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31 août 2017

Seven Sisters

C'est avec une certaine frilosité que je me suis laissé tenter par ce Seven Sisters, qui a tout, au départ, pour inquiéter, de l'affiche au pedigree de son réalisateur norvégien Tommy Wirkola (réalisateur de Dead Snow et de Hansel et Gretel : Witch Hunters, deux trucs que je n'ai pas vus). Mais je dois bien dire qu'au final ce petit film de science-fiction, qui relève d'ailleurs plus directement du thriller, n'est pas inintéressant, et se révèle même très réussi dans sa première partie. L'histoire se déroule dans un futur relativement proche où la planète est plus que jamais victime de surpopulation. Pour y remédier, le Bureau d'Allocation des Naissances, dirigé par Nicolette Cayman (la flippante Glenn Close), met en place une politique d'enfant unique à la chinoise. Tous les enfants surnuméraires sont traqués puis confinés et enfin cryogénisés en vue d'être réveillés un beau jour, quand la Terre se portera mieux. Un type, Terrence Settman (Willem Dafoe, également à l'affiche de Death Note, un autre film Netflix actuellement sur les écrans, quant à lui totalement merdique : votre dernier pet a plus de qualités), refuse de se soumettre à cette loi quand naissent les sept filles jumelles de sa propre fille morte en couches.




Terrence nomme ses petites-filles d'après les sept jours de la semaine, leur construit un appartement-cachette et leur impose un certain nombre de règles vouées à les préserver : elles se partagent une seule identité, nommée Karen Settman, en hommage au patronyme de leur mère, et ne peuvent sortir de l'appartement qu'à tour de rôle, le jour de la semaine correspondant à leur prénom, pour ne pas être repérées par les innombrables flics et autres bornes de contrôles qui quadrillent la ville. Mais partager une identité à sept n'est pas évident, pas plus que rester calfeutrée six jours par semaine ou subir les conséquences logiques du plan de pépé Dafoe, qui veut que ce qui arrive à l'une des sœurs doit arriver aux autres (la perte d'un doigt par exemple). Or il se trouve justement qu'un lundi, Monday ne rentre pas à l'appartement. D'où le titre original, plus intriguant que le nôtre : What Happened to Monday ?




La mise en place du récit, claire et efficace, n'est pas avare en tension, et surtout parvient en un rien de temps à nous faire croire aux sept sœurs parfaitement identiques, à ce personnage officiel unique divisé en sept identités différentes, toutes incarnées par une Noomi Rapace démultipliée à l'écran, qui n'est sans doute pas pour rien non plus dans la faculté du film à nous faire très rapidement marcher dans sa combine (là où l'on passait tout Okja, par exemple et uniquement pour citer un autre film Netflix récent, à zieuter le gros tas de viande hideux sans mordre dedans une seule fois). L'actrice, qui a eu le bon goût de refuser d'apparaître dans Alien : Covenant pour jouer ici, parvient sans trop forcer à exister dans la peau de chacune des sept sœurs tout en dépassant les stéréotypes dont le scénario les affuble pour mieux les distinguer. Il est au bout du compte assez étonnant d'être confronté dans le même temps à des héroïnes fragiles (les sœurs sont intelligentes, vaillantes, voire combattantes, mais n'ont rien de wonder women indestructibles, et heureusement) et à une entité, Karen Settman, quasiment inépuisable, increvable (ou presque...), puisque dotée de sept vies, comme les chats. Dommage que Karen Settman ne soit pas un chien, car  si c'était un chien doté de sept vies comme un chat, ces sept vies seraient multipliées par sept comme chez les chiens, ce qui lui ferait quarante neuf vies...




La deuxième partie est moins convaincante, du fait de quelques incohérences, de scènes agaçantes où les personnages agissent soudain comme des abruties (cette discussion sur les exploits sexuels présumés d'une des sœurs à la tignasse peroxydée tandis qu'une autre est en danger de mort et a besoin d'aide... ou, juste après, quand ladite sœur s'en va perdre son pucelage avec un gardien de la paix et communique des codes secrets aux autres jours de la semaine tout en profitant au max d'un cunnilingus de tous les diables...), d'un certain trop-plein d'action, et d'une révélation finale attendue mais un brin énorme, qui tartine les méchants de plus de méchanceté qu'il n'en fallait et rend le propos du film plus grossier. Mais, sans crier du tout au chef-d’œuvre, on peut se satisfaire d'un film plutôt original (sur un seul aspect, mais central, celui d'une seule actrice pour incarner sept sœurs jouant toutes le même rôle, hors les murs de leur tanière), correctement ficelé et entraînant, nettement supérieur à ce qui sort en ce moment dans le genre, qui aurait pu être davantage mais qui est déjà bien agréable.


Seven Sisters de Tommy Wirkola avec Noomi Rapace, Willem Dafoe et Glenn Close (2017)

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