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20 décembre 2010

The House of the Devil

The House of the Devil est tout à fait à l'image de ses affiches, qui reproduisent le style visuel des posters des films de genre des années 70-80, mais joliment, sans lourdeur ni trop d'exagération, à la différence, par exemple, de celles des Grindhouse du duo maléfique Tarantino & Rodriguez. La comparaison, en faveur de The House of the Devil, pourrait évidemment ne pas s'arrêter aux affiches. Vous n'y trouverez pas d'effets idiots ajoutés à l'image ou d'autres éléments de ce style issus du pire du cinéma bis (par exemple : du gore à deux balles, des pouffiasses vulgaires, de l'humour lourdingue, des acteurs qui en font des caisses, etc). A la différence des titres Grindhouse, le film de Ti West veut ressembler aux grands classiques horrifiques de la période, et non aux petites série b souvent pourries mais qu'il est désormais "trop cool" d'adorer.  




The House of the Devil ne cherche pas à "faire vieux" en dehors peut-être de son générique d'ouverture et de fin (mais ça n'est pas un mal vu qu'ils étaient plus classes que ceux d'aujourd'hui). L'action étant située dans les années 80, la BO (quand il s'agit de chansons, toujours écoutées par les personnages eux-mêmes, et non disséminées par le réalisateur qui veut prouver qu'il a une belle collection de vinyles) coule également de source et n'a pas l'air d'être là pour flatter le mélomane nostalgique. Ce film réalisé par un jeune cinéaste indé prometteur veut donc assez modestement s'inscrire dans la lignée des plus mémorables œuvres horrifiques de ces années, tout en étant un bel hommage, discret bien que parfois un peu maladroit, qui nous amène inévitablement à penser à Carpenter et Polanski (et surement à d'autres, mais ce sont les références les plus évidentes, surtout le second, pour Rosemary's Baby). L'action du film se déroule elle-même dans les seventies.




L'histoire est aussi simple qu'efficace, et moi qui n'en savais rien, je préfère ne rien vous dire ; l'actrice principale, une jolie brune qui a l'air échappée d'un film d'Argento (aka le "crystal skull", qui avait surtout bon goût en matière d'actrice avant d'être un cinéaste doué) fait un peu penser à Margot Kidder, est parfaitement choisie ; le film est réellement stressant et parvient facilement à faire peur, la tension montant crescendo, malgré un léger flottement avant le quart d'heure final, où l'horreur explose enfin véritablement à l'écran. Car jusqu'à ce dernier quart d'heure, on peut presque dire qu'il ne se passe rien, mais là n'est pas l'essentiel, tant Ti West parvient avec succès à instaurer une ambiance aussi pesante que captivante.




Le film n'est bien sûr pas exempt de défauts, j'en ai d'ailleurs évoqué quelques-uns, et je citerai également sa toute fin, avec ce cliffhanger un peu inutile qui est surtout un dernier clin d'œil un peu trop appuyé aux films des seventies. Mais The House of the Devil est tout de même une vraie réussite, et peut-être bien le meilleur film d'horreur sorti depuis un sacré bout de temps. On a réellement l'impression de découvrir un "petit classique" oublié des années 70, un très bon film d'horreur en tant que tel, avant d'être un simple hommage, visant à cajoler la mémoire cinéphile de ses spectateurs.


The House of the Devil de Ti West avec Jocelin Donahue, Tom Noonan, Greta Gerwig et Mary Woronov (2009)

21 commentaires:

  1. Yo les putes, il est pas mal vot' rade. Vous passez quand vous voulez à la maison : asbaf.fr

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  2. Ouais passez chez nous, sur ASBAF on vous accueille chaleureusement avec de la cocaïne.

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  3. Merci pour vos invitations si chaleureuses. :)

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  4. Je suis en tous points d'accord avec cette critique. Je le dis parce que mon avis vaut de l'or. Et au passage, cet article fait passer Tarantiflax en première place de vos tags, juste devant Klapisch et Fincher, et ça c'est limite plus flippant que toute l'oeuvre de Carpenter et Argento réunis.

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  5. tres bon film ! merci d'en parler

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  6. Je suis particulierement d'accord avec cette critique en particulier le dernier parapgrahe.

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  7. Je vous invite à lire cet article!
    http://www.citizenpoulpe.com/the-house-of-the-devil-ti-west/#utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=the-house-of-the-devil-ti-west

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  8. Chouette critique, oui, avec laquelle je suis entièrement d'accord. :)

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  9. Je plussoie complètement, ce film est tout bonnement excellent malgrés ses qques petits défauts
    A voir absolument!

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  10. Excellent film et Innkeepers est encore mieux!!

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  11. Je vous trouve pour une fois bien gentils avec ce petit téléfilm qui se gaufre dans l'escalier des conventions du genre après une petite heure plutôt sympa. Il était d'ailleurs temps que vous me déceviez un peu, j'avais tendance à vous aduler plus que de raison.

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    1. Et je te trouve donc particulièrement sévère ! Si ça c'est un "petit téléfilm", comment peut-on qualifier l'écrasante majorité des films d'horreur qui sont produits aujourd'hui ? :-0

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  12. Je ne peux que déplorer avec vous l'état du cinéma d'horreur d'aujourd'hui, et je boude ostensiblement le tout venant de la production contemporaine, ayant par ailleurs largement passé l'âge des ravissements de l'épouvante : je suis bientôt titulaire d'une carte vermeil et m'apprête à jouer dans le remake de "Amour" de Haneke dès que ma femme aura fini son rewriting.
    C'est pour ça que House of The Devil m'a laissé sur ma faim, alors qu'avec The Pact, la précédente de vos suggestions que j'avais suivie, je me suis fait dessus et j'ai dû racheter en urgence des couches senior.

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    1. Ravi d'apprendre que The Pact t'a plu !
      Si tu as également des suggestions à faire de ton côté, n'hésite pas. Comme tout amateur du genre, je suis désespérément à la recherche de bonnes péloches.

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  13. J'ai un ami abonné à Mad Movies, de 10 ans mon cadet, quand je lui dis ma lassitude du film d'épouvante il prend peur de devenir comme moi quand il aura mon âge : le nombre de films à voir augmente alors que l'espérance de vie diminue, donc je choisis dans des genres plus féconds ou plus nourrissants pour moi. Je ne peux plus vivre comme lui de Slim Fast et et méthédrine. Il me semble ausis que dans l'horreur comme ailleurs, il se passe plus de choses dans les séries que dans le cinéma. Il y avait quelques numéros corrects de "Masters of Horror", et le pilote d'American Horror Story était assez prometteur.

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  14. "John dies at the End", de Coscarelli ("Phantasm", "Bubba Ho-Tep") regardé ce week-end, est assez plaisant.
    Mais le meilleur film d'épouvante reste ma tronche dans le miroir tous les matins.
    Un ado attardé enfermé dans un cadavre de jeune vieillard en décomposition, pouâcre ! on s'en lasse pas.

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    1. Bien envie de le voir, ce John Dies at the End. Il a l'air très intriguant.

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    2. Ben, ça dépend. Si tu aimes Philip K. Dick et les Monty Python, et si tu n'as rien contre le mélange des dieux...

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  15. Tiens, j'ai revu Repo Men. Sous ses airs de sous-Brazil assaisonné de violence gore, la critique sociale est extrêmement virulente. C'est un peu cela qui a disparu du cinéma d'horreur contemporain.

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    1. Tu parles du film avec Jude Law et Forest Whitaker ? Il pourrit sur mon disque dur externe depuis plus de 2 ans et tu es le premier à me le rendre un peu intriguant.

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  16. Un des premiers rôles de Greta Gerwig, on ne le dit jamais assez ! Mais Ti West a parié sur le mauvais poulain, car s'il lui avait filé le premier rôle, son film aurait pu être sous le feu des projecteurs après coup !

    http://ilaose.tumblr.com/post/74048256965/greta-gerwig-dans-the-house-of-the-devil-de-ti

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