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2 décembre 2010

Monsters

Vous avez peut-être croisé l'affiche dans le métro. Moi aussi. Tous les jours. Et j'aurais préféré en rester là... Ce film est raté. On sent bien que son jeune auteur est animé d’intentions valables, louables même, et de références remarquables (on peut par exemple penser de façon très fugace à Stalker de Tarkovski), mais son film est néanmoins complètement foiré, et il faudrait être bien bon public et drôlement peu exigent pour parler ici de réussite. Deux phrases nous introduisent dans le film en nous apprenant qu’il y a quelques années, des traces de vie ont été trouvées sur une autre planète et qu’un vaisseau ramenant tout ça sur Terre s’est écrasé dans la zone frontalière entre les USA et le Mexique, faisant de toute cette région une zone interdite, infectée, encerclée par un très haut mur car peuplée par des bestioles qui ressemblent à des pieuvres gigantesques (étant donné leur taille, elles pourraient d’ailleurs tout à fait « enjamber » le mur, mais faut croire qu’elles n’y pensent pas).



Après vous avoir énoncé ce postulat de départ, ça devrait peu vous étonner d’apprendre que Monsters a quasi systématiquement été rapproché de District 9 du trisomique Neill Blomkamp : ce sont deux films de SF à « petit budget » mais aux effets spéciaux pourtant bel et bien là, où l’on retrouve des aliens mis en quarantaine par les hommes, avec toujours un fond de métaphore politique plus ou moins exploité (ici très très peu) et qui se veulent donc ambitieux malgré tout. J’évacue tout de suite la comparaison inévitable en disant que Monsters est nettement moins pourri et indigeste que District 9, il se mate beaucoup plus aisément, même si ça reste assez mauvais, chiant et sans véritable intérêt. L’idée de départ précédemment énoncée sert ici de base à une romance naissante, extrêmement pauvre et peu passionnante, entre deux personnages transparents, voire agaçants, pour lesquels on éprouve vraiment que dalle. Un journaliste, incarné par un acteur fort laid que j'ai bien cru voir ce week-end sur une pelouse de Ligue 1, a ici pour mission d’escorter la fille d’une personnalité importante à travers la zone infectée, pour la faire revenir saine et sauve aux USA. C’est peut-être vers la grosse demi-heure de film que ces deux personnages sans saveur rentrent enfin dans la « zone », après qu’on les ait vus pendant un quart d’heure essayer de négocier sans succès avec le vieux salopard qui organise les transports en bateaux contournant donc la zone. C’est un peu long et déjà un peu chiant, mais on mate malgré tout, armés d’une certaine patience car c’est quand même pas si mal fait, et en espérant surtout que ça finisse par devenir intéressant.



Hélas… Il ne se passe donc jamais rien. Strictement rien. Je me suis mis à pioncer du coup. Mon lecteur divx a dû s’endormir aussi, en même temps que moi, vu qu’il a interrompu le film soudainement à 1h07. Alors certes, je n’attendais pas un film de monstres avec créatures lovecraftiennes foutant les j’tons et grosses scènes d’action etc, mais je m’attendais tout de même à… à... quelque chose, je sais pas moi, nawak, mais un truc intéressant à se mettre sous la dent. Là, niet. On suit platement ce très pâle couple du dimanche se trimballer dans la zone en s’échangeant des banalités d’une tristesse sans nom (« - Toi aussi tu t’inventais des amis pour jouer avec quand t’étais petit ? - Oh putain ouais ta race ça nous fait un putain de point commun, à présent baisons »), parfois surpris et apeurés d’entendre au loin le grondement des créatures qu’on ne voit qu’à la toute fin, tout au bout d’une dernière demi-heure interminable que j’ai donc matée le lendemain, en épluchant des patates et en faisant parfois des petites avances rapides. A noter un moment particulièrement ridicule, où nos deux zigotos se retrouvent au sommet d’une pyramide mayas et peuvent ainsi apprécier le paysage qui les entoure, avec comme ligne d’horizon le fameux mur délimitant la zone, en CGI. Le gars dit alors « Ma parole, j’avais jamais rien vu de tel. C’est la plus belle et impressionnante construction humaine que je vois de mes yeux vu » et la meuf lui répond grosso modo « Itou ». On se dit alors que ces deux cons devaient vivre dans un bunker et ne jamais trop foutre les pieds dehors, car à côté de cette affreuse immensité grise et bétonnée, l’arbre noir de la station de Métro « Mirail Université » fout sur le cul.



A la toute fin, après qu’on ait eu droit à l’un des baisers les plus moches de l’Histoire, un retournement scénaristique à peine malin, qui fait effet de miroir avec la courte scène pré-générique, nous apprend le fin mot de l’histoire, et vient réaffirmer le « message » du film (à savoir : les monstres c’est pas les grosses pieuvres, c’est l’Homme) au cas où on l’avait pas pigé. Bluffant.


Monsters de Gareth Edwards avec Whitney Able et Scoot McNairy (2010)

4 commentaires:

  1. Tu devrais mettre "Stalker" en gras, ça pourrait attiser la curiosité de tout un tas de connards qui l'ont téléchargé, l'ont détesté puis se sont endormis devant comme des loirs, mais considèrent l'adorer parce que c'est géant d'adorer Stalker de Tarkovski, surtout qu'en plus il sert d'artwork à tout un tas de disques réalisés par d'autres connards.

    Signé Didier Scorbut.

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  2. Instadelete. J'ai pas pu en mater plus d'une trentaine de secondes en avance rap'

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  3. Ah nous sur ASBAF on a trouvé ça super bien Monsters.

    Par contre cet acteur-là Scoot McNairy, à part la coupe de cheveux à la con de Hugo Lloris, je vois pas à qui il ressemble en L1, tu pensais à qui ?

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  4. Oh je ne pensais pas à un footballeur précis, c'était surtout pour pointer du doigt son manque de charisme et d'allure. Il pourrait jouer à Lorient ou Nancy par exemple, il y passerait inaperçu.

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