Pages

4 août 2019

Les Faussaires de Manhattan

Je n'attendais vraiment rien de ce film que j’ai regardé sans trop y croire, je craignais surtout d'y retrouver une Melissa McCarthy en quête de reconnaissance critique dans un rôle dramatique inhabituel, méconnaissable et transformée pour les besoins d'un énième biopic sans grand intérêt. Il n'en est rien ! Dès la première scène, où l'insolence bien connue de McCarthy s'exprime déjà, mes doutes ont été dissipés. L'actrice, appréciée pour son abattage comique hélas bien mal mis en valeur par ses dernières comédies, incarne ici Lee Israel, une écrivaine sans le sou qui se lance dans une vaste entreprise de contrefaçon pour boucler ses fins de mois. S'appuyant sur ses talents de biographe et sa capacité hors norme à se fondre dans les personnalités qu’elle imite, Lee Israel va produire un très grand nombre de lettres falsifiées d'écrivains et d’acteurs décédés pour les revendre ensuite au prix fort à des collectionneurs. Elle sera aidée dans son activité par son ami Jack Hock (Richard E. Grant), un cocaïnomane homosexuel excentrique d’agréable compagnie.




Contrairement à ce que la transformation physique de McCarthy et sa nomination (méritée !) pour l’Oscar de la meilleure actrice pouvaient laisser penser, Can you ever forgive me ? n’est pas un fade biopic comme Hollywood en produit à la chaîne ces dernières années. Si le film de Marielle Heller ne se distingue pas par l’inventivité de sa mise en scène, il surprend agréablement par son ton, très léger, et sa façon assez humble de s’inscrire d’emblée dans le registre de la comédie dramatique. On suit avec plaisir les exactions de Lee Israel, un personnage attachant que Melissa McCarthy parvient à faire pleinement exister sans toutefois oublier de nous gratifier de ces quelques saillies comiques dont elle a le secret. L’actrice réussit à nous faire rire une paire de fois et porte le film à bout de bras, sans jamais en faire des caisses, en étant impeccable et juste dans la peau de cette drôle de femme à la morale somme toute défendable et compréhensible. Son duo avec Richard E. Grant fonctionne très bien et la réalisatrice porte un regard simple et délicat sur ces deux marginaux qui, entre d'autres mains, auraient pu servir de prétexte à aborder lourdement des sujets plus en vogue. Contre toute attente, Can you ever forgive me ?, très platement réintitulé Les Faussaires de Manhattan pour sa sortie française, est donc un petit film très agréable qui certes ne laissera pas une trace indélébile mais fait passer un bon moment. 


Les Faussaires de Manhattan (Can you ever forgive me ?) de Marielle Heller avec Melissa McCarthy et Richard E. Grant (2018)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire