Pages

2 janvier 2015

Last Passenger

J'ai trouvé le film de fin d'année idéal à ne pas regarder pendant ces vacances de fin d'année. Suis-je le first spectateur de Last Passenger, film britannique de Omid Nooshin, sorti en direct-to-dvd cet été ? Très long à démarrer, le film nous présente lentement ses personnages, à bord du train qui servira d’unique décor au film. Il s’agit du dernier train de la journée dans la proche banlieue de Londres, l’équivalent d’un train TEOZ éco reliant Toulouse à Agen en passant par Moissac, Malause, Pommevic, Carcassonne, Lyon, Bordeaux, Valence d’Agen et Lamagistère, et dont le conducteur croise les doigts à chaque arrêt en espérant que sa machine parviendra à redémarrer. Les wagons se vident peu à peu, au fil des stations, laissant bientôt notre héros, un médecin urgentiste veuf, et son fils fan de dinosaures, en compagnie de quatre autres passagers : une blonde affamée (Kara Tointon, qui en a de proéminents), ne tardant pas à prendre d'assaut la libido du père de famille esseulé ; une vieille dame cardiaque en route vers la morgue avec une escale pour Noël chez ses petits-enfants ; un jeune immigré d'un pays de l’est, en attente d'un visa au feu de bois, porté sur la bouteille et qui a oublié de composter son billet ; puis enfin un vieux grincheux qui aurait pu inspirer à Hemingway un spin-off à son bouquin le plus célèbre, intitulé Le vieil homme et la merde, un besogneux proche de la retraite, scrupuleux et froid, qui sait que personne ne l'aime et en prend son parti en évitant à tout prix de se rendre aimable (le personnage évoque tout de suite Jean-Michel Apathie).




Quand le héros aperçoit à travers la vitre du train le corps d’un type rampant sur les rails (en un seul morceau, on est très loin de Paranoid Park), en même temps qu'il apprend que le contrôleur a disparu, le film prend l’aspect d’un whodunit, le réalisateur s’amusant à faire peser les soupçons sur deux des derniers passagers du train, le chien fou des balkans et le vieux grincheux qui n’aime sans doute pas les romans d’amour, s’inscrivant de très loin dans la lignée d’Hitchcock et de son célèbre Une femme disparaît. Mais finalement les soupçons sont balayés et le film tend alors, de très loin toujours (ce film est d'ailleurs, globalement, à voir de très loin), à se rapprocher du Runaway Train d’Andreï Konchalovsky. Personne n’est coupable parmi les passagers. Le seul coupable se trouve dans la locomotive et nous ne le verrons jamais vraiment. Sans doute un type qui veut se suicider en beauté, « se faire péter la rate aux frais de la RATP », d’après les élucubrations de ses futures victimes. Ont-ils raison ? On ne le saura jamais. Mais il s’agit donc bien d’un film de train fou. 




Dommage qu’Omid Nooshin ne mise pas davantage sur le mystère : on verra quand même le bras du conducteur à travers un hublot. Le film aurait gagné à laisser planer un doute plus grand. D’autant que les rares plans en extérieur sur le train bénéficient d’une image vaguement laiteuse, où les points de lumière diffuse s’étirent dans une nuit bizarrement blanche. Ces images-là, notoirement présentes dans l’introduction, appelaient une tournure fantastique que le cinéaste (vidéaste ? dvdaste ?) refuse de nourrir. Au lieu de ça, point d’inconnu, et les péripéties des passagers n’auront rien de bien original non plus. Au final, le médecin s’en sort, son fils aussi, vous l'auriez piffé, ainsi que deux autres passagers. Quant à la locomotive et son pilote, ils terminent dans un grand « boom » parfumé au kérosène, fusant telle une boule de feu direct to dvd.


Last Passenger d'Omid Nooshin avec Dougray Scott, Kara Tointon et Iddo Goldberg (2014)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire