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19 août 2013

Armageddon

1998 aura été pour tout le monde un bel été. "Roger tu me broies l'épaule !". Rappelez-vous... Du fait de ces deux mois festifs où bonne humeur rimait avec "black, blanc, beur", il y a certains événements moches qui n'ont pas été pointés du doigt comme il se doit, certains excès de vitesse sont passés sous le radar à cause de la joie qui régnait à cette époque-là. En regardant Armageddon y'avait qu'à fermer les yeux (dans les bleus), ou les plisser un peu, pour voir Zizou dans le rôle principal. A l'heure où Pain and Gain est curieusement attendu par nos confrères comme le "must see" de la rentrée 2013, il est bon de rappeler les méfaits de son auteur, Michael "1 plan/1 seconde" Bay. Réalisateur des deux Bad Boys, de The Rock, de Pearl Harbor, ou plus récemment des trois Transformers, Michael Bay est surtout connu pour son art du placement de produits (on dénombre une cinquantaine de marques apparentes par film). Publicitaire décomplexé, Bay est aussi un pyromane avéré. Il a été démontré que ses films engrangent plus ou moins de pognon selon le nombre d'explosions à l'écran. Face à toutes ces statistiques édifiantes nous sommes longtemps restés muets. Que dire de cet homme si cynique qu'il semble lui-même revendiquer de vivre dans le vice. C'est le capitalisme le plus crasseux et assumé. Celui qui te prend un billet d'une main et qui appuie sur le détonateur de la mine placée au préalable sous ta semelle de l'autre.




Petite description physique du bonhomme : véritable cheval humain, Michael Bay porte un jour sur deux des vêtements échancrés jusqu'au nombril pour laisser admirer son torse glabre. Il a accueilli avec reconnaissance le vote des députés français du 23 avril 2013. Ses cheveux sont sublimes, sa permanente impeccable, sa raie toujours droite (nous parlons bien de celle de ses cheveux). Quand un cinéaste ressemble à un tel éphèbe, à un catcheur svelte, il a encore plus de choses à prouver. Mais pire que tout, Michael Bay n'a pas d'âme. Pas davantage que son producteur et mentor, Jerry Bruckheimer, son quasi sosie en bien plus morbide. Ces deux hommes font le mal autour d'eux, sans scrupules, et nous sommes les spectateurs éloignés de leurs crimes. Tout être humain sur Terre est supposé se trouver à cinq personnes de tout autre congénère, et pourtant nous ne sommes même pas à dix personnes d'un fan de Michael Bay. Enfin, on l'espère. On ne connaît pas le jardin secret de certains de nos pigistes.




La même année, en mai, sortait Deep Impact de Mimi Leder (?), basé sur une histoire quasi-similaire. Sauf que dans ce film-là les personnages passent la moitié du film à pleurer et l'autre à regarder un météore s'écraser sur eux. Le météore tombait dans l'océan et se contentait de faire monter le niveau des eaux, engloutissant tous les gens vivant à moins de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer sous le regard embêté de tous les autres. Dans Armageddon au contraire, toute l'intrigue consiste à envoyer une troupe de bras cassés sur la caillasse volante pour y creuser un puits afin d'y balancer une tête nucléaire qui aura un impact suffisamment profond sur la météorite pour au moins la faire dévier de sa trajectoire, au mieux la faire exploser en mille morceaux. Les plus attentistes, défaitistes, fatalistes se sont retrouvés dans Deep Impact, les autres, activistes, interventionnistes, optimistes, se sont rués sur Armageddon par milliers. A l'époque, nous étions en CM1/CM2 (plus exactement en "classe passerelle", soit "chez les cons" comme disaient nos pères), et la classe était divisée en deux clans ennemis. Deux façons de voir les choses. Ou plus exactement les fans de Téa Leoni contre ceux de Liv Tyler.




A noter que c'est le seul film où Bruce Willis meurt à la fin. Les chipoteurs vont nous tendre une pancarte "Six Sense", sauf que dans le film de Shyamalan, il a beau s'en rendre compte à la fin, il meurt au début (désolé pour les trois Népalais qui n'ont pas encore vu le film). Willis meurt peut-être aussi à la fin du Chacal, où il est opposé à un Dick Gere survolté, mais il n'est pas le héros de ce film et de toutes façons vous n'y auriez pas du tout pensé. Autour de la star, qui était alors sur un nuage, Michael Bay a eu le blair de placer un chapelet d'acteurs incongrus histoire de ratiboiser large : Ben Affleck, qui était alors tout au fond, Steve Buscemi, pour attraper quelques pigistes indés, Owen Wilson, pour les précogs qui sentaient qu'il finirait en haut de l'affiche malgré sa tronche de freak, Michael Clarke Duncan, pour attirer les fans d'animaux, Billy Bob Thornton, pour plaire aux fumeurs de oinjs, Udo Kier, pour séduire les nordiques et les teutons et, last but not least, oldie but still goodie, Charlton Heston, en narrateur voix-off, une arme braquée sur la tempe du mixeur, pour les amateurs de vieilleries et d'auto-justice. Côté femmes il faudra se contenter de Liv Tyler, qui n'a accepté de jouer qu'à la condition que son père drogué et fossilisé puisse vociférer à la fin du film sur fond de soleil couchant.




Il faut dire que toute cette fine équipe, si c'est du bonheur sur le papier, sur le plateau c'est la chierie totale. Imprimée sur pellicule c'est de l'or, en coulisses c'est la chienlit. En dehors des petits blocs de nano-secondes situés entre les mots "Action" et "Cut", les acteurs s'insultaient et se tournaient le dos. Ils ne se sont jamais recroisés depuis, sauf erreur de leur part, et il y en a eu pas mal. Michael Clarke Duncan et Charlton Heston jouent par exemple tous les deux dans La Planète des singes de Tim Burton, et tous deux sans maquillage. Le second était là en caméo clin d’œil au film original, le premier était là en clin d’œil tout court. Quant à nous, nous ne sommes plus jamais retournés voir un film de Michael Bay au cinéma. On avait passé l'âge. On était déjà trop vieux, on avait 12 ans.


Armageddon de Michael Bay avec Bruce Willis, Steve Buscemi, Liv Tyler, Billy Bob Thornton, Udo Kier, Ben Affleck, Owen Wilson, Michael Clarke Duncan et Charlton Heston en off (1998)

13 commentaires:

  1. Téa Leoni c'est pas le celèbre attaquant de la fiorentina? J'aimais bien quand il faisait "le fou" ...

    FRANK RIBERY
    TEA LEONI

    http://www.youtube.com/watch?v=IvlzzFMje2M

    Champion du monde des spaaaaghetti

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    1. L'équipe des effets spéciaux d'Armageddon a bossé sur cette vidéo.

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  2. C'est vrai que c'est un bon film de merde mais son cheesy colle toujours avec mon pesto, c'est une sorte d'emmental rapé pas top de chez DIA mais qui arrose comme il faut mon plateau de pasta. Certes ça tend à valoriser l'arme nucléaire, glorifier l'héroisme étasunien, enculer la logique scientifique, bombarder publicitairement de botox la gueule des spectatox, flinguer les relations franco-russes, et chercher à raser Paname de la carte, mais ça s'envoie. Ca reste de la méga merde mais ça s'envoie encore.

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    1. N'oublions pas que les "héros" du film sont des spécialistes en forage pétrolier. Notre salut vient du pétrole et du nucléaire. D'une pierre deux coups.

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  3. I remember you, I remember you tonight, Woho!

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  4. Sur le tournage de Transformers 4 avec Marky Mark et Michael Bay...
    https://sphotos-a-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-ash4/q71/s720x720/1003359_10151820391762145_738024058_n.jpg

    :(

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  5. Exclu: il paraît que Charles Bronson a signé pour Expendables 3.

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  6. "Quand on regarde un film comme Armageddon, il est incroyable de voir à quel point plus aucune règle n'est appliquée. C'est un cinéma que j'ai surnommé 'néo-brutalité', et qui fonctionne en fait sur une sorte de naïveté, parce qu'il est fait par des cinéastes qui, par défaut ou par choix, n'ont pas voulu apprendre les règles de base du langage cinématographique. Leur grammaire visuelle est celle de MTV, où en gros, tous les coups sont permis si l'on peut arriver à un résultat excitant. Parce que j'ai une assez haute idée du cinéma, et que quand je vois un film tourné comme ça, j'ai l'impression de voir un vieillard qui essaie de s'habiller comme un ado."

    John Boorman

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  7. Armageddon ! Aujourd'hui beaucoup prennent un plaisir évident à le critiquer ! Grand bien leur fasse ! Et ne parlons pas de Michael Bay , véritable cyborg de la réalisation filmique , chargé de terminer le cinéma hollywoodien tout entier dans un feu d'artifices époustouflant mais totalement futile et inutile et d'engendrer toute une descendance co-sanguine d'ersatz tous plus dégénérés les uns que les autres ! "J'accuse Michael Bay de nous prendre pour des mal-finis !"
    Bon , O.K ! Quand on critique ce film et qu'on cite Udo Kier qui n'a qu'un rôle tout à fait inter-changeable et très court et qu'on ne cite pas Will Patton , véritable second de confiance de Bruce Willis , ni Peter Stormare , ni Jason Isaacs , ni William Fichtner , là , je me dis qu'il y a du défoulement dans l'air plutôt qu'une réelle volonté d'opinion objective .
    Sans être un chef-d’œuvre du cinéma tout court , ce film fonctionne bien et sa distribution est tout à fait estimable .
    Chacun est comme il est : passons sur Bruce Willis et sa longue filmo en roller coaster ; Will Patton c'est Sens Unique , Haute Voltige , Le Client , Copycat entre-autres ; Michael Clarke Duncan c'est Daredevil , La Ligne Verte ; Owen Wilson c'est En Territoire Ennemi où il est épatant et que dire de Ben Affleck ? Quel parcours !

    Michael Bay est ce qu'il est ; et le cinéma français dans tout ça ? Ca fait plus de quinze ans qu'il ne doit sa survie qu'à de piètres comédies surestimées , au succès parfois colossal , plutôt qu'à de de vrais films de divertissement populaires ambitieux et paradoxalement souvent sans prétention , comme il savait si bien les faire avec de bons acteurs charismatiques .
    Aujourd'hui , vive le « regardage » de nombril caricatural et la médiocrité ET le communautarisme ! Il ne faut surtout pas l'oublier celui-là ! Mais il ne faut surtout pas oublier non-plus de démolir à tout-va ce qui vient des US et qui , tout critiquable qu'il soit , engrange des profits qui lui permet de créer autre chose lui-aussi et de se renouveler mieux que notre sacro-saint cinéma français . Même les Anglais , les Espagnols , les Coréens ou les Scandinaves créent des œuvres qui nous mettent minables et ce qu'on a de plus défendable , on se le fait impérialement chiper .
    Le jour où , dans ce pays , on saura faire mieux qu'Armageddon , alors on pourra peut-être flamber et la ramener ! En attendant , il n'y a qu'à s'incliner et à saluer ce savoir-faire .
    Il a osé ? J'ai osé !

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    1. "Owen Wilson", "En territoire ennemi" et "épatant" dans la même phrase... Perso j'aurais pas osé...

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  8. Ah , au fait , notre ami Bruce Willis finit de funeste manière dans au moins 10 films ; preuve supplémentaire du parti-pris "pensée unique" de l'appréciation réservée à ce film , dont l'Armée des Douze Singes , La Mort Vous Va Si Bien , Mission Evasion , Sin City .

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    1. En Territoire Ennemi est un film très sympa à condition d'aimer Gene Hackman , les avions , les porte-avions , les missiles , les hélicoptères , les éjections séquencées , Vladimir Machkov , Joaquin De Almeida et les films de John Moore . Personnellement , ça me plait !
      En plus , c'est inspiré par une histoire vraie vécue par le pilote USAF , le capitaine Scott O'Grady , abattu avec son F-16 au dessus de la Bosnie , en Juin 1995 et par un lieutenant britannique de la Royal Navy , Nick Richardson , descendu avec son Sea Harrier lui aussi au-dessus de la Bosnie en 1994 ; voilà pour l'info .
      Osé , pas vrai ?

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