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28 février 2023

Knock at the Cabin

Avec Schumi il convient de toujours faire le distinguo entre forme athlétique et forme artistique. Avant de découvrir son nouveau film, on l'a vu pimpant, fringant, tonitruant, la peau mate et propre comme un fruit qui a mûri au soleil bercé par des alizés délicats, le cheveu luisant et la boucle frisottante, l'œil alerte, pétillant de malice, de génie, de fougue. On a vu un homme heureux, équilibré, au faîte de son bonheur, parfaitement à l'aise dans ses baskets et manifestement rayonnant entouré des siens dans une aura de bien-être personnel et familial. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. Car si belle soit la forme athlétique de celui qui restera notre ami à jamais (oui, nous sommes fidèles et loyaux en amitié, quitte à se faire enfler régulièrement : nous accordâmes notre confiance à Darren Aronofsky, Pierre Palmade, Dani Alves, Adrien Quatennens... autant de personnalités qui nous auront profondément déçus - concernant Dani Alves, par son football, avant tout le reste...), sa verve créatrice est en berne depuis si longtemps qu'il est douloureux de se demander quand tout cela a commencé à partir en couille.
 

 
 
On était contents pour lui quand Schumi a sorti la tête de l'eau avec le vaguement sympatoche The Visit puis avec l'honnête thriller Split, des films qui témoignaient d'une forme de remontada sans être réellement brillants et nous donnaient de l'espoir dans la capacité du natif de Pondichéry à se remettre sur rails, à retrouver la confiance des financiers et à se lancer de nouveau, après ces petits sursauts de vitalité, vers des projets ambitieux, à sa hauteur, bref, de retourner vers le cinéma de qualité qu'il a su nous offrir à ses débuts. Mais depuis, Schumi reste en première, donnant même l'impression d'un démarrage en côte à l'odeur de gomme brûlée. Le frein à main reste enclenché sur l'autoroute du bonheur et sa caisse se traîne sur les chemins tortueux de notre amour cinéphile. Les petits films, à petites idées, rapidement tournés, se succèdent et se ressemblent tristement. On y croit un peu à chaque fois et on est à chaque fois trompés. Les films ne décollent pas après des entames menées tambour battant qui veulent nous en promettre mais n'excèdent jamais leur petit programme initial et finissent même par nous ennuyer.


 
 
Qu'il multiplie les effets de manche dans le vide (qu'on l'a déjà vu mettre au service de projets dignes de lui et de son talent) comme dans Old, ou que sa signature soit là mais plus discrète, comme dans ce Nock At the Cabin, on s'agace, on souffle, on s'interdit la moindre pause-pipi qui pourrait être fatale à une petite chose si fragile et si maigre. Pire encore quand Schumi décide de terminer son film dans un parking lot triste à mourir – coup qu'il nous a déjà fait à la fin du triste Glass. On commence malheureusement à s'habituer à sa petite musique, et à se foutre de ce qu'il nous raconte (faites une petite recherche du mot "petit" dans cet article et vous le trouverez beaucoup trop souvent, ce qui témoigne à la fois de la minceur de notre vocabulaire et de l'inspiration actuelle de celui qui, rappelons-le, reste le bienvenu chez nous quoi qu'il arrive : jurisprudence Pierre Palmade que nous attendons dès sa sortie de garde à vue avec des falafels et un petit chaï latté).


 
 
Un signe qui ne trompe pas sur la vaste fumisterie que constitue ce film, c'est le désintérêt total que nous portons aux personnages, pourtant soumis à un dilemme qui devrait faire marcher notre empathie à 2000 à l'heure. Ils ne sont pas servis par un scénario souvent bancal et prévisible, ni par des acteurs sans charisme (à part la gamine au bec de lièvre, et le kaïju Dave Bautista). Tout cela est inspiré d'un roman SF comme il s'en est écrit des milliards, couvert de quelques prix comme il en tombe des milliards, et ressemble à s'y méprendre à tant de récits bâtis sur les mêmes concepts éculés (des milliards), voire aux petites questions-défis qu'on se pose en soirée quand on a fait le tour de l'actualité et qu'on n'a plus rien à se raconter. Nocknock at the Cabin achève de faire pitié quand des effets spéciaux au rabais viennent illustrer les visions apocalyptiques d'un film décidément médiocre, qui n'aura jamais dépassé le stade du brouillon alors qu'il aurait mérité quinze ou seize versions raturées, et de ne jamais passer par la case "tournage". Schumi est certes le plus beau réalisateur américain vivant, peut-être le plus beau du monde, mais son charme, qui incendie les plateaux télé et les papiers glacés, n'irradie plus son cinéma et ne suffit pas à rendre heureux les gens qui ne font pas directement partie de son cercle familial. Contrairement à Schumi, on relira ce papier à tête reposée pour éviter les redites, les lourdeurs de style, les trop longues parenthèses, les références pataudes à une actualité pesante (Pierre Palmade...) et à nos derniers repas libanais (foncez déguster un taouk chez S comme Saj). Si vous lisez cette phrase, qui n'est qu'un pense-bête, c'est que nous avons publié tout ça un peu vite et sans se fouler, à la façon de notre ami et maître Schumi.


Knock at the Cabin de M. Night Shyamalan avec Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge et Nikki Amuka-Bird (2023)

23 février 2023

Étoiles et tempêtes / Le Retour des hirondelles

On n'évoque pas souvent la catégorie des films-tuto, ces films qui vous donnent un cours particulier en 1h30 ou 2h, font de vous des experts à moindre frais. En 1955 le célèbre alpiniste Gaston Rébuffat, dont il est inutile de rappeler les nombreux exploits (disons simplement qu'il fit partie de l'aventure de Victoire sur l'Annapurna, déjà évoquée ici, mais c'est loin d'être sa seule prouesse), co-réalise son deuxième film documentaire sur la montagne, Étoiles et tempêtes, tiré d'un bouquin qu'il fit paraître l'année précédente, où il se met en scène, filmé par son ami George Tairraz, en moniteur d'escalade du violoncelliste comédien Maurice Baquet. Le film est moins un pur film de grimpe, même si on ne voit que ça à l'image pendant 90 minutes, qu'un manuel d'escalade pour les nuls. A travers une succession de courtes saynètes tournées sur un ton de comédie potache, Maurice Baquet joue le rôle de l'apprenti étourdi mais vaillant, et Gaston Rébuffat celui du maître patient et souriant. 
 
 

 
Les deux nous éclairent sur tout ce qu'il y a à faire et à ne pas faire en montagne, comment placer ses pieds et incliner son buste sur la paroi selon le profil qu'elle présente, comme faire des nœuds, comment descendre en rappel et j'en passe car j'ai vu le film il y a un petit moment et ne me souviens pas de tout (je ne savais pas que j'allais voir un film-tuto et n'avais pas prévu le calepin et le crayon gras de rigueur), le tout appuyé en voix off par le guilleret Baquet, dans un tutoriel illustré qui vous épargnera bien des bévues et autres chutes mortelles sur les cimes escarpées lors de vos prochaines excursions cet été. Ne me remerciez pas. 
 
 


 
Sorti l'an dernier de l'arrière-pays chinois, Le Retour des hirondelles de Li Ruijun nous offre un autre type de leçon filmée, moins rieuse il faut bien le dire, un peu plus longuette (2h15 qu'il faut avoir devant soi) : comment construire une maison avec trois fois que dalle. Le film nous raconte l'histoire de deux pauvres hères unis par un mariage arrangé qui arrange bien leurs parents. Lui (interprété par Renlin Wu), vieux garçon, paysan, plutôt taiseux, vit comme il y a soixante ans, travaille les terres, exploité, comme tous les gens du coin, par un gros bonnet en grosse bagnole qui n'est autre que son propre frère, et achève de se vider en donnant régulièrement des litrons de son sang pour sauver son autre frère ; elle (interprétée par Hai-Qing), vieille fille, fut tellement battue par ses frères et sœurs quand elle était gosse qu'elle est maintenant infirme, boiteuse et incontinente. Ça ne part pour être la comédie du siècle. Et comme si ça ne suffisait pas, les deux personnages, rescapés de la chienlit de leur vie, courbant le dos non seulement sous les difficultés quotidiennes (on penserait presque à L'île nue parfois, en mille fois moins beau) mais aussi sous les moqueries, affrontent des séries d'ennuis, comme la destruction de leur maison par un propriétaire soucieux de toucher la prime promise par L’État après toute démolition de biens immobiliers particuliers vouée à rendre le sol mieux disponible. 
 
 

 
Qu'à cela ne tienne, nos deux tourtereaux éclopés, qui finissent par nouer une belle relation platonique d'amitié solidaire, vont se monter une maison à eux. Avec les matériaux donnés par le monde, vu qu'ils brûlent le peu de pognon qu'ils gagnent lors de prières aux anciens, afin que ces derniers partent au ciel avec un peu de blé de côté. Or rien ne nous est ôté du déroulé de cette construction, de la fabrication des briques à leur opération de séchage et de protection contre les intempéries en passant par leur élévation, le placement des gouttières faites maison à l'aide de tessons de bouteilles cassées, le déroulage du toit de chaume avec échafaudage de fortune et contribution d'une bourrique bien pratique, déco intérieure à la fin des fins (qui se résume à un truc en plastique accroché au mur et une boîte en carton percée de plein de trous avec une ampoule dedans). Au terme de toutes ces séquences hautement pédagogiques j'étais sur mon portable en train de chercher l'adresse du Weldom ou du Brico Marché le plus proche et de commander des parpaings et une bétonneuse (comme quoi j'avais pas tout pigé au film), mais tout mon projet architectural s'est effondré quand la nouvelle maison toute branlante et toute pimpante des mariés est détruite à son tour... (Spoiler) Suite à leur mort, par noyade pour elle, par suicide pour lui (Fin du Spoiler). Ce film vous filera donc une belle leçon de BTP tout en vous coulant le moral sous une chape de béton armé, sachez-le. Quid d'autres films-tuto ? Vous devez en connaître, c'est sûr.
 
 
Étoiles et tempêtes de Gaston Rébuffat et George Tairraz avec Maurice Baquet et Gaston Rébuffat (1955)
Le Retour des hirondelles de Li Ruijun avec Renlin Wu et Hai-Qing (2022)

19 février 2023

Le Vieux fusil

Revu ce film récemment. Ou plutôt enfin vu ce classique. Je n'en avais aperçu que quelques extraits un soir que mes parents le regardaient à la télé, à l'époque. Mais cette fois-ci je l'ai vu et bien vu. C'était important. Je me souviens, il y a une quinzaine d'années, d'un vendeur de la fnac vociférant dans son rayon qu'il était scandaleux que "le plus grand film français" n'existât pas en dvd... Bon. Le plus grand vigilante français, à la rigueur ? Et encore, ça m'étonnerait. Mais soit. Robert Enrico a fait son travail, il faut le reconnaître. Je ne dirais qu'une chose sur ce film : il porte mal son titre. Le vieux fusil éponyme c'est celui que Noiret utilise pendant une bonne partie du film pour dégommer un par un les SS de la division Das Reich qui peuplent son château du Quercy et qui, sentant venir la débâcle, ont massacré tout le village en contrebas, mais aussi la jeune épouse et la fille du chirurgien montalbanais. Mal leur en a pris car l'autre a décidé de devenir un serial killer, une machine de mort, le Rambo du Tarn-et-Garonne, de se venger et de tous les fumer, avec donc son vieux fusil. 
 
 

 
Mais la pétoire du père Noiret n'a finalement que peu d'intérêt en soi. Non, l'arme qui prend toute la place dans ce film, c'est le lance-flamme des nazis. C'est avec lui qu'ils ont foutu le feu à Romy Schneider après l'avoir violée (cf. l'affiche). On le sait grâce à un des mille (pénibles) flashbacks qui scandent le film. Un flashback du reste incohérent car si tous les autres montrent des souvenirs de Noiret (la rencontre avec sa femme, les bons moment passés au château, etc.), celui-ci lui vient de nulle part quand il découvre les cadavres de sa femme et de sa fille à quelques pas des SS qui s'échinent à réparer leur véhicule semi-blindé, étant donné qu'il était absent au moment des meurtres, mais peu importe. C'est avec ce même lance-flamme que les assassins traquent Noiret dans les sous-sols et catacombes de son château sans parvenir à lui mettre le grappin dessus. Et c'est toujours ce lance-flamme que Noiret récupère à la fin du film, après avoir oublié son vieux fusil près du puits où il vient de noyer les deux derniers soldats de la compagnie, pour s'en aller finir le travail : il se retrouve derrière le miroir sans teint du salon, qui laisse voir la pièce depuis une coursive secrète creusée dans le mur (installation qui révèle chez le personnage de Noiret un probable malade vicieux espionnant ses invités en douce...), et observe face à lui, de l'autre côté du miroir, l'officier ennemi responsable de la chienlit, incapable de le voir quant à lui, occupé à s'ôter un bout de rôti d'entre les dents avec une fourche de paysan décrochée du mur du salon. 
 
 

 
Noiret déclenche le lance-flamme, fait fondre le miroir et crame son ultime ennemi à travers la vitre explosée, foutant le feu à tout le château par la même occasion. Tout ça pour dire que si j'avais été Robert Enrico, j'aurais appelé mon film Le Gros lance-flamme plutôt que Le Vieux fusil. Et, quinze ans en arrière, écoutant le vendeur de la fnac complètement à cran hurler à qui ne voulait pas l'entendre : "C'est une honte que Le Gros lance-flamme, plus grand film français de tous les temps, n'existe pas en dvd !", je n'aurais peut-être pas attendu quinze piges pour rejeter un œil à l'affaire.
 
 
Le Vieux fusil de Robert Enrico avec Philippe Noiret et Romy Schneider (1975)

15 février 2023

Les Tueurs de la lune de miel

Du film culte de Leonard Kastle, qui retrace les sinistres exploits d'un couple de tueurs en série qui s'en prenait à des femmes seules à la fin des années 40, je retiendrai surtout une scène particulièrement dérangeante. On est vers la fin du film et il s’agit des terribles dernières minutes à vivre de l’ultime victime du couple, une jolie veuve qui vit seule avec sa fille. Tout se passe dans la chambre de la veuve, droguée par le couple et attachée au lit. Le cinéaste prend alors son temps pour installer une tension insoutenable. On sait que la victime si vulnérable n’en a plus pour longtemps et Leonard Kastle nous met pratiquement à sa place, nous faisant partager au plus près ses derniers instants. Il cadre en gros plan sur le haut de son visage : sur ses yeux, si expressifs, en pleine détresse, et son nez. C’est important, son nez : il est petit, fin, fragile, parfait ; il inspire et expire pour les dernières fois. C’est une évidence, on ne peut pas en douter une seconde, mais on est tout de même là, horriblement fasciné par ce qui nous est donné à voir, le temps est atrocement suspendu. Les tueurs demeurent hors champ. Leonard Kastle ne varie pas de plan, continuant de cadrer la veuve au plus près. Son regard balaie le couple laborieusement, passe de la femme à l’homme en synchronisation avec les dialogues des deux meurtriers. Puis ses globes oculaires, si fatigués et ralentis par la drogue, roulent lentement à l’opposé, s'éloignent du couple d'assassins, vers un ailleurs éphémère, comme pour avoir une ultime image neutre avant sa mort. Et l'homme tire. C’est une scène très marquante dont la cruauté sèche, sans effet, ne peut indifférer, quand bien même le reste du film peut laisser un peu dubitatif. Il paraît que c'était le film américain préféré de François Truffaut qui disait peut-être cela pour faire son intéressant.




Les Tueurs de la lune de miel (The Honeymoon Killers) de Leonard Kastle avec Shirley Stoler, Tony Lo Bianco et Kip McArdle (1970)

8 février 2023

Intacto

Tomas Thiboult, un braqueur de banques de 18 ans, est l'unique survivant d'une effroyable catastrophe aérienne. Il pourrait bien être l'instrument de la vengeance de Federico Le Goff, 42 ans, qui a de son côté survécu à un tremblement de terre sans précédent et a découvert dans la foulée qu'il possède le pouvoir de voler leur chance aux autres êtres humains en les touchant : il a ce qu'on appelle "le Don". Samuel Guyader, 85 ans, est quant à lui le survivant absolu, celui qui a tout paumé sauf la vie pendant les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale. Il a en effet survécu aux camps de concentration, il est donc théoriquement intouchable, tranquille, le cul bordé de nouilles. Pour s'en mettre plein les poches et repérer aisément les plus chanceux, le vieux Sam dirige un casino avec l'aide de Federico aka Fedex. Lorsque ce dernier rompt leur association pour une sombre histoire de carte Fnac égarée, Sam le bannit de son paradis fiscal et va jusqu'à lui retirer de facto sa capacité à voler leur chance aux autres ! Federico le prend très mal et veut à tout prix se venger en défiant papy Sam à son jeu favori : la roulette russe. Pour cela, il va se lier d'amitié au jeune Tomas – le personnage évoqué dans la première phrase du présent texte – en lui imposant un parcours initiation afin de tester sa chance et estimer ses capacités...




Vous n'avez pas mal au crâne ? Vous pourriez, car vous venez de lire le terrible pitch d'Intacto, un film paranormal espagnol réalisé par Juan Carlos Fresnadillo sur un scénario écrit par lui-même avec l'aide du célèbre et si charismatique gardien allemand des années 90, Andréas Köpke. Cette histoire s'inspire vraisemblablement du pavé de Dan Simmons, L’Échiquier du Mal, un ouvrage efficace et haletant qui avait bien su combler quelques tristes heures de mon année en Cité U. Chez Dan Simmons, des personnages dotés d'un don exceptionnel jouaient la vie de leurs semblables dans des jeux d'échecs grandeur nature. Parmi eux, se trouvait un survivant des camps de concentration, qui en avait donc vu des vertes et des pas mûres. Dans Intacto, c'est l'immortel Max von Sydow qui prête ses traits fatigués au vieux juif chanceux. A travers ce personnage, Juan Carlos Fresnadillo nous apprend donc qu'avec une chance supérieure à la moyenne, il était possible de survivre aux camps. On salue la mémoire des moins fortunés...




J'ai maté Intacto en compagnie de mon acolyte Rémi il y a quelques années mais je m'en souviens encore à peu près. En plein milieu du film, Rémi s'est levé d'un seul coup du canapé en gueulant "POUAH", et a continué son chemin vers le frigo, à la recherche d'un produit quelconque qui lui permettrait de tenir le choc. Sans doute du Yop Vanille. Face à Intacto, nous n'en menions pas large, nous qui sommes pourtant habitués à nous infliger les pires sévices cinématographiques. Il y a une scène qui nous a particulièrement mis sur le carreau. Celle dans laquelle des mecs se mettent un bandeau sur les yeux et courent le plus vite possible dans une immense forêt, quitte à crever sur le coup en prenant une branche d'arbre bicentenaire de plein fouet sur le front. C'est une drôle de méthode pour tester sa chance, je n'y aurais guère pensé. Je croise les doigts pour que mes parents, qui m'ont toujours répété "Féfé, t'as le cul bordé de médailles" avant de m'en coller une, ne tombent jamais sur ce film maudit. Intacto nous a anesthésié la partie gauche du cervelet. 


Intacto de Juan Carlos Fresnadillo avec Max von Sydow, Leonardo Sbaraglia et Eusebio Poncela (2003)