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28 mars 2019

Grand Piano

Après le film où un type enterré vivant essaye de s'en sortir à l'aide de son smartphone (Buried) puis l'autre où un gars malchanceux a la sale idée de décrocher à la mauvaise cabine et se retrouve aux prises avec un pur taré (Phone Game), voici Grand Piano, une sorte de mix des deux. C'est d'ailleurs Rodrigo Cortès, réalisateur de Buried, qui a produit le film, et c'est un autre espagnol parti à Hollywood qui se trouve aux commandes, le dénommé Eugenio Mira, dont il s'agit du troisième long métrage. S'il continue ainsi, il n'est pas prêt de se faire un nom. Car Grand Piano est un nouveau thriller au pitch a priori accrocheur mais surtout très débile, qui accumule les rebondissements mollassons et tente vainement de faire grimper la tension à partir d'une situation totalement abracadabrante. Elijah Wood campe un pianiste surdoué qui, lors d'un concert très attendu, découvre en tournant les pages de sa partition que sa femme est prise en otage par un dangereux psychopathe, présent dans la salle, armé d'un fusil à lunette, et bien décidé à faire du musicien sa petite marionnette.




La menace est simple : à la moindre fausse note, quelqu'un mourra. Aucun mystère sur l'identité du taré, il s'agit de John Cusack, dont le nom est annoncé en fanfare au générique d'ouverture long de sept minutes (avec une si maigre histoire à raconter, il faut bien perdre du temps quelque part !). Rien ne viendra réellement enrichir ce scénario minimaliste et stupide. Eugenio Mira se contente de filmer son pianiste sous tous les angles possibles et imaginables, échouant systématiquement à créer le moindre frisson. Elijah Wood se donne bien du mal, la plupart du temps cloué sur son tabouret, le front en sueur, les yeux plus globuleux que jamais. On éprouve presque un peu de peine en voyant cet acteur au demeurant sympathique s'agiter ainsi dans un tel film. Le comble du ridicule étant atteint quand son personnage doit envoyer des textos à un ami, dans le public, tout en devant continuer à assurer au piano et jouer un morceau impossible. Il n'y a d'ailleurs que lors d'un très lent et étonnamment long travelling avant sur le pianiste à l’œuvre que le cinéaste Mira parvient enfin à captiver, mais c'est principalement dû à la musique, que nous pouvons enfin écouter sereinement, sans être assommé par des plans d'une laideur terrible ou quelques SMS malvenus. Je sauverai donc ce moment-là ainsi que la toute fin, les deux dernières minutes plus précisément : le pianiste, loin des regards, enfin à peu près tranquille, retourne finir le morceau qui a été interrompu par son ennemi sur un piano en très sale état, cela donne une mélodie dissonante et un très très bref moment de poésie. Grand Piano est donc une petite série B sans ambition ni surprise mais qui a au moins le mérite de nous quitter sur une bonne note (à la différence de ce papier !).


Grand Piano d'Eugenio Mira avec Elijah Wood et John Cusack (2014)

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