatatata tchitchitchitchi konga kounga skuntcha tcha tcha tcah !". Véridique. J'y étais.

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    1. Brad Pitt aurait réellement tiré avec son char lors de l'avant première de Fury (rien à voir avec Edge of Tomorrow, no offense), le projectile a atteint un plug anal géant que des fachos voulaient mettre à bas...

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  2. Film sympa. Vite vu vite oublié. On passe un bon moment quoi

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  3. Ni plus ni moins que Fabien. J'approuve tout à fait la théorie du Cruise control que tu exposes, Féfé. A chacun de ses movies, je suis le pied levé, l'autre pied sur une table basse, les mains derrière le dos, la bouche pleine de pasta, et je savoure.

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  4. Sauf qu'il a beau se maintenir en forme, il n'en commence pas moins, malgré tout, à montrer son âge. Et il y a un deuxième théorème, dit de Roger Moore, qui dit que tout film de merde dont la star est trop vieille pour le rôle, se transforme inéluctablement en merde encore plus grosse.
    Donc attention aux futurs films de Cruise...

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  5. Une très bonne surprise que ce Edge of Tomorrow. Tom Cruise, même s' il fini par être le héros que le monde attendait casse ici un peu son image d'homme parfait. Le film est bien scénarisé, bien filmé et surtout très bien monté (on sait que les boucles temporelles sont plutôt casse gueule).

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