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16 mars 2008

Joyeux Noël

Très tôt j'ai repéré que je n'avais pas téléchargé le film animé de Tim Burton sur la fête de Noël que je comptais voir pour pouvoir discuter avec mes amis dont c'est unanimement le film préféré...

Non ça c'est un film de guerre où on en prend plein la vue. Les scènes de bataille sont filmées caméra au genou, l'objectif n'est jamais à moins de cinq centimètres des sacs à dos des soldats quand les plans ne sont pas carrément réalisés depuis l'intérieur de leur besace (je pense que la caméra est restée allumée dans le sac-à-dos du réalisateur et qu'il a ajouté les images au montage final pour obtenir plus d'intensité), du même coup on ne voit strictement rien mais on est plongé au cœur de l'action. Et au vu d'un certain logo immédiatement reconnaissable et récurrent à l'image, j'oserai émettre un doute quant à l'existence, à l'époque, de la marque Quetchua. Mais avec les milliers de spécialistes de la guerre de 14 qui se sont cotisés pour accoucher de ce script j'imagine que rien n'a été laissé au hasard au niveau de la vraisemblance. Et puis l'affiche le dit bien : "Une histoire vraie que l'Histoire a oubliée". Nul doute que l'histoire en question c'est celle de l'entreprise Quetchua. Ils auraient dû écrire: "Une histoire vraie que l'Histoire a oubliée et que même les historiens n'en sont pas sûrs".



C'est l'histoire d'une fraternisation qui a eu lieu en décembre 14 (il n'y avait alors pas encore assez de tués dans les deux camps pour qu'ils aient encore envie de faire la fête ensemble), le soir de Noël, où soldats allemands, écossais et français sont sortis de leurs tranchées pour jouer au foot ensemble avec des cranes en guise de ballons, au milieu des cadavres. Et dans le film ça n'est pas bien compliqué de sortir des tranchées puisqu'elles ne font jamais plus de 10cm de profondeur. Le producteur s'en est justifié en évoquant les délais draconiens imposés par lui-même à l'équipe de tournage et en expliquant qu'il avait eu la fière idée de demander à son chef décorateur d'utiliser les rigoles d'évacuation des eaux usées de la ville de Lens en guise de tranchées afin de sortir le film à Noël (le tournage ayant débuté le 24 décembre au matin).



Alors bien sûr au nom du cinéma cette fraternisation est un brin romancée, à peine enjolivée. À l'image du couple de chanteurs d'opéra allemands, de passage sur le front de la Somme, qui pousse la chansonnette pour les soldats. Sans doute est-ce une anecdote vraie mais c'est si grossièrement mis en scène qu'on n'y croit pas une seconde. "Une histoire vraie, que l'Histoire a oubliée et que ce film tâchera de faire passer pour fausse". C'est si joliment arrangé que la cantatrice est interprétée par la sublime Diane Kruger. Or le réalisateur de ce bourbier nous épargne le gigantesque gang-bang que la présence d'une telle femme dans les tranchées aurait forcément provoqué en réalité, et avec le consentement de son époux encore ! Tout est édulcoré au possible, par exemple il y a de la boue partout sauf dans les tranchées, où la vie en plein hiver semblait assez peinarde. Et tandis qu'on se fait chier comme jamais Dany Boon est en repérages pour son film Bienvenue chez les ch'tis. On assiste au making-of du film qui fait salle comble aujourd'hui. Le comique aux oreilles décollées et à l'accent incompréhensible écrit son scénario en douce et l'essaie devant nous dans un film qui ne s'y prête pas, aux côtés d'un Guillaume Canet de guingois, qui quant à lui faisait ses essais en douce sur la belle Diane Kruger sans nous faire croquer. Si vous avez aimé Bienvenue chez les Ch'tis, matez ce film, c'est le préquel. Au même titre que les 26 spectacles de Dany Boon sur scène. La vie de cette homme a été une longue répétition générale pour un film qui bat tous les records du box office français en ce moment même, ça se passe à côté de chez vous et vous en faîtes partie, vous faîtes partie de ce monde. Demain c'est la fête du cinéma, aidez Dany Boon a franchir la barre des 20 millions d'entrées en 10 jours et puis tirez vous une balle dans la tronche.


Joyeux Noël de Christian Carion avec Diane Kruger et Dany Boon (2005)

4 commentaires:

  1. Bravo, bravo ! Je vous applaudis avec autant d'enthousiasme que les 17 personnes en train d'applaudir Dominique Gros en bas de chez moi.

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  2. Le pire, c'est que le film est en train de devenir un « document d'époque » : aux déformations télévisées de France 2, hier, des extraits en ont été montrés en abondance pour évoquer cet épisode de trêve de Noël. Misère.

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