Près de vingt ans après Mes Meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, où Christian Clavier, Jean-Pierre Darroussin, Marie-Anne Chazel et Jean-Pierre Bacri arboraient des permanentes monstrueuses et des tenues de cirque pour singer les hippies français des années 60/70, Julien Rambaldi réalise Les Meilleurs amis du monde, où Marc Lavoine porte une grosse moustache et des lunettes fumées et où Pascale Arbillot étouffe sous un carré blond bouffant digne de la chevelure plastifiée d'une Doris Day sous amphétamines non pas pour caricaturer une époque passée - le film se déroule de nos jours - mais pour nous faire rire... Je suis peut-être le seul dans ce cas mais je l'avoue : j'ai vu ce film. Et en entier, grâce à une fatigue de celles qui vous enlisent devant les pires spectacles et vous les font endurer sans réaction. Lorsqu'on a survécu à l'une des premières scènes où l'on voit Léa Drucker chanter au volant de sa Volvo avec Pef à ses côtés, sur la route de la maison de vacances d'un couple d'amis qui en fait les déteste, on s'enfile forcément le reste, par masochisme dégueu.
"Pef" et ses amis se torchent avec le cinéma et moi je les regarde faire...
Bref, j'ai vu la chose, malgré les conseils de Félix, malgré sa prévenance et sa bienveillance. Je resitue la scène : un soir, devant mon mac, DD externe branché, fichiers ouverts sur le bureau, Félix à mon côté le doigt pointé vers le .avi des Meilleurs amis du monde, me regardant droit dans les yeux en secouant la tête lentement de la gauche vers la droite. Cet homme est attentionné, il est protecteur, c'est le meilleur ami du monde et lui n'en fait pas des films de merde. Pourtant j'ai cliqué, j'ai fait glisser et collé. Pire encore, je l'ai vu. Et je l'ai vu en entier... C'est une infatigable saloperie mais ce qui me tue encore et toujours devant ce genre d'horrible bavure cinématographique, c'est l'incapacité de ces gens-là à accoucher ne fut-ce que d'une seule vanne, d'une seule plaisanterie. Je vous avais déjà fait part de mes interrogations face à ce phénomène anti-humour à propos de Mon Beau-père et nous. Je me répète un peu mais c'est un mystère qui reste entier et qu'il faudrait résoudre un jour ou l'autre, le mystère de l'incompréhensible faculté de ces soi-disant comiques à ne pas décrocher le moindre sourire au spectateur en une heure et demi de soi-disant comédie.
C'est presque impossible normalement. Même avec un bruit de pet on devrait être capable de faire marrer. Je pense à cette scène dans Step Brothers où John C. Reilly lâche une interminable caisse dans le bureau de son futur employeur, lequel analyse la situation en disant que ce vent sent l'oignon et le ketchup et que la pièce est trop petite pour contenir un pareil pet. C'est très con, c'est que dalle, c'est un pet, mais ça peut suffire parfois, quand c'est bien joué, agrémenté de répliques originales et bien géré par un timing au cordeau. Et quitte à verser dans le scato pur et dur, comme Adam Sandler dans Jack & Jill, on peut y aller à fond et faire durer la situation en allant crescendo dans le comique de geste, comme quand le personnage masculin du film en question est littéralement défenestré par l'homoncule merdeux qui lui grimpe dans les narines après avoir traversé la porte des gogues où sa sœur, également jouée par Sandler, se libère de quelques tortillas... Eh bien beaucoup de gens ne savent même pas faire rire avec les choses les plus simples, avec une chose aussi simple qu'un long pet : je vous renvoie à Jurard Gégnot au début de Rose & Noir, qui n'arrive qu'à rendre la chose sordide et repoussante et à nous soulever l'estomac gratos... Les types aux manettes des Meilleurs amis du monde n'ont même pas l'idée du pet, quoique si, le scatologique leur vient à l'esprit, il y a tout un tas de scènes où Pef dessine sur des rouleaux de PQ et où Marc Lavoine défèque sur un trône donnant immédiatement sur le jardin, mais ils n'ont pas le minuscule truc en plus qui permet de faire rire à partir des expédients comiques les plus basiques et se contentent d'accabler leurs rares spectateurs. Ils mériteraient d'être le sujet d'une thèse angoissante de para-psychologie, ou plutôt de chimie moléculaire sur la mort par manque de sollicitation du génome de l'humour. A noter que Julien Rambaldi, le réalisateur de ce torture flick, est le fils de Carlo Rambaldi, créateur et père de la marionnette d'E.T., ce qui fait de lui un authentique extra-terrestre, un petit homme vert. Après tout peut-être que sur Mars sa grosse daube fait pisser de rire quelques tarés...
Les Meilleurs amis du monde de Julien Rambaldi avec Marc Lavoine, Pef, Léa Drucker et Pascale Arbillot (2010)
Qu'il soit le fils de Carlo Rambaldi, ça explique un peu comment il a pu arriver à travailler dans le cinéma...
RépondreSupprimerC'est pas VRAIMENT son fils. Du moins je crois pas O_O
RépondreSupprimerÇa me fait une drôle de sensation de revoir ce film à la une de notre blog aujourd'hui, ce vieux démon du passé que j'ai tout fait pour combattre et oublier...
RépondreSupprimerIl est bon Darroussin dans ce film ?
RépondreSupprimerNAN MAIS EN MEME TEMPS Y'A PEF DANS CE FILM! PEF! MEME SON PSEUDO PUE! PEEEEFFFFFFF!
RépondreSupprimerET MARC LAVOINE QUI ESSAYE DE GOBER DES PETS AVEC SA BOUCHE ! C4EST DU PROPRE!
J'ai zieuté non pas le film mais la scène décrite au début de l'article de Félix secouant la tête, le doigt écrabouillé sur l'écran là où est indiqué l'emplacement de son DD où il a laissé ce film horrible, ça je l'ai zieuté en technicolor (RIP). Cet homme est un démon, qui dit "non" en tendant la pomme empoisonnée à son meilleur ami.
RépondreSupprimer:D
SupprimerCeci dit, il y a un goof important dans le court-métrage diabolique que tu t'es projeté dans cette immense salle de ciné porno qui te sert de caboche. Si j'écrabouillais mon doigt sur l'écran du Mac de ton bro', je me ferais tout simplement trucider et je perdrais au moins mon index ! :)
Pas auf !
SupprimerPas auf du tout.
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