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1 décembre 2010

L'Obsédé

William Wyler fut l'auteur du grand Ben-Hur, mais aussi par exemple de Funny Girl, une comédie musicale pathos avec Barbra Streisand, celle qui n'a que deux "A" dans son prénom mais qui a trois nichons, l'idole de nos papas bigleux comme des taupes. Funny Girl était d'ailleurs son avant-dernier film. Entre les deux, en 1965, William Wyler a donc réalisé The Collector, d'après un bouquin de John Fowles. C'est l'histoire, dans l'Angleterre des années 60, d'un drôle de type, interprété par Terence Stamp, complètement timbré dans ce rôle, grosse vanne, j'étais pas obligé de la faire, je l'ai faite, qui a disons de sérieux problèmes affectifs (certainement dus à une mère peu commode, comme le suggère un rapide flash-back en noir et blanc), qui vient de gagner une fortune à un jeu de hasard car la chance sourit souvent aux zonards, et qui en a profité pour se payer une immense baraque dans laquelle il peut librement s'adonner à sa passion, au sens christique du terme : la lepidoptera.




Notre héros est effectivement lépidoptérophile, c'est à dire qu'il collectionne les papillons. Mais à force d'avoir pour unique fréquentation les papelards qu'il emprisonne dans ses filets et qu'il conserve assidument dans ses vitrines, il commence à sérieusement se faire chier et décide donc de se rendre dans la ville voisine de Reading pour voir du peuple. Là il tombe amoureux d'une jeune fille qu'il suit de près sans jamais l'approcher, jusqu'au jour où il la kidnappe, après avoir longuement préparé son forfait dans la cave immense de son cottage pour l'y retenir prisonnière. Elle sera désormais son nouveau papillon de luxe.




Les acteurs sont assez brillants, pour commencer. Terence Stamp, dans son rôle de malheureux gredin, machiavélique et désemparé, cynique et heurté, et Samantha Eggar dans la peau de sa victime, sont stupéfiants. Et magnifiques, car si je n'en suis pas il me semble que Stamp dégage un charme certain dans ce film. En revanche je peux sans souci certifier que Samantha Eggar, de son vrai nom Victoria Louise Samantha Marie Elizabeth Therese Eggar, plus connue peut-être pour son rôle dans Chromosome 3 de Cronenberg, est ici d'une beauté comme on n'en croise pas tous les quatre matins. Pour en revenir aux personnages, l'intriguant est qu'on ne sait jamais exactement où ils se situent vis-à-vis de l'autre, et leurs caractères, finalement peu psychologisés, sont si intéressants et si précis qu'on aimerait les suivre beaucoup plus longtemps.




La musique du français Maurice Jarre (à ne pas confondre avec Jean-Michel Jarre, l'escroc qui a une touche de synthé à la place de chaque doigt, le piano électrique sur pattes qui est aussi l'époux castrat d'Anne Parillaud), Maurice Jarre donc, qui a fait les bandes originales de très nombreux grands films des années 60 jusqu'aux années 90, pour résumer, est également bien sentie, notamment dans ses multiples variations. Le scénario tient par ailleurs la route et la longueur. La mise en scène, sans être virtuose, est plutôt inspirée, qui jongle entre la poésie romantique et la démence violente qui se cèdent tour à tour le pas dans le récit. On peut aussi se laisser agréablement séduire par quelques séquences de bravoure, qu'elles soient le fait des acteurs, comme dans cette scène où Terry Stamp s'en prend au Catcher in the rye de J.D. Salinger et à Picasso, ou du cinéaste, notamment dans la scène de la salle de bain... Bref, fameux film. Même si on peut douter de la santé mentale de son réalisateur, William Wyler, qui avait déjà réalisé La Maison des otages. Petite obsession ? Ce n'est rien à côté du cas Bertrand Tavernier qui, à la fin des commentaires audios du dvd collector de The Collector, s'écrie, la fleur au fusil : "Et puis on a tous déjà rêvé de séquestrer une salope !" Non, Bertrand.


L'Obsédé (The Collector) de William Wyler avec Terence Stamp et Samantha Eggar (1965)

11 commentaires:

  1. Ça s'appelait rock'n roll
    Et ça me rendait folle

    1 2 3 bloody mama
    4 5 6 anis
    7 8 9 gandérimeuf
    10 11 12 et ringadeublouse

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  2. Je vous invite à aller lire cet autre récent billet sur "The Collector" sur le blog du Docteur Orlof :

    http://drorlof.over-blog.com/article-le-collectionneur-60373796-comments.html#anchorComment

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  3. Là aussi y'aurait un parallèle à faire avec l'ailier gauche Bob Carlos. D'ailleurs, tapez Bob Carlos dans google images... :(

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  4. Merci à Remy pour cette présentation pleine de peps et d'humour.

    Film magnifique effectivement même s'il ne se termine pas comme je le souhaite. Un peu dur quand même. Terrence Stamp est effectivement plein de charme et de talent et passe tour à tour de la fragilité à la dureté. L'actrice a des jambes qui me font dire qu'elle m'énerve.

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  5. lol j'avais pas vu les autres commentaires!

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  6. "Et puis on a tous déjà rêvé de séquestrer une salope."
    La conclusion m'a tuée.. J'adore ! ;)

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