C'est avec une certaine frilosité que je me suis laissé tenter par ce 
Seven Sisters, qui a tout, au départ, pour inquiéter, de l'affiche au 
pedigree de son réalisateur norvégien Tommy Wirkola (réalisateur de Dead Snow et de Hansel et Gretel : Witch Hunters, deux trucs que je n'ai pas vus). Mais je dois bien dire qu'au 
final ce petit film de science-fiction, qui relève d'ailleurs plus 
directement du thriller, n'est pas inintéressant, et se révèle même très
 réussi dans sa première partie. L'histoire se déroule dans un futur 
relativement proche où la planète est plus que jamais victime de 
surpopulation. Pour y remédier, le Bureau d'Allocation des Naissances, 
dirigé par Nicolette Cayman (la flippante Glenn Close), met en place une
 politique d'enfant unique à la chinoise. Tous les enfants surnuméraires
 sont traqués puis confinés et enfin cryogénisés en vue d'être réveillés
 un beau jour, quand la Terre se portera mieux. Un type, Terrence Settman 
(Willem Dafoe, également à l'affiche de Death Note, un autre film 
Netflix actuellement sur les écrans, quant à lui totalement merdique : votre dernier pet a plus de qualités), refuse de se soumettre à cette
 loi quand naissent les sept filles jumelles de sa propre fille morte en
 couches. 
Terrence nomme ses 
petites-filles d'après les sept jours de la semaine, leur construit un 
appartement-cachette et leur impose un certain nombre de règles vouées à
 les préserver : elles se partagent une seule identité, nommée Karen 
Settman, en hommage au patronyme de leur mère, et ne peuvent sortir de l'appartement qu'à tour de 
rôle, le jour de la semaine correspondant à leur prénom, pour ne pas 
être repérées par les innombrables flics et autres bornes de contrôles qui quadrillent la 
ville. Mais partager une identité à sept n'est pas évident, pas plus que
 rester calfeutrée six jours par semaine ou subir les conséquences 
logiques du plan de pépé Dafoe, qui veut que ce qui arrive à l'une des sœurs doit arriver 
aux autres (la perte d'un doigt par exemple). Or il se trouve justement 
qu'un lundi, Monday ne rentre pas à l'appartement. D'où le titre 
original, plus intriguant que le nôtre : What Happened to 
Monday ? 
La mise en place du récit, claire et efficace, n'est pas avare en tension, et surtout parvient en un rien de 
temps à nous faire croire aux sept sœurs parfaitement identiques, à ce 
personnage officiel unique divisé en sept identités différentes, toutes 
incarnées par une Noomi Rapace démultipliée à l'écran, qui n'est sans 
doute pas pour rien non plus dans la faculté du film à nous faire très rapidement 
marcher dans sa combine (là où l'on passait tout Okja, par exemple et 
uniquement pour citer un autre film Netflix récent, à zieuter le gros 
tas de viande hideux sans mordre dedans une seule fois). L'actrice, qui a eu le bon goût de refuser d'apparaître dans Alien : Covenant pour jouer ici, parvient sans trop forcer à exister dans la peau de chacune des sept sœurs tout en dépassant les stéréotypes dont le scénario les affuble pour mieux les distinguer. Il est au bout du compte assez 
étonnant d'être confronté dans le même temps à des héroïnes fragiles 
(les sœurs sont intelligentes, vaillantes, voire combattantes, mais 
n'ont rien de wonder women indestructibles, et heureusement) et à une 
entité, Karen Settman, quasiment inépuisable, increvable (ou presque...), puisque dotée 
de sept vies, comme les chats. Dommage que Karen Settman ne soit pas un chien,
car  si c'était un chien doté de sept vies comme un chat, ces sept vies seraient multipliées par sept comme chez les chiens, ce qui lui ferait quarante neuf
 vies...
La deuxième partie est moins 
convaincante, du fait de quelques incohérences, de scènes agaçantes où 
les personnages agissent soudain comme des abruties (cette discussion 
sur les exploits sexuels présumés d'une des sœurs à la tignasse peroxydée tandis qu'une autre 
est en danger de mort et a besoin d'aide... ou, juste après, quand ladite sœur s'en va 
perdre son pucelage avec un gardien de la paix et communique des codes 
secrets aux autres jours de la semaine tout en profitant au max d'un
cunnilingus de tous les diables...), d'un certain trop-plein d'action, et d'une révélation finale attendue mais un brin énorme, qui tartine les méchants de plus de méchanceté qu'il 
n'en fallait et rend le propos du film plus grossier. Mais, sans 
crier du tout au chef-d’œuvre, on peut se satisfaire d'un film plutôt original (sur un seul
 aspect, mais central, celui d'une seule actrice pour incarner sept 
sœurs jouant toutes le même rôle, hors les murs de leur tanière), correctement ficelé et entraînant, nettement supérieur à ce qui sort en ce moment dans le genre, qui 
aurait pu être davantage mais qui est déjà bien agréable.
Seven Sisters de Tommy Wirkola avec Noomi Rapace, Willem Dafoe et Glenn Close (2017) 
 





























