Voici donc LE film des
gargouillis de sang. Vous le cherchiez ? C'est celui-ci ! Et
ça lui fait une belle médaille à la con ! Un nombre incalculable de
scènes nous donnent à voir le spectacle forcément savoureux des derniers
instants
d'un des tristes individus en présence, bêtement
zigouillé par un autre à l'aide d'une arme spectaculaire : du vieux
pistolet imprécis occasionnant des dégâts impressionnants à l'ancienne
hallebarde à la lame toujours bien aiguisée, tout y passe. Les deux
réalisateurs du film
doivent avoir, au mieux, 13 ans d'âge mental. Ils se sont bien éclatés,
entre eux. Les pénibles agonies
qu'ils se sont tant plu à filmer sont excessivement bruyantes et
gores à souhait, et si nos yeux sont
désormais habitués à la laideur de tels films, nos oreilles le
sont un peu moins... Il s'agit là de véritables épreuves pour nos
tendres
feuilles. On imagine aisément, derrière tout ça, des petits rigolos,
ces as du
bruitage qui se sont bien amusés, eux aussi, à produire tel ou tel
répugnant son
de gorge en studio pour en caler un maximum au montage. Cette sordide
caractéristique, cette performance unique, est peut-être ce qu'il
y a de plus remarquable dans le premier succès de
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler
Gillett, leur film breakthrough, celui qui a convaincu les executives de
les laisser réaliser un cinquième opus à la saga Scream. On n'a pas
forcément hâte de voir ça...
Ready or Not, devenu Wedding Nightmare
dans nos contrées anglophones, joue sur plusieurs tableaux et échoue
dans strictement tous. D'un côté, il ne cherche jamais suffisamment à
faire peur pour être un
film d'horreur ou un thriller efficace, malgré les hectolitres de sang
déversés à
l'écran et une violence très soutenue, grand-guignolesque, pas vraiment
sérieuse. De l'autre, il n'est pas
assez drôle pour être une comédie horrifique digne de ce nom et
recommandable, en dépit
d'un humour noir
omniprésent, que l'on pratique ici avec d'énormes sabots, et d'une
succession de situations rocambolesques qui s'enchaînent à bon rythme.
Peut-être s'agit-il d'un
film à voir en groupe, entre copains, dans un contexte propice à la
déconnade, pour une soirée d'Halloween ratée par exemple. C'est un film
d'ambiance en
quelque sorte, à condition de se trouver entre amateurs peu exigeants de
délires
sanguinolents et de supporter les
gargouillis en fond sonore. C'est à regarder d'un seul œil, et du coin
de cet unique œil. Car en tant que tel, si l'on considère le film pour
ce qu'il est, quel supplice, que c'est fatigant ! Les personnages sont
tous
plus détestables les uns que les autres, mais c'est fait exprès, car le
but est de se réjouir de les voir trépasser tour à tour, de rire de
leurs morts stupides et éclaboussantes. Il n'y a hélas pas grand
chose de jouissif dans tout ça, l'imagination et le talent des cinéastes
sont bien trop limités pour surprendre, captiver, intéresser. Malgré
tout, Wedding Nightmare
semble avoir trouvé son public. C'est que les bobines horrifiques gores
à tendance comique se font rares, c'était plutôt la mode il y a 40 ans,
et il doit falloir aujourd'hui se contenter de peu.
Que peut-on bien sauver là-dedans ?
Peut-être Samara Weaving. Elle incarne l'héroïne, une jeune mariée
contrainte à
devoir participer, le temps de sa nuit de noces, à la partie de
cache-cache traditionnelle de sa richissime belle-famille. Un véritable
jeu de massacre où tous les coups sont permis,
le but caché de cette famille au moins aussi fortunée que timbrée étant
de faire de la mariée la victime du rituel sacrificiel qui renouvellera
son pacte avec le Diable (ou d'un individu approchant : cet élément
fantastique n'est ici qu'un prétexte, qui aboutit juste à
une apparition fantomatique finale ignoble en CGI et, par ailleurs, le
scénario est
trop bêta pour que Wedding Nightmare puisse être associé à la vague
d'horreur
sectaire si florissante, et parfois inspirée, de ces dernières années).
En plein carnage, transfigurée par son instinct de survie, l'héroïne
devient une Rambo au féminin et l'actrice se démène, véritablement, nous
proposant elle aussi une large gamme de bruits gutturaux, qui vont du
hurlement de rage au hoquet de surprise en passant par le petit cri de
panique. C'est du boulot ! Cette actrice venue
d'Australie, déjà croisée dans Three Billboards ou Mystery Road, est la nièce d'Hugo Weaving, et cela se voit : même front proéminent,
mêmes yeux exorbités, même sourire carnassier, même regard inquiétant comme animé par une folie
intérieure qui ne demande qu'à exploser. Samara Weaving a un certain
potentiel, mais son physique ambivalent, dont elle joue plutôt bien,
était nettement mieux exploité dans le pourtant très médiocre The Babysitter.
C'est dire... Malgré tous leurs très voyants efforts, je pense
notamment à ce
travelling qui remonte de ses Converse crados à son visage ensanglanté et
ahuri en passant par sa robe de mariée déchirée et son fusil de chasse
fermement tenu, les réalisateurs ne parviennent pas à l'imposer comme
cette icône du genre dont ils rêvaient, comme la nouvelle scream queen issue de leurs seuls
fantasmes adolescents. Espérons que nous la verrons un jour devant
des caméras plus fiables et dans des rôles moins débiles.
Wedding Nightmare (Ready or Not) de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett avec Samara Weaving (2019)
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