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12 avril 2011

Slice

Je ne suis pas près de revoir un thriller asiatique de si tôt. Ah ça non ! J’en ai ras-le-bol de ce genre de films. Dans ces pages, nous avons déjà pointé du doigt le pourtant acclamé Old Boy de Park Chan-Wook, dans une critique aussi absurde et bête que le film lui-même. Sans regret. Slice nous vient quant à lui tout droit de Thaïlande et je me le suis envoyé hier soir à la place de TopChef, il est donc encore tout frais dans mon crâne d’œuf. Plus frais que The Chaser ou J'ai rencontré le Diable, autres films un peu du même genre que j’ai vus récemment. Pour que vous compreniez là où je veux en venir, je vais me contenter de vous raconter l’histoire de Slice, en essayant d’être le plus clair possible et sans omettre le moindre détail, ce qui n’est pas du tout gagné étant donné à quel point le scénario est tordu… Alors tenez-vous bien !

Bangkok, nowadays. Le héros, prénommé Taï, est un tueur à gages emprisonné qui continue néanmoins à effectuer sa profession intra-muros en éliminant des taulards un peu trop gênants sous ordre de ses supérieurs, qui ne sont nuls autres que des policiers. Lorsqu’une psychiatre pénitentiaire lui demande comment ça va, notre héros tire la tronche et lui cause de ses rêves récurrents, qui semblent être autant de souvenirs désagréables mettant en scène un petit garçon, des valises rouges et des cadavres lacérés. Ceci nous est montré par des flash-back accompagnés d’effets de fort mauvais goût qui font très « série-télé » et agressent nos innocentes mirettes. Pendant ce temps, la ville est frappée par un svelte serial killer qui se balade dans une sorte d’immense anorak rouge. Ce psychopathe a la particularité de découper ses victimes en morceaux, de façon à ce qu’elles contiennent ensuite dans une valise rouge, qu’il dépose un peu n’importe où afin de laisser aux flics le loisir de les découvrir. Le tueur en série s’amuse aussi à arracher les parties génitales de ses victimes pour leur mettre dans le fion. Craspec. Heureusement, ceci nous est juste lourdement suggéré. En outre, ses victimes sont toutes des gros obsédés sexuels, faisant appel aux services des nombreuses prostituées de Bangkok, de préférence transsexuelles, shemales, ladyboys, trannies, ou très juvéniles. La Thaïlande, c’est des putes et des trans’ de partout, demandez à Freddy Mitterrand qui se fait appeler dans la région "two-headed dick, three cumshots", et c’est en tout cas ce que montre ce film, promis à un succès international grâce au scénario machiavélique que je vais continuer à vous dévoiler sans aucun embarras.


En Thaïlande, cet acteur est considéré comme le Richard Gere thaï, la quintessence de la classe.

Un enquêteur camé à la chevelure blanche hirsute et abonné aux chemises hawaïennes à la Ace Ventura dispose d’un délai de 15 jours pour coincer le tueur qui commence à s’en prendre à des personnalités haut placées. La psy pour taulard l’informe alors du lien qui pourrait exister entre Taï et l'individu à capuche tant recherché. Après moult hésitations, il est décidé de donner pour mission au héros de partir à la traque du serial killer et, pour qu’il accepte, on lui promet qu’il sera ensuite libéré de taule et qu’il pourra donc rejoindre sa copine, une thaïlandaise blonde à forte poitrine prénommée Nouille dont il est éperdument amoureux.


Désolé, j'ai cherché une caps où on voyait sa forte poitrine, sans succès.

A la recherche du tueur, Taï revient sur les traces de son passé et se rend compte que ses rêves sont de simples bribes de souvenirs à peine déformés. La jeunesse du héros nous est alors contée à grand renfort de retours en arrière parfois assez inutiles mais qui permettent au film d’avoir le statut de « long-métrage ». On apprend donc que lorsqu'il avait une dizaine d’années, Taï était tiraillé entre une bande de copains brutaux, cruels, méchants, bref, en plein âge bête, et un petit garçon plus solitaire, plus tendre, plus doux, prénommé Nat. Tandis que les premiers lui proposaient d’aller mater discretos la trainée de leur village, le second l’invitait à faire du cerf-volant, à toucher son petit kiki ou à contempler le paysage perchés sur le toit d’une cabane en jouant aux playmobils. Surtout, quand la petite bande de salopards le surprenait en train de traîner avec Nat, c’était la cata : Nat se faisait rouer de coups et traiter de pédé, tandis que le jeune Taï n’esquissait pas le moindre signe de révolte, voire se défendait d’être le pote de Nat, et participait même activement à le bastonner. Nat n’étant pas du genre rancunier, il continuait malgré cela à tenter de copiner avec Taï qui, après 56 bastonnades et humiliations en règle de plus, décida tout de même de prendre le parti de son petit compagnon et de se faire rouer de coups à son tour. Mais leur amitié ne pouvait s’épanouir normalement, puisque Nat continuait d’être la risée de tout le village, et ce notamment parce qu’il était le grouillot de l’épicière (peut-être sa mère, mais j’en suis pas sûr), une femme souffrant d’une terrible maladie de peau faisant de son corps un innommable amas de pustules hideux. Un détail du film assez surprenant et je serais d’ailleurs curieux de savoir si une telle maladie existe. En outre, le petit Nat n’avait vraiment pas de chance puisqu’il avait pour papa un taré profond qui, pour le punir, lui faisait littéralement bouffer ses tongs et, quand il jugeait que la bêtise commise méritait un châtiment plus sévère, choisissait tout bonnement de l’enculer. Pour compléter le tableau, Nat avait été violé par l’un de ses professeurs dont il avait dû sucer la teub de force après qu’il ait été surpris dans son bureau alors qu’il tentait d’honorer un pari idiot avec Taï. Tu parles d'une enfance à la con ! Dans le présent, l’enquête piétine et les cadavres s’accumulent, avec toujours des meurtres que l’on devine d’une cruauté sans nom. L’une des victimes, retrouvée dans une valise rouge, finit par exemple le corps asséché par l’ingestion d’alcool fort et, pour couronner le tout, avec des playmobils profondément enfoncés dans le colon. Le tueur réalise aussi un véritable carnage dans une boîte de nuit érotique lors d'une scène horriblement filmée, incluant ralentis et effets visuels douteux.


Taï, Nat et leur cerf-volant, deux minutes avant de recevoir la baston du siècle.

Au bout d’une heure de film, le héros fait le lien entre ces victimes et toutes les personnes qui, jadis, humiliaient son pote Nat. Ce sont bien elles qui ont toutes finies dans une valise, condamnées à s’auto-administrer un terrible head-fuck ! Nat est donc le tueur , scoop ! Maintenant que l’on sait qui c’est, y a plus qu’à mettre la main dessus. C’est là que le héros se souvient que Nat et lui avaient quasiment terminé dans le petit monde de la prostitution de mineurs, macrocosme très actif en Thaïlande, d'après Fred Mitterrand. Il se remémore également de ce qui les avait définitivement brouillés : l’homosexualité manifeste du jeune Nat, qui se faisait de plus en plus collant, et qu’il avait fini par repousser en s’écriant « Oh je suis pas à voile et à vapeur ! ». Abandonné par son seul ami, le petit Nat termina dans une petite valise rouge, prêt à satisfaire des touristes en échange d'une poignée de bahts dans des chambres d’hôtel miteuses.


LA scène du film, celle qui vous fera le détester et le quitter.

Par un ressort narratif dont je ne me souviens plus exactement, notre héros, qui est au parfum que les changements de sexe vont bon train dans son pays, décide dans un éclair de lucidité de montrer une photo actuelle de Nat au chirurgien esthétique du coin (une photo préalablement empruntée à l’épicière, toujours aussi dégueue et désormais aux portes de la mort). Survient alors le twist final de ce film démoniaque. Lors d’un morphing de tous les diables à partir de la photo du visage de Nat, entrecoupé d’extraits rapides des opérations chirurgicales qu’il a subies, nous découvrons que Nat, le serial killer, n’est autre que Nouille, la bien-aimée du héros ! ma chaise s'était littéralement envolée ! J’étais sur le cul et ultra blasé ! Et je viens donc de vous spoiler le film. Mais je me disais que c’était un accord tacite entre vous et moi, acté dès le début de ce texte affreux. De toute façon, si vous m’avez lu, je ne vous ai pas seulement gâché le film, je vous ai aussi flingué la journée. Et j’en suis pas peu fier…


Heureusement que la caméra ne va pas plus près...

Mais ça n'est pas fini et quitte à raconter le film, autant aller jusqu’au bout du bout et faire ça complètement. Taï est donc un peu dégoûté d’apprendre que son amoureuse est un transsexuel homo et qu’il s’agit donc de Nat, qui l’aimait déjà alors qu’il n’était qu’un petit garçon. Éprouvant néanmoins des sentiments pour lui (ou elle ?), il choisit de le retrouver à leur ancienne cabane, suite à une ellipse bien pratique pour masquer les failles du scénario. Il découvre alors Nat les cheveux de nouveau bruns et dépourvu(e) de sa poitrine mystérieusement disparue. Après une petite causerie courtoise, et alors que les flics rappliquent, Nat demande à Taï de le flinguer, chose qu'il exécute non sans essuyer quelques larmes. Rideau.


Taï et Nat se retrouvent dans les larmes et le sang, avec toujours le sacro-saint pistolet qui règle tout.

Alors je ne sais pas si j’ai tout compris et si je n’ai pas oublié certains détails, mais une chose est sûre : je n’ai rien inventé ! Dans quel état doit-on avoir le ciboulot pour être capable d’inventer une telle histoire ? Je me le demande ! Le pire, c’est que ce genre de film captive de façon très vilaine : on veut connaître le fin mot de l’histoire, justement, pour découvrir à quel point elle est malsaine et tordue. C’est moche, c’est très moche. Et plein de films sont comme ça. On pense donc bien entendu à Old Boy, où, je le rappelle, un type est séquestré des années pour être amené à baiser sa propre fille à la sortie, sans qu’il s’en rende compte, afin d’assouvir la vengeance d’un type qui devrait plutôt jouer aux Sim's. Dans J'ai rencontré le Diable de Kim Jee-Woon, c’est aussi une histoire où la vengeance est un plat qui se bouffe congelé, puisque le héros, dont la fiancée a été victime d’un terrible serial killer, choisit, une fois qu’il a coincé ce dernier, de lui enfiler un capteur GPS dans le bide, pour mieux le relâcher, et ensuite le suivre à la trace et lui coller une raclée dès que ça le démange. Véridique.

Tous ces films sont particulièrement glauques et violents. Les personnages s’envoient des baffes pour s’adresser la parole quand une simple tape amicale sur l’épaule aurait suffit. Je viens, d’une certaine manière, de les imiter. Et je m’en veux. En effet, plutôt que de vous raconter toute l’histoire de Slice, j’aurais peut-être mieux fait de la fermer, et de simplement vous dire que c’est ultra naze. Désolé.


Slice de Kongkiat Khomsiri avec Arak Amornsupasiri, Jessica Pasaphan et Artthapan Poolsawad (2010)

7 commentaires:

  1. Très bon film pour les fans de mauvais goût, mais pas pour les esthètes effarouchés dans ton genre, cher Felix !
    La vraie critique de ce film est à lire ici : http://chris666.blogs.allocine.fr/chris666-298849-slice.htm

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  2. Mais c'était pas sensé être l'histoire d'un couple de scientistes qui créent un gros rat, ce film ?

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  3. Moi je vis d'amour et de pluie ow yé

    Moi je vis, seuleu dans la nuit

    ow yé

    Laisséééé moi danser
    Laiiiiissssééé moiiii

    En tout cas tout cas en touteu liiiiberté touuuuut l'été

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  4. Perso, j'ai adoré le film. Certes, l'histoire est si complexe et fournie qu'il peut rapidement devenir fouilli si on rentre pas dedans. Mais le mélenge des genres thriller/drame apportent au film, non seulement une originalité dans son traitement, mais aussi de la profondeur dans la réflexion faite sur cette société ultra violente qu'est la Thaïlande. Il dépeint très bien le contraste entre l'enfance à la campagne merdique et la vie d'adulte tout aussi merdique en ville. Le film ose pousser sa réflexion sur la société thai et sur sa relation avec le tourisme sexuel en montrant combien la corruption et l'appat du gain sont le moteur de cette situation.

    Les passages des meurtres sont certes too much dans leur traitement, la mise en scène techno à la Gaspard Noé a rien à faire là et c'est plus de la stylisation de petits malins que de l'intention d'auteur pure. Le film se serait limiter à ça, j'aurai été d'accord avec toi. Mais il va bien plus loin, notamment avec les scènes de souvenirs d'enfance, d'une beauté et d'une justesse incroyable, renforcée par la brutalité et le rythme coké des scènes de villes contemporaines.
    Poussant un peu trop le côté larmoyant, à la manière de Lars von Trier dans Dancer in The Dark, Khomsiri sert un portrait au vitriol d'une société où il n'y a plus aucun remport pour contrer la violence, dont les premières victimes sont, bien sûr les enfants. Aux vices importés par les Occidentaux par le tourisme sexuel, le réalisateur oppose les dérives sous-jacentes des campagnes appauvries. Au final, Slice s'avère bien plus intéressant pour son aspect drame social que pour son côté thriller. Mais l'un et l'autre se complètent et leur contraste et leurs similitudes approfondissent le discours critique de Khomsiri. S'offrant le luxe de passer d'un genre à l'autre, les différenciant par une mise en scène et une photo propre à chacun, s'appuyant sur les contrastes sociaux pour développer les contrastes esthétiques.

    J'ose mettre le lien vers ma critique, prévenant tout de même qu'il s'agit d'un 5/5 de coeur en or massif ^^

    http://www.celluloidz.com/2011/02/slice/

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