Heaven Knows What, alias Mad Love in New York, est le chaînon manquant entre les deux premiers films plutôt tranquilles des frères Safdie et leur véritable coup d'éclat plus survolté, le bien nommé Good Time. Dès les premières minutes, nous avons comme la sensation d'être pris à la gorge. Une musique électronique stridente accompagne les ébats et la séparation douloureuse de deux junkies dans les rues de New York. Nous suivons ensuite Harley, jeune femme sans toit et addict sévère, éperdument amoureuse d'Ilya, autre SDF héroïnomane. Le style du film n'étonnera pas ceux qui sont déjà familiers avec le cinéma des frères Safdie : enrobé d'une bande son aux petits oignons (Isao Tomita, Ariel Pink...), mené tambour battant, sec et sans chichi, on a l'impression de coller aux baskets des personnages. Effet garanti. Heaven Knows What nous scotche littéralement et impressionne même régulièrement, comme lors du générique d'ouverture, long plan séquence muet où la caméra virevolte, avec une fluidité exceptionnelle, passant d'une pièce à l'autre, d'un personnage au suivant, tout cela sur une musique électronique dissonante. Nous assistons à une crise de la jeune Harley, dans l'hôpital psychiatrique qui l'a accueillie suite à sa tentative de suicide. Avant cela, la scène d'intro nous avait déjà mis sur le carreau. Pour prouver son amour absolu à Ilya, Harley, dans un élan de folie, se taille les veines devant lui, en pleine rue. Ambiance.
Malgré tout cela, le troisième long métrage de Joshua et Ben Safdie ne tombe jamais dans la facilité, il n'est pas bêtement glauque et ne se complaît guère dans un misérabilisme sordide. Il semble simplement nous dépeindre la réalité, la vie de la rue, tel qu'aucun autre film ne l'avait fait. On repense évidemment à Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg mais il s'agirait alors d'une version contemporaine, beaucoup plus crue et donc parlante. Les Safdie portent un regard étonnant sur ces personnages, dénué du moindre jugement. Ils livrent un film d'une puissance rare, sans doute doté d'une force dissuasive incomparable contre la drogue. Les acteurs, qui ont simplement l'air de ne pas en être, sont tous bluffants, à commencer par Arielle Holmes, dont j'apprends que le scénario est basé sur ses mémoires. Mad Love in New York est une sacrée expérience dont on ressort un peu K.O, plus convaincu que jamais par le talent hors norme des frères Safdie, qui font décidément partie des plus passionnants cinéastes américains actuels.
Malgré tout cela, le troisième long métrage de Joshua et Ben Safdie ne tombe jamais dans la facilité, il n'est pas bêtement glauque et ne se complaît guère dans un misérabilisme sordide. Il semble simplement nous dépeindre la réalité, la vie de la rue, tel qu'aucun autre film ne l'avait fait. On repense évidemment à Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg mais il s'agirait alors d'une version contemporaine, beaucoup plus crue et donc parlante. Les Safdie portent un regard étonnant sur ces personnages, dénué du moindre jugement. Ils livrent un film d'une puissance rare, sans doute doté d'une force dissuasive incomparable contre la drogue. Les acteurs, qui ont simplement l'air de ne pas en être, sont tous bluffants, à commencer par Arielle Holmes, dont j'apprends que le scénario est basé sur ses mémoires. Mad Love in New York est une sacrée expérience dont on ressort un peu K.O, plus convaincu que jamais par le talent hors norme des frères Safdie, qui font décidément partie des plus passionnants cinéastes américains actuels.
Mad Love in New York (Heaven Knows What) de Joshua et Ben Safdie avec Arielle Holmes, Caleb Landry Jones et Buddy Duress (2014)
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