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24 février 2019

Burn Out

Après deux essais de bien sinistre mémoire (Captifs et Un homme idéal), Yann Gozlan signe enfin un film passable, comme on peut dire d'une copie à laquelle on accorderait tout juste la moyenne. Le réalisateur français y est parvenu en se montrant peut-être un peu plus humble et en tendant encore davantage vers le cinéma de genre pur jus. Burn Out est en effet une petite série b assez honnête et divertissante, bien plus aimable que tout ce que notre spécialiste du thriller avait pu commettre auparavant. Nous y suivons les mésaventures de Tony (François Civil), un as de la moto désireux de passer pro qui, pour régler les comptes de son ex-copine et mère de son gosse, est contraint de mettre son indiscutable talent sur deux roues au service de trafiquants de drogue gitans particulièrement retors. Manutentionnaire dans un immense entrepôt de jour et expert en go fast la nuit, Tony est également repéré par le recruteur d'une écurie de courses. Il devient ainsi pilote de moto à l'essai, ne lui restant plus qu'à faire ses preuves pour atteindre son objectif et réaliser son rêve... Hélas, Tony a bien du mal à concilier ses trois vies et fonce à pleine allure vers le burn out.





En quelques minutes, le décor est planté et l'intrigue se met vite en place. Yann Gozlan annonce la couleur avec cette bande son électro qui achève d'installer son film dans un genre précis (ça louche du côté de John Carpenter, sans lui arriver à la cheville). François Civil est peut-être son plus gros atout : il très crédible dans le rôle de cette tête brûlée qui essaie de rester à flot mais s'enfonce dans les emmerdes. Il a tout à fait la tronche de l'emploi, avec cet air très juvénile, brave mais un peu benêt. La première scène de go fast est efficace, y'a pas à dire. On ressent assez bien le stress du conducteur, qui doit tracer le plus vite possible en zappant les péages et en évitant les condés, tout en supportant la façon dont il est traité par des mafieux franchement antipathiques, menés par Olivier Rabourdin. Dans la bouche de ce dernier, Gozlan se permet une petite saillie sarcastique qui prête à sourire lorsque le trafiquant en chef, matant les cités s'embraser sur BFM TV, rigole de sa femme qui souhaite inscrire leur gosse dans le public. Au-delà de ça, le réalisateur ne s’embarrasse d'aucun commentaire sur les cités, il se contente de dresser un portrait ultra noir de la situation.





Burn Out remplit donc son office sans souci, en tout cas pendant sa première moitié. Hélas, le scénario finit par s'enliser et perd progressivement son souffle, se terminant même par une conclusion bêtement compliquée alors que tout aurait mieux fait de rester simple et limpide. La toute dernière scène du film, qui nous montre un Tony enfin débarrassé des grosses emmerdes mais n'ayant pas mis fin à ses exactions, est aussi d'un cynisme et d'une ironie dispensables. C'est assez dommage car, avec un peu plus de jugeote, Yann Gozlan aurait pu faire encore mieux et réaliser un vrai bon thriller, sec et efficace, comme il en sort trop peu par chez nous. Notons qu'il est tout de même en net progrès. En l'état, son film fait le taff et c'est déjà pas si mal pour un thriller français. On peut s'attendre à un remake US miteux. 


Burn Out de Yann Gozlan avec François Civil, Manon Azem et Olivier Rabourdin (2017)

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