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4 juin 2011

London Boulevard

Quand t'es condamné à avoir le cul vissé sur le siège inconfortable d'un Téoz Eco pendant 10h avec comme seul échappatoire un mini laptop à la batterie chargée à bloc et contenant une petite paire de films sélectionnés à la va-vite, tu es normalement prêt à t'enquiller n'importe quelle saloperie, histoire d'éviter de regarder ton voisin envieux dans le blanc des yeux. C'est du moins ce que je croyais, jusqu'à cet épouvantable trajet Lille-Portbou où j'ai eu la sale idée de lancer London Boulevard. On pourrait appeler ça le "Test du Téoz Eco" : quand un film ne parvient même pas à capter notre attention lors d'un voyage en train interminable que l'on cherche pourtant à écourter par tous les moyens, c'est que le film en question est réellement merdique. C'est donc le cas de ce London Boulevard que l’on doit au dénommé William Monahan, un sale type dont je viens d’apprendre qu’il est surtout connu pour être un scénariste reconnu et multi-récompensé : point d'orgue de sa carrière, l'Oscar du meilleur scénario pour Les Infiltrés de Martin Scorsese, un malheureux remake à peine déguisé !


Y a pas mal de "sessions seigue" qui tombent à l'eau avec une telle photo

Colin Farrell incarne ici un ex-taulard roi du braquo qui profite à peine de ses premières heures de liberté quand il se voit proposer une offre qu'il ne peut refuser : devenir le bodyguard d'une actrice assaillie par les paparazzi, tellement célèbre qu'elle est chaque semaine en couverture de tous les magazines people. Et tellement bonne que ses cousins ont changé de nom pour avoir une chance de lui faire sa fête, on se comprend. Quand Farrell voit que cette actrice a les traits délicats de la maigrichonne Keira Knightley, son sang ne fait qu'un tour, surtout au niveau de ses corps caverneux, et il accepte illico. Mais c'est sans compter sur ses anciens potes truands qui ne l'ont pas oublié et qui lui rappellent dès qu'ils peuvent son passé de malandrin, notamment par des coups de fil incessants. Farrell ne passe jamais une heure tranquille en compagnie de sa future conquête anorexique sans être dérangé par son téléphone. "Hé y'a une fusillade suivie d'un McDo prévue demain à telle heure, t'en es ou quoi ? Y'aura du sang sur les murs et ça sera pas le mien, on va faire des bas-reliefs sur les murs avec les gueules de nos victimes !", "Ow j'ai un bon plan de braquo facile d'une BNP tranquille, je peux compter sur toi ou quoi ? C'est un plan en or, gros, on mettra des masques de présidents des States pour ne pas se faire reconnaitre et on fera une session surf après, pour se détendre...", "Tu viens chez wam demain soir ou quoi ? J'ai PES et le dernier Marc Esposito, mec, j'ai aussi la vidéo de Taïg Kris qui saute de la Tour Eiffel en HD !", "Yo Ferraille de mes deux astérosourcils de merde, j'ai gagné deux billets pour aller voir Sochaux - Guingamp (64ème de finale de Coupe de France) et j'ai direct pensé à toi quoi". Farrell a beau répondre "quoi" systématiquement, il finit par céder, et le voilà à nouveau embarqué dans une sale histoire à Montbéliard...


Déchu de ses poils, on dirait une photo du profil facebook de mon cousin

London Boulevard
est donc un très banal film de lascars que l’on pourra ranger dans les pires dvdthèques aux côtés de Get Carter (la version avec Sly Stallone !) et du coffret réunissant l’ensemble des saisons des séries Veronica Mars et Joey. Dès le départ, le film m’a foutu le cafard et a plongé le compartiment dans lequel j’étais installé dans une ambiance délétère. Ces histoires-là, je n’en veux plus ! Le coup du lascar à la gueule d'ange fraîchement sorti de taule (Colin Farrell) qui s'amourache d'une tocarde a priori inaccessible (Keira Knightley) tandis que lui pend au nez la menace de retomber dans ses travers et donc de finir à nouveau derrière les barreaux ou avec une balle dans le crâne : c'est du réchauffé, du déjà vu et revu des milliers de fois ! Et c’est d’un chiant tellement carabiné que ça m'emmène direct aux chiottes du Teoz Eco histoire de me vider de mon courroux quitte à me tordre les boyaux de manière irrémédiable…


Cette image résume deux effondrements de carrière imminents

Je vous dis tout ça alors que j'ai vu l'intégralité de ce film en un quart d'heure, en accélérant un max. Il a fait fondre la batterie de mon EeePC qui pédale dans la choucroute dès qu'il s'agit de passer des vidéos en avance rapide. Du coup, ce film m'a non seulement fait paumer 15 mn de mon temps mais peut-être environ 2 heures d'autonomie à la batterie de mon mini ordi. Résultat, j'ai passé les deux dernières heures de mon voyage à zieuter le décolbard de la vieillarde obèse assise en face de moi. Faute de mieux, j'étais en train de traverser la banlieue de Thionville !


London Boulevard de William Monahan avec Colin Farrell et Keira Knightley (2011)

9 commentaires:

  1. Critique géniale, elle atteint des sommets, j'adore ! Je kiffe, je plussois

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  2. lol@la légende de la deuxième photo

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  3. Oui, c'est vrai, super critique.

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  4. La mention "par le scénariste des Infiltrés" était de mauvais augure ! Bravo pour ton sacrifice.

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  5. Si je puis me permettre, Thionville n'est pas tout à fait sur le chemin des plages d'Espagne... et le train ne dois pas y passer dans les deux dernières heures de trajet.
    Par contre si ça peut permettre d'admirer les seins frippés des voisines de compartiment, je veux bien voyager avec toi !
    Merci pour ces croustillantes critiques...

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  6. C'est une erreur volontaire uniquement due au fait que le dénommé Poulpard, le ghost writer de ce blog, a semble-t-il été traumatisé par Thionville. Il cherche donc à replacer cette ville dès qu'il peut pour s'en venger et trainer sa réputation dans la boue, quitte à dire des choses qui ne tiennent pas debout. :)

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  7. Ce film, si j'en juge la photo 2, a le mérite de nous prouver que, oui, K.K peut AUSSI fermer la bouche, elle qui l'a toujours béante...

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