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31 juillet 2018

Tully

Après s'être intéressée aux femmes enfants (Juno), aux femmes ados (Young Adult), Diablo Cody poursuit son triptyque en se consacrant aux femmes au foyer. C'est encore Jason Reitman qui se charge de filmer son scénario de malheur et c'est de nouveau Charlize Theron qui tient la vedette. La malédiction se poursuivant pour nous aussi puisque nous avons encore répondu présent en nous infligeant ce film qui est peut-être le moins insupportable de la trilogie. Charlize Theron campe donc Marlo, une mère de deux enfants, dont un triso, enceinte jusqu'aux yeux d'un troisième. Débordée, épuisée, elle décide de faire appel à Tully, une "nounou de nuit", lorsque né le petit dernier. Et je m'arrêterai là pour le pitch qui nous réserve un twist éculé au possible, Diablo Cody étant donc capable de tout... La scénariste appose aussi sa pâte si reconnaissable par des dialogues dont elle a le secret. Quand Marlo évoque avec sa nounou les expériences passées qui l'ont finalement menée à son mari actuel, elle lui sort un désarmant : "J'ai monté tous les chevaux du carrousel avant de finir avec Drew", "C'était quel cheval ?" demande alors Tully, "Le banc" lui répond du tac o tac la maman désabusée. Une si belle métaphore, merci Diablo... D'autres répliques portent sa signature, on retiendra par exemple ce ridicule "Je suis comme l'Arabie Saoudite, j'ai plein d'énergie !" que balance une Tully pleine d'enthousiasme en débarquant chez Marlo pour faire une de ses nuits.




Tully est d'ailleurs un de ces personnages typiques de la scénariste de Juno. Jeune, mignonne, décomplexée et pleine de vie, c'est une encyclopédie vivante à anecdotes futiles qu'elle place dès que possible dans la conversation. Amoureuse des enfants, un brin décalée mais pas trop, elle croque dans la vie à pleine dents, malgré ses problèmes, et affiche en permanence un grand sourire, se baladant en shorty et en t-shirt court révélant son nombril percé. Bref, elle se veut "cool", comme tous ces énergumènes à flinguer qu'a déjà pu inventer la diabolique Cody. Tully est incarnée par Mackenzie Davis, qui a tout à fait la tronche et l'allure adéquates, le rôle paraissant avoir été écrit pour elle, comme celui de la maman à bout pour une Charlize Theron à contre-emploi. On ne peut rien reprocher à la star, bien que ces kilos superflus et ces seins qui tombent ne suffisent pas à l'enlaidir puisqu'on ne voit que la prouesse des maquilleurs et autres prothésistes. Aux côtés de ces actrices qui se partagent les beaux rôles, on a la mauvaise surprise de croiser Mark Duplass dans le rôle du frère insupportable et pété de thunes de Marlo. Ce type-là est l'un des fossoyeurs du cinéma indé ricain, une tronche qu'on ne veut vraiment plus voir, emblématique du pire du mumblecore. Peu étonnant, en réalité, qu'il finisse chez Jason Reitman, autre symbole de la déréliction de ce cinéma-là. Heureusement, on voit très peu Duplass et le film est assez court, 90 minutes à tout casser, qui défilent rapidement. Le temps, pour le réalisateur, d'ajouter une ligne à sa triste filmographie et de nous livrer un énième film sans intérêt, inoffensif et creux malgré les sujets qu'il prétend aborder.


Tully de Jason Reitman avec Charlize Theron, Mackenzie Davis et Ron Livingston (2018)

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