Devinette : qu'est-ce qui est long, lisse, froid, orange et
 gris, dépourvu 
de vie et du moindre grain de folie ? Dune, bien entendu. C'est du 
Villeneuve quoi. Sans surprise. J'en attendais pas grand chose et je 
n'ai pas
 été déçu. J'ai même fini par pioncer, c'est dire ! J'ai
 loupé le dernier quart d'heure, grosso mierdo. J'ai émergé lors du 
générique
 de fin, réveillé par ce je-ne-sais-quoi... C'est vrai ça, c'est 
toujours un mystère :
 on ne sait jamais pourquoi on se réveille pile poil quand commencent à 
défiler les premiers noms 
du générique, alors qu'on dormait à poings fermés durant les longues 
minutes qui précédaient. Des minutes pourtant forcément plus bruyantes 
car, à ce propos, Hans 
Zimmer envoie les grosses basses tout le long et c'est bien pénible (ce 
type-là devrait arrêter, ça suffit, on n'en peut plus de lui, stop). 
J'ai donc
 refait surface dans un drôle d'état,
 ayant zappé toute la partie finale dans le sable, animé de sentiments 
flous et contradictoires à mon égard. J'éprouvais un mélange 
d'irritation 
et d'indulgence vis-à-vis de moi-même : je m'en voulais un peu de ne pas
 avoir tenu jusqu'au bout, après avoir encaissé près de 90% du métrage 
sans moufter, 
mais j'étais aussi très conscient de toutes les bonnes intentions qui 
m'animaient auparavant, et même plutôt satisfait de mon attitude tout à 
fait neutre et posée tout au long d'une séance que je qualifierais de 
studieuse, du moins jusqu'à ce que Morphée rapplique... Durant le film, 
je
 n'ai fait qu'un seul commentaire, 
récurrent certes, sur la ressemblance troublante entre la starlette 
Timothée Chalamet
 et l'animateur Eric Zemmour... Voir en notre Lisan al-Gaib le 
sosie rajeuni, et bien sûr embelli, d'Eric Zemmour, allié à l'incapacité
 patente de Villeneuve à nous rendre un brin intéressant 
son personnage, ça n'invite pas spécialement à l'adorer, à se projeter 
en lui, à suivre ses mésaventures avec entrain. Bon, j'avoue, je n'ai 
pas pu m'empêcher de pouffer lors des fameuses visions de notre héros...
 Paul 
Astéroïde fait des rêves plus ou moins prémonitoires (parfois 
ils se réalisent, parfois pas, ça ne l'aide pas beaucoup) : on y voit 
une jeune fille, portant un voile orange qui virevolte dans le vent, 
marcher en tongs dans le désert, avancer vers nulle part,
filmée de dos (on voit ainsi très bien ses tongs, des Havaianas roses, 
et ça fait pitié, j'ai 
bloqué là-dessus). Celle que l'on devine être l'élue future du cœur de notre élu, 
incarnée par le mannequin taille enfant Zendaya, finit par se retourner 
face à la caméra et nous 
adresse un regard bleu (typique des Fremen) du genre langoureux, dans 
ce qu'on croirait être une pub 
pour parfum insérée là par erreur. Bref, des visions vraiment 
ridicules, sans doute ce qu'il y a objectivement de plus raté dans ce 
terne film. Même la maman de Denis Villeneuve fait la moue devant ça, « Didi,
 c'est du sérieux ? »
 
 
 
 
  
Aucun rêve de mon 
côté, je dormais d'un sommeil sans nuage, comme un bébé... A mon réveil,
 j'ai donc dû demander – parce que quand même, on sait jamais – 
et on m'a raconté la conclusion, qui n'en est pas une, car on ne tient 
là que la première partie introductive d'une saga (« It's just
 the beginning » nous annonce paraît-il Chalumet au bout de ces trois premières heures de film), bref, j'ai donc demandé, en articulant à 
peine, comment 
ça se terminait, n'étant de toute façon pas en état de recevoir la 
moindre information trop compliquée. Et on m'a raconté ça en deux 
phrases, sans la moindre passion, aucune émotion, rien qui dépasse, 
du propre, d'une voix 
monocorde que je ne saurai même plus à qui attribuer, très 
factuellement, très platement, et j'ignore encore si c'était par fidélité
 envers le style Villeneuve ou par simple pitié à mon égard. Dans tous 
les cas, j'ai apprécié. La fin de ce film-là est vraiment pas mal, j'ai 
rien à ajouter. 
Je dois donc le 
reconnaître : je n'ai pas correctement fait mon travail de blogueur 
ciné. Pas en entier. Au 
bout d'un moment, je me suis calé la tête contre l'épaule de ma chère 
voisine, qui a 
gentiment accepté de la supporter (ce n'est pas si courant, elle pèse 
lourd, presqu'autant que celle d'un Harkonnen). J'étais 
bien rangé, au fond du canapé, avec le gros chat de mes amis qui
 était venu s'étaler de tout son long contre moi et me tenait chaud 
(cette énorme bestiole, plus impressionnante qu'un ver des sables, doit 
bien peser 12 kilos, et tant qu'on ne lui touche pas le 
ventre ou d'autres zones aléatoires de son gros corps tout doux, on n'a 
pas trop 
d'emmerde avec elle). J'étais bien, et j'ai progressivement laissé 
tomber
 mes paupières (j'avais pourtant fait une bonne sieste dans l'après-midi
 !). Jusque-là je regardais Dune sans souffrir ni rien, soyons honnête, 
certes bien 
aidé par le saladier de Kit Kat Ball's généreusement mis à ma portée, 
mais avec 
un désintérêt quasi total pour l’œuvre en tant que telle projetée face à
 moi. En soi ce n'est peut-être pas vraiment mauvais, je l'ignore ; je 
ne 
savais même pas quelle note mettre sur SensCritique, pour vous dire à quel 
point cela m'a laissé indifférent... Je savais que ça n'aurait pas la 
moyenne car je n'allais pas me forcer, comme pour ne pas faire de vague,
 à filer la moyenne à un truc 
insipide qui m'a si peu captivé, subissant l'influence d'autres notes 
excessives
elles-mêmes dictées par les médias, l'effet de masse ou que sais-je, 
mais je trouvais qu'un 2 était tout 
de 
même sévère, un 4 généreux, donc bam 3, pour rétablir un semblant 
d'équilibre global et de vérité en ce bas monde (et, surtout, parce que 
je me tape complètement de 
Denis 
Villeneuve – dont le visage ressemble à la filmographie, sans tomber 
dans le  délit de sale gueule, mais c'est vrai quoi, regardez-le, 
attardez-vous sur sa figure plus de vingt secondes, comme personne ne le 
fait, pas même lui ni sa propre maman : il est si fade et 
quelconque, il a l'air niais, le pauvre...).
Comme
 je joue aujourd'hui la carte de l'honnêteté, je vais tout vous dire et 
même procéder à mon auto-critique. Je constate que j'ai un mal fou à 
accrocher à tout ce qui relève de cette branche importante, car 
symbolique et populaire, de la science-fiction qu'est le space opera (et
ce même en littérature, après m'être essayé à des classiques, alors que je 
peux être très client d'une SF autre). Le space opera est un genre 
périlleux mais a priori très cinégénique, un genre que Denis Villeneuve,
 par son approche si sérieuse, figée et glacée, me semble bien loin de 
transcender. Cette SF-là au cinéma ne me semble pas faite pour les élèves 
trop appliqués, pour les premiers de la classe, à moins d'être un génie,
 de s'appeler Kubrick. Il faut y mettre du cœur, oser, y aller franco, 
quitte à se planter, avoir quelque chose à dire, et non se contenter de 
raconter platement une longue histoire, qui se veut pourtant épique et parfois 
complexe, en donnant l'impression que l'on est surtout soucieux qu'elle 
puisse être comprise de tous. Bref, tout ça pour vous dire que je 
n'étais pas le meilleur client pour ce Dune, dont le nom du réalisateur 
m'inspire depuis longtemps une indifférence polie, comme celui de son ami Nolan, et dont même 
l'affiche, montagne de tronches classique, est rebutante d'emblée. Un tel 
film me semble complètement hermétique et cela m'étonnera toujours qu'il
 puisse bénéficier d'un tel accueil, que tant de monde aille le 
voir, que la majorité des critiques applaudisse (« Monumental », vous 
dites ? Ornemental, au mieux...). C'est si difficilement 
accessible à mes yeux... Et malgré ça, toute la famille, belle-famille 
incluse, va le voir au cinéma, la fleur au fusil, ressortant très 
satisfaite du spectacle, de ce long spectacle inhumain, interminable et assommant.
 
La fin d'année approche, les fêtes avec 
elles, et on devra en reparler, c'est sûr. Je sais ce qui m'attend et 
j'ai une réputation à ne pas ternir (notamment auprès de la 
belle-famille, les autres c'est mort, ils savent), celle d'un gars 
fiable, calme et mesuré. 
Si je sors juste un « Franchement, rien à 
foutre de Dune » pour couper court et passer vite à autre chose, ça va 
pas le faire, ça va choquer et jeter un froid... Faut que j'adopte un discours 
diplomate, fait de petites phrases peinardes qui 
passent nickel, et que je la joue finaude, en prenant garde de ne 
froisser personne. Je 
travaille là-dessus depuis quelques jours déjà, je pense même avoir commencé à y réfléchir pendant le film. Je ne veux pas décevoir,
 
ni passer pour snob ou que sais-je. Mais à l'oral, sous le coup du 
stress, ou pris par surprise, je peux être moins à l'aise... Et voilà, 
je sais comment ça va 
se finir, je vais bafouiller un truc qui ressemblera à rien et sans 
doute un peu à ça : « Ouais – je démarre par une note positive, toujours – les 
effets spéciaux sont pas mal, très cleans, sans bavure, y'a du taff de 
pro là
 derrière, ça se voit. Les vaisseaux sont énormes, pas évident à garer 
j'imagine ! – p'tit trait d'humour, j'enchaîne – Et j'ai remarqué un 
truc marrant : les persos sont soit à pied comme des cons, soit dans 
d'énormes 
vaisseaux hideux, y'a jamais d'entre-deux, la bagnole ou les deux-roues,
 ils 
connaissent pas en l'an 10191, c'est chelou... – flop assuré, bon, 
j'essaie de 
me rattraper en montrant que j'ai suivi le truc quand même – Quoique si,
 y'a les fameux hélicos 2 places qui ressemblent à des libellules, ouais
 ouais c'est pas mal ça, c'est LA création visuelle du film que j'ai 
kiffée. Ça vient du bouquin ? Ah, tu sais pas non plus ?... Il t'est tombé des 
mains toi aussi ? – hop, y'a de la complicité là, alors je peux glisser 
quelques piques, tranquille – Bon, par contre, pas ouf le plan 
répété 
sur les tongs de la zonarde dans le désert là... Ça faisait un peu tâche, 
j'ai 
trouvé. Et la BO, un poil relou, non ? Ils ont vu du sable et du soleil,
 alors ils ont mis des tam-tams et des chants africains, quand c'est pas 
les grosses basses habituelles... Brillant. Puis j'ai pas compris le ver
 des sables... C'est sa bouche ou son 
trou de balle ? – je suis clairement allé trop loin, j'essaye de 
remonter la pente, mais ça va être compliqué... – En revanche, j'aime 
bien Rebecca Ferguson, la
 daronne de Paulotréïde, mais c'est purement physique, ça va pas plus 
loin 
entre nous. Si j'étais lui, j'aurais un gros crush sur ma propre 
daronne, ça craindrait ! – je m'enfonce là, c'est clair – Ah, et les 
intérieurs m'ont 
fait kiffer aussi, bon, ils ont l'air de s'y emmerder comme des rats, 
mais y'a de sacrées pièces, de beaux volumes, rarement très éclairé, 
bizarre ça, puis une déco minimaliste, des meubles gigantesques : leur 
longue table de réunion notamment, elle est dingue, pas vrai ? Tu peux 
réunir quoi,
 50-60 personnes tout autour ? Bien pratique d'avoir ça chez soi sur une
 planète où ils sont 12 à tout casser ! – j'en trouve des choses à dire 
sur ce film, mine de rien, mais c'est mal reçu, à l'évidence, ça passe 
pas, alors je rame, je rame – On pige mieux la taille des vaisseaux hein
 ? – je suis au fond du trou, et malgré ça, on me relance, par politesse peut-être... – Chalamet ?
 Ouais il est mimi... Bon, on verra dans 20 ans hein, dans 20-30 ans je 
dis pas, perso j'ai bien ma p'tite idée sur la tronche qu'il finira par 
se trimballer avec l'âge, mais on verra, qui sait, la nature peut 
surprendre... – ah non, je ne prononcerai pas le 
nom de Zemmour, pas à Noël, un Noël sans Zemmour, par pitié ! – Pour 
l'instant il est un peu malingre mais au moins ça nous change des gros 
costauds sans front, puis il va forcément s'épaissir dans les 
suites, non ? Il va grandir, prendre des épaules... Il a quoi, 14 ans ? –
aïe... erreur fatale – Mais... – gros blanc – j'sais pas, j'ai eu du 
mal à m'intéresser vraiment au film, j'ai pas grand chose d'autre à 
répondre 
là-dessus... C'est vraiment tout ce que j'ai à dire sur ce sujet. » 
Dune risque de 
tomber aux repas de Noël, préparez-vous aussi.
Dune de Denis Villeneuve avec Timotée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac et Zendaya (2021)
 





























