Un invité spécial venu tout droit de Belgique, répondant au doux nom de Thomazinette, a vu pour nous La Permission de minuit, diffusé en ce moment dans les salles. Il l'a vu en présence de son idole, notre idole à tous, Vincent Lindon, et il en parle pour le blog :
Hier soir je suis allé voir l'avant-première de La Permission de minuit, pour laquelle j'avais gagné des places gratos. J'étais au premier rang, guettant la moindre apparition de ce profil d'aigle cramoisi qu'est celui de Vincent Lindon. La réalisatrice, Delphine Gleize, m'était inconnue à ce jour. Il paraîtrait qu'elle aurait soi-disant tourné avec Jean Rochefort et Paul Giamatti, pas mes acteurs préférés mais bon - enfin, si, Jean Rochefort est en fait mon acteur préféré. Jean Rochefort est le préféré de mes acteurs français et derrière lui arrivent en trombe feu Philippe Noiret et Vincent Lindon.
C'est comme ça qu'il est arrivé hier soir, dans le même costume que celui du film, le même costume aussi que celui du film Pour elle, un manteau de flanelle noire, chic, usé, en forme olympique. En dessous de ce manteau, il avait sa blouse de docteur, car il incarne un dermatologue dans ce nouveau film. Toujours dans son rôle, il a sorti quelques ordonnances, les a distribuées au vol en ajoutant quelques commentaires du genre "bien avant le repas, madame Fouyette", et autres précautions envoyées à tout va à cette foule en furie qui en redemandait. Certaines femmes se sont même pâmées lorsqu'il leur tendait ses scribouillis spécialement travaillés pour être les plus illisibles possibles. Voici celui qu'il m'a nonchalamment envoyé valdinguer à la figure, de façon distraite, à la manière d'un doc, en vérifiant du coin du regard si j'étais toujours là et en se balançant sur sa chaise derrière son bureau spécialement apporté dans la salle de ciné pour faire plus "consultation". Il a ajouté : "N'hésitez pas à en prendre deux le matin, ça fait partir les naevus".
Le film raconte une amitié touchante entre le docteur Lindon, homme à tout faire du cinéma français, et un petit enfant génétiquement mal loti, dont la peau ne peut être exposée au soleil sous peine de cancer. Lindon, pris d'un éclair de génie, lui file un de ses bouquins de jeunesse, Les aventures d'Arthur Gordon Pym, par Edgar Allan Poe. L'enfant enrage face à ce calembours trop facile. Lindon n'en démord pas et rétorque : "Monsieur et madame Rétapo ont un fils. Non ? Tu vois pas ? Joe !". Sur ce, l'enfant fait une fugue. Plus tôt dans le film, on retrouve Vincent Lindon au restaurant avec cet enfant de la nuit, cet hijo de la luna, se trimballant toujours en combi comme dans Moon de Duncan Duck Bowie.
Ils décident de parler entre hommes derrière leurs plats de moules respectifs. Et c'est un morceau de bravoure du film puisque Vincent Lindon, en bon homme à tout faire, se met à expliquer le sexe à ce jeune adolescent qui n'en demandait pas tant. Un quart d'heure passé à cataloguer toutes les culbutes possibles et imaginables tout en décortiquant des moules visiblement cuites dans une casserole pleine d'ail, c'est vraiment un plat de résistance. Arrivé à sa dernière moule, Vincent Lindon fait s'évaporer la tension, puisqu'il termine son exposé par : "Enfin l'important, c'est que la femme que tu aimes n'ait pas à se plaindre !". Peut-être que tant de circonvolutions préalables n'étaient pas nécessaires pour en arriver là, mais ce moment de relâche et de sincérité virile fait en tout cas plaisir à voir. Ni une ni deux, joignant le geste à la parole, le doc tape alors de ses doigts graisseux le numéro de sa douce épouse sur son mobile, attend le sourire aux lèvres qu'elle décroche, et puis là, c'est le choc. Devant les éructations émises par le téléphone, son sourire s'efface et la conscience lui revient : sa femme dormait, car lui et son petit patient ne sortent que la nuit. C'est l'une des autres qualités des films portés par Lindon, qui nous montrent un homme sincèrement dévoué et prêt à tout faire, en restant un bon gros paumé, ou comme dirait Joe Dassin : "Un bon vieux gros chien mouillé ".
Ils décident de parler entre hommes derrière leurs plats de moules respectifs. Et c'est un morceau de bravoure du film puisque Vincent Lindon, en bon homme à tout faire, se met à expliquer le sexe à ce jeune adolescent qui n'en demandait pas tant. Un quart d'heure passé à cataloguer toutes les culbutes possibles et imaginables tout en décortiquant des moules visiblement cuites dans une casserole pleine d'ail, c'est vraiment un plat de résistance. Arrivé à sa dernière moule, Vincent Lindon fait s'évaporer la tension, puisqu'il termine son exposé par : "Enfin l'important, c'est que la femme que tu aimes n'ait pas à se plaindre !". Peut-être que tant de circonvolutions préalables n'étaient pas nécessaires pour en arriver là, mais ce moment de relâche et de sincérité virile fait en tout cas plaisir à voir. Ni une ni deux, joignant le geste à la parole, le doc tape alors de ses doigts graisseux le numéro de sa douce épouse sur son mobile, attend le sourire aux lèvres qu'elle décroche, et puis là, c'est le choc. Devant les éructations émises par le téléphone, son sourire s'efface et la conscience lui revient : sa femme dormait, car lui et son petit patient ne sortent que la nuit. C'est l'une des autres qualités des films portés par Lindon, qui nous montrent un homme sincèrement dévoué et prêt à tout faire, en restant un bon gros paumé, ou comme dirait Joe Dassin : "Un bon vieux gros chien mouillé ".
À part ça, le film recèle beaucoup de moments touchants, mais perd parfois une unité de propos qui fait qu'on ne voit pas toujours où ça va. La ligne de rupture dans l'amitié Vincemoutche-Fiston structure bien le scénario, mais laisse un espace un peu long que la réalisatrice peine à remplir en scènes intenses de manière constante. Ça n'enlève rien à la clémence qu'appelle du pied le regard poignant de cet écorché de Vincent Lindon, et que l'on est ravi d'offrir à cette œuvre. J'étais bien content de rencontrer ce brave type, ce survolté, ce touchant homme qui donne de lui.
La Persmission de minuit de Delphine Gleize avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos (2011)
C'est une avant-première rêvée, fantasmée. Avoir Vincent Barry Lindon présent, venu avec tous ses tics pour présenter un film dans lequel il est de tous les plans ! Après avoir vécu une telle expérience, il est de bon ton de dire qu'on peut mourir heureux.
RépondreSupprimerQuand on est né d'un Dindon et qu'on s'est peu à peu sculpté un profil d'aigle, qu'on a petit à petit fait son nid, c'est qu'on a été rôdé à la bagarre dès tout petit, qu'on a toujours cherché la castagne dans la boue, dans ce poulailler qu'on appelle la vie. Il paraîtrait même que Vincent Dindonneau mettait déjà sa baby-sitter à terre, un peu par jeu, un peu par rancoeur. Sacré piaf en tout cas.
RépondreSupprimerTourak a tout dit.
RépondreSupprimerC'est quoi les naevus ?
RépondreSupprimerUn grain de beauté qui a du relief, une motte de brun sur ta peau, qui s'installe là un beau matin et qui, s'il n'est pas garni de poils, peut te filer un cancer carabiné !
RépondreSupprimerBon à savoir. :)
RépondreSupprimerJ'ai trouvé le film riche.
RépondreSupprimerY'a Lindon sur la 3 chez Taddei. Gros festival de sa part. Il est au top de sa forme !
RépondreSupprimerTaddeï au top aussi...
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