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16 novembre 2014

Sécurité Rapprochée

Il n'y a strictement rien de particulier à dire sur ce film qui ressemble à s'y méprendre à un mauvais épisode de 24 Heures Chrono, orphelin de tout ce que les aficionados de la série en temps réel aiment y retrouver : la voix rocailleuse de Kiefer Sutherland, les pétages de plombs récurrents de son personnage, l'humour involontaire de certaines situations à prendre au second degré, les méchants très très méchants, les interjections systématiques de type "Drop your weapon now !" ou "Copy that !?!", les scènes de torture gratuites, les gros lolos rebondissant de la blonde Elisha Cuthbert, etc. Oubliez tout ça, et ne conservez que les travers, et notamment les pires tics de mise en scène chers à cette série : caméra tremblotante, gros plans constants et excités, montage à coups de hâche... Mais aussi la bande son ! Sur ce point, on n'insistera jamais assez sur l'influence décisive de la musique du jeu vidéo d'infiltration Project IGI sur les BOs de séries et films d'action hollywoodiens. C'est frappant ! Sécurité Rapprochée est donc un triste thriller, taillé pour le petit écran, qui se veut tendu, nerveux et haletant mais qui ne parvient qu'à rendre le spectateur chaud bouillant, énervé et à cran, même quand celui-ci n'a pas déboursé le moindre centime pour le voir et garde sa télécommande à portée de main pour couper net à chaque instant.




Puisqu'il n'y a rien d'autre à ajouter, profitons donc de ce film pour dire quelques mots sur ses deux acteurs principaux, j'ai nommé Denzel Washington et Ryan Reynolds. Commençons par le premier, celui qui, curieusement, est bien trop souvent à l'abri des critiques. Il est temps pour nous de régler nos comptes avec lui et de remettre les points sur les i. Regarder Sécurité Rapprochée en ayant toute connaissance de la carrière en chute libre de la star donne tout simplement envie de crier haut et fort qu'on tient là une belle et grosse enflure. Ok, il a l'air cool et il a une bonne tronche sympathique qui fait que tout le monde l'apprécie, mais il faut vraiment zieuter sa filmographie de plus près ! Unstoppable, Le Livre d'Eli, L'Attaque du métro 123, Déjà Vu... On ne peut pas avoir pour meilleur ami Tony Scott (RIF), produire des films d'action minables à la chaîne, et passer à travers les balles toute sa vie sous prétexte qu'on a un sourire irrésistible, une classe certaine et un blase du tonnerre... Et puis il joue tout le temps le même rôle, et toujours de la même façon ! Il est systématiquement ce bon américain lambda, intègre, contraint à devenir un héros et doté d'un vieil humour pince-sans-rire insupportable, quand il ne campe pas un personnage de vilain aux capacités cognitives hors normes, ce qui lui permet de se faire plaisir en cabotinant à mort (rappelons que cela lui a tout de même permis de décrocher un Oscar...). Dans Sécurité Rapprochée, on est plutôt dans le second cas de figure : Denzel en fait des tonnes dans la peau d'un ex-agent de la CIA devenu l'ennemi public numéro 1. On apprendra à la fin du film qu'il n'est pas si mauvais que ça, évidemment, ce qui permet à l'acteur de retrouver son registre fétiche. Sécurité Rapprochée (quel titre à la con au fait !) fut pour moi le film de trop et je profite d'être derrière l'écran de mon ordinateur pour déblatérer tout ça sur Denzel car si je l'avais en face de moi, je sais bien que je serais le premier à lui taper sur l'épaule. Je finirais peut-être même par faire fi de mon hétérosexualité si l'occasion se présentait.




Passons moins de temps sur le cas Ryan Reynolds. Il y a de toute façon si peu à dire sur cet homme-là... Ryan Reynolds... RYAN REYNOLDS. Regardez sa tronche, son allure... Il n'est bon à plaire qu'à des tocardes comme Scarlett Johansson ou Blake Lively... Si ma dulcinée me quittait pour les bras d'un tel tocard, nul doute que tout mon amour, aussi ardent soit-il, se transformerait en un bloc de mépris glacial dans la seconde où j'apprendrais la sale nouvelle. Comment peut-on penser une seconde que ce type-là a les épaules et le charisme adéquats pour être le héros d'un film d'action, ou d'un film tout court ? Comment peut-on ? Dans Buried, il parvenait tout juste à faire illusion, sa transparence totale n'apportait certes aucune valeur ajoutée mais elle n'était pas trop embarrassante, calfeutrée dans 1m² d'acajou et l'obscurité quasi complète. Il incarne ici un bleu du CIA dont la mission est de surveiller Denzel et de le maintenir dans une safe house (résidence sécurisée et titre original de ce film en carton). S'il réussit, il pourra suivre sa petite amie et être muté en France. Pour vous rassurer, car vous non plus vous n'avez pas envie de voir le QI moyen de notre beau pays diminuer d'un seul coup, répétez-vous la phrase "It's only a movie, it's only a movie, it's only a movie !". Plus simple encore : ne matez pas ce film, simple conseil amical !


Sécurité Rapprochée de Daniel Espinosa avec Denzel Washington, Ryan Reynolds, Vera Farmiga, Brendan Gleeson, Sam Shepard et Robert Patrick (2012)

6 commentaires:

  1. Je crois n'avoir lus critique plus haineuse et minable depuis très longtemps sur les internet .

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  2. Sur les internet ? Mais sur l'internet y'en a quand même pas mal...

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  3. Liza Azuelos, Daniele Thompson, Tonie Marshall, c'est les mots clés pour toi pour trouver des critiques encore plus haineuses sur ce site. Par contre, le minable c'est oit.

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  4. Ah vous n'aimez plus Denzel Washington? Vous savez qu'il est tributaire du système américain porté sur le profit au détriment de l'artistique? Récemment il n'était pas vraiment mauvais dans Flight et vraiment excellent dans American Gangster ( où il y joue un gros enfoiré sympathique).

    Après , ce film mérite l'opprobre . Film que je ne vais jamais voir d'ailleurs.

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  5. Denzel Washington m'avait beaucoup plu dans Flight, à tel point que ma critique du film est un long éloge de l'acteur :
    http://ilaose.blogspot.com/2013/01/flight.html
    Bon à savoir aussi : cette critique de Flight a été écrite bien après celle de Sécurité Rapprochée (pourtant publiée presque deux ans plus tard !).
    Mais Denzel l'avait bien cherché, sur ce coup-là. :)

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  6. Je viens de voir "Equalizer" : c'est une synthèse ce film.

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