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28 février 2019

Apprentis parents

J'ai déjà passé un article entier à m'interroger sur le cas Mark Wahlberg. Tant pis, je vais en consacrer un deuxième. Il me fascine... Rappelons que cet homme-là a été révélé par Paul Thomas Anderson, grâce à son rôle dans Boogie Nights. Quelques années plus tard, il travaillait avec un très louable sérieux devant la caméra inspirée de James Gray (The Yards), un grand cinéaste qui ne tarit pas d'éloges sur l'acteur, le présentant même comme l'un des plus talentueux de sa génération et le rembauchant ensuite pour La Nuit nous appartient. Depuis, celui que l'on surnommait jadis affectueusement "Marky Mark" a choisi son camp et cela semble définitif. Il n'y a qu'à jeter un œil sur sa filmographie, ces dix dernières années. Malgré une courte passade avec Will Ferrell, qui correspond cependant à la chute de ce dernier dans les limbes de la comédie familiale inoffensive et jamais drôle, Mark Wahlberg se donne désormais trois possibilités : jouer au héros chez son grand copain Peter Berg, avec lequel il doit partager les opinions rétrogrades, dans des films de guerre ou des thrillers patriotiques aux relents nauséabonds, faire mumuse devant de gigantesques écrans verts et les yeux explosés de cette andouille de Michael Bay pour les pires blockbusters actuels (Transformers 4 et 5 and counting), ou retourner incarner le papa modèle dans ces comédies familiales sans saveur précitées. L'infect Apprentis parents correspond évidemment à la troisième catégorie.




Le triste couple de quadras égocentriques que Mark Wahlberg forme avec une lamentable Rose Byrne se découvre un beau jour l'envie soudaine d'adopter des enfants. Pourquoi ? Parce que leur famille les met au défi de s'occuper de gamins, sous-entendant qu'ils en sont incapables, et que les petits candidats à l'adoption sont vraiment trotrop mignons sur les photos du site internet, au point de faire pleurer les futurs parents. Ni une ni deux, Byrne et Wahlberg se retrouvent à la tête d'une petite famille constituée de trois frères et sœur chicanos (plus exactement : le stéréotype d'une ado rebelle de 16 ans aux hormones en ébullition, un garçon aussi couillon que maladroit tout juste utile à une paire de gags faciles et une gamine à occire qui hurle à la moindre contrariété ; bref, que du bonheur !). Devant cette succession à un rythme infernal de courtes scènes putrides cherchant par la force à mêler le rire aux larmes, et n'obtenant que des soupirs d'exaspération, nous ne sommes obnubilés que par une chose. Ou plutôt deux : les épaules de Mark Wahlberg. Ses deltoïdes hypertrophiés ! Toutes ces séances de muscu pour ses rôles chez Peter Berg ou Michael Bay font un peu tâche dans une telle comédie familiale. Le mec est taillé comme un char d'assaut, il met tous ses fringues à rude épreuve. Sa tête paraît encore plus petite au-dessus de cette masse hideuse acquise à la sueur de ce front qu'il a si mince. Elle trône à peine sur cet amoncellement de chair surgonflée et débile, produisant un effet désastreux qui contribue beaucoup à la piètre allure de l'acteur, à son ridicule désarmant. Un air de demeuré complet qui nous permet, en fin de compte, de mieux comprendre ces terribles choix de carrière. 


Apprentis parents (Instant family) de Sean Anders avec Mark Wahlberg et Rose Byrne (2019)

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