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8 juillet 2012

Bel-Ami

Une semaine avant la sortie de The Amazing Spider-Man, Hollywood nous a livré son adaptation du Bel-Ami de Maupassant. L'imagination ayant totalement foutu le camp chez les scénaristes des grands studios, quand ces derniers ne tournent pas misérablement en boucle sur les pires comics pour adolescents peu exigeants ils s'en prennent à un autre matériau brut, d'une qualité inversement proportionnelle : les grands auteurs classiques. C'est plus rare évidemment, et pour un roman des sœurs Brontë ou de Maupassant taillés en pièces sortent cent films de super-héros, mais le mal occasionné est plus grand. Il est plus grand quand le produit ciné fruit de l'adaptation, d'une qualité médiocre quoi qu'il en soit, massacre un grand texte au lieu de sur-populariser une bande-dessinée déjà populaire et de crétiniser un comic book déjà crétin. La crétinisation du texte de Maupassant s'organise en deux temps. D'abord celui de la mise en scène, d'une banalité sans faille bien qu'essayant vaguement de passer pour maligne, balisée par le cahiers des charges habituel, le guide du routard hollywoodien, le petit futé du film en bois, le manuel illustré d'Alan Smith en personne. Le film de Declan Donnellan et Nick Ormerod (car ils s'y sont mis à deux…), qui se paye pourtant le luxe d'avoir Maupassant pour scénariste, Maupassant l'un des plus grands et des plus efficaces conteurs de l'histoire de la littérature, nous plonge dans un ennui tel (le film est presque aussi excitant que son homonyme Bellamy) qu'on se met à observer les plans concoctés par les deux horlas aux manettes et par mille autres manchots avant eux, à scruter chaque travelling et chaque contre-plongée, et il y a de quoi se rendre nauséeux comme on peut l'être face à un Paris-Brest (même si une tarte à la crème serait plus adaptée) quand on en a déjà bouffé des tonnes, à ceci près que ce film n'a pas le centième de la saveur d'un Paris-Brest. Puis, seconde étape de la crétinisation de l’œuvre originale : les comédiens. Et petit interlude imagé avant d'attaquer le second et dernier (faut pas exagérer) paragraphe de cette critique :




Tous les acteurs du film sans exception cabotinent comme des sagouins en donnant à la prose de Maupassant des accents vaudevillesques de théâtre de boulevard. Le cadavre d'Uma Thurman et le squelette de Christina Ricci s'appliquent à foutre en l'air tous leurs dialogues et se rengorgent de vomir ici ou là un mot en français, y compris le titre du film et de l’œuvre source, qui risque d'en pâtir à jamais. La palme revient peut-être à Robert Pattinson, qui minaude d'un bout à l'autre comme la dernière des starlettes glam-rock en mal d'amour (le magazine Glamour donne d'ailleurs 4 étoiles au film comme nous l'apprend une affiche rose-bonbon proprement hideuse, en affirmant : "Les Liaisons Dangereuses pour une nouvelle génération", c'est juste dommage qu'ils aient confondu les deux livres). Pattinson en fait des tonnes à coup de froncements de sourcils inopinés et de mouvements de lèvres en tous sens, supposés chavirer les dames. L'acteur se sait boloss et fait tout pour l'être à chaque seconde où il est à l'image (ça fait un paquet de secondes d'auto-masturbation), n'ayant pas encore compris que c'est en évitant de la quêter que la beauté apparaît. Pattison inverse sous nos yeux le paradigme mathématique selon lequel moins par moins égale plus : plus il en fait des tonnes moins il nous convaincra et si je ne parle que de ce tocard c'est vous dire qu'il n'y a rien à retenir de cet affadissement malingre du roman de Maupassant. Dans les toutes premières scènes le film semble bénéficier malgré lui de la richesse du texte qu'il adapte mais très vite Hollywood dans ce qu'il a de pire reprend ses droits et une superficialité accablante vient martyriser l'écrivain français. Le vrai drame c'est que pour quelques années la couverture de l'édition poche de Bel-Ami sera à l'effigie vulgaire de ce naveton de premier choix.


Bel-Ami de Declan Donnellan et Nick Ormerod avec Robert Pattinson, Uma Thurman, Christina Ricci et Kristin Scott-Thomas (2012)

20 commentaires:

  1. que dire de plus à ce commentaire, tout y est. Un vrai navet ce film. Pattinson aurait du rester ce pauvre vampire, c'était même mieux que ces grimaces et mimiques en tous genre. Ce n'est pas grace à ce film qu'il gagnera ses galons d'acteur. il confirme la limite de son jeu.

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  2. Parfait, bien résumé, bien envoyé, c'est un sans faute. A défaut d'un bon film, on aura au moins votre critique ;-)

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  3. Il manque à ta grille de notations, une note entre pas mal et pas terrible ^^
    Pour ma part, seules Christina Ricci et Uma Thurman m'ont séduit !

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  4. Commentaire sur un site marchand :
    « J'ai acheté ce livre avec la couverture représentant Robert Pattinson, Uma Thurman et cie. Finalement, ce que j'ai reçu ne correspond pas du tout à l'image! La couverture est une peinture d'un homme et non une <> du film.
    Donc, n'achetez pas le livre pour la couverture! Jeavais déjà le livre(le même que j'ai finalement reçu), et j'ai voulu le racheter pour la couverture : mauvaise surprise! Sinon, le contenu est un vrai chef d'oeuvre à lire absolument. »

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  5. Rah merciiii !! J'ai manqué me pendre en voyant l'affiche du film, j'aurais voulu cracher dessus si je n'avais pas eu la bouche rendue sèche par le désespoir. Finalement, je me suis dit que ça valait pas la peine de supprimer ma ptite gueule du monde pour ça et je me suis rassise dans mon canapé. J'ai regardé For a Few Dollar More pour me consoler. Na.

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    1. Quelle sage, très sage décision :)

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    2. Ah et Blandine je ne sais pas si tu as vu mais on a une mission pour toi dans les commentaires de la critique de Wall-e :)

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    3. Ah ! Je vais aller voir ça :) !

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  6. Putain de merde. PUTAIN DE MERDE. Sérieusement quoi, folio. Folio Golio! GOLIO FOLIO!
    Et attendez, attendez, bientôt l'écume des jours avec Duris en couverture... On aura le droit de prendre les armes ce jour-là. Maupassant a peut-être tourné fou, simplement parce qu'il avait capté ce qu'il allait se tramer sous ses bouquins... PUTAIN DE MERDE.

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    1. "Bel-Ami" est certainement un petit chef-d’œuvre à côté du futur "L'Écume des jours" de Gondry...

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  7. Bel ami seul ce soir, j'ai pleuré sur tes paaaas...

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  8. J'ai mis "pas terrible" parce que j'ai été davantage déçu que le film ne soit pas plus pourri qu'il ne semblait être à vous lire que je ne fus déçu par l'adaptation, n'en attendant rien. Le film est effectivement une plaie dans la lèvre de Maupassant (qui était coutumier des herpès) mais ça "se mate". C'est de la grosse grosse merde mais "ça passe". Mais c'est à chier attention ! Non, surtout j'ai trouvé que les femmes sont trop maigres (à l'époque, bourgeois rimait avec chocolat !), Pattinson cabotine trop (mais pas autant que j'aurais cru), que Scott Thomas en fait des caisses, que c'est mal raconté, mais que PAR CONTRE, Ricci se nique todalmente ! C'est le seul movizz je crois où je la trouve un PEU charmante. Et tirable. BREEEEEEF.

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    1. Faut-il avoir 4h30 de train devant soi pour aller au bout de ce film mort-né.

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    2. A la fin il les nique TOUS ! (et toutes)

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    3. Toi, tu n'as pas vu Black Snake Moan.

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  9. c'est Christina Ricci sur l'image?

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