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28 janvier 2019

The Old Man and the Gun

David Lowery s'améliore ! Le réalisateur américain de 38 ans a souvent pris cher sur Il a osé pour avoir commis des saloperies débordantes de fatuité comme Les Amants du Texas et A Ghost Story que nous avions épinglées non sans une certaine virulence. Nous lui avons malgré tout laissé une nouvelle chance, car nous n'aimons pas rester en mauvais termes avec un jeune cinéaste en vogue qu'on va sans doute devoir se farcir pendant de longues années encore. Bonne surprise : Lowery vient de signer son oeuvre la plus humble et réussie à ce jour. The Old Man and the Gun est presque entièrement dédié à sa vedette, Robert Redford, dont il devrait s'agir du dernier rôle. L'acteur octogénaire a en effet annoncé sa retraite suite à ce film où il incarne Forrest Tucker, un vieux braqueur de banques multirécidiviste, aux méthodes de gentleman et au palmarès d'évasions sans égal.




David Lowery n'abandonne néanmoins pas totalement ses vilains tics. Son nouveau film est assez maniéré, toujours un peu poseur, mais bien plus modeste et moins écœurant que ses précédents méfaits. Le cinéaste semble très soucieux de démontrer qu'il a bon goût, avec ce fond musical omniprésent, parfois agréable et bien choisi (Blues Run the Game, de Jackson C. Frank, accompagnant joliment la cavale tranquille de Robert Redford poursuivi par les flics). Des clins d’œils au Macadam à deux voies de Monte Hellman, directement cité quand Bob Redford et Sissy Spacek vont le voir au cinéma et plus implicitement à travers les véhicules utilisés, viennent aussi nous caresser dans le sens du poil. Ma foi, c'est facile mais pourquoi pas...




On est un peu plus agacé par ces vieux acteurs qui se croient ultra cools et surjouent à fond la vieillesse. Je pense à Tom Waits et Danny Glover, les deux comparses de notre braqueur en chef : ils sont vraiment pénibles à voir, baragouinant chacune de leurs répliques et en rajoutant des caisses dans tous leurs tristes mouvements. Vous êtes au bout du rouleau les mecs, ok, on l'a compris... Tu peux dérider ton front, Danny, et retirer tes lunettes à triple-foyer. Range ton menton et relâche un peu la mâchoire, Tom, tu te fais du mal... On ne doute pas une seconde qu'ils pètent la forme en coulisse et qu'ils devaient enchaîner les blagues salaces entre deux verres de scotch. Les scènes avec Sissy Spacek sont autrement plus réussies, le petit jeu de séduction qui se met en place entre elle et Redford n'est pas déplaisant à suivre.




En réalité, c'est quand il s'éloigne de Robert Redford et le perd trop longtemps de vue que David Lowery se plante, retombe dans ses travers et sa lourdeur plombante. Le personnage de flic obstiné campé par Casey Affleck est assez raté. On a déjà vu ça environ mille fois et Affleck a l'air bien trop préoccupé par son style, avec sa petite moustache, sa coupe de cheveux millimétrée et ses chemises à carreaux cintrées. Un look trop calculé qui porte à lui seul tout le poids de la reconstitution maniaque des seventies. Les scènes consacrées à la vie familiale de ce bon flic, à ses mignons gosses, à sa femme aimante, toujours là pour le réconforter, sont les trous noirs du film ; elles nous rappellent ce que Lowery a commis par le passé. Heureusement, cela ne doit constituer que 20% de l'ensemble...




A la fin du film, le récit des évasions successives de ce vieux braqueur, sous la forme de courtes vignettes datées et localisées, donne l'impression d'être un curieux résumé de la carrière de Robert Redford. C'est ce que l'on préférera retenir de The Old Man and The Gun : un petit film plutôt pas si mal fagoté qui manque de souffle et d'envergure pour prétendre à autre chose, mais demeure un assez bel hommage à un acteur qui avait bien mérité une porte de sortie taillée sur mesures.


The Old Man and the Gun de David Lowery avec Robert Redford, Casey Affleck et Sissy Spacek (2018)

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