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6 octobre 2011

Batman

Aujourd'hui nous accueillons Joe G., rédacteur en chef de l'outstanding webzine musical C'est entendu, pour nous parler avec passion, enthousiasme et tranchant (comme toujours avec Joe G. et sa gouaille franglaise sans pareille) du premier Batman, celui de Tim Burton.

En dehors du port-de-boucain lambda, l'homme de la rue trépané du ciboulot, le gros gros idiot que l'on nomme souvent "tout-un-chacun" pour ne pas dire "personne" qui a toujours préféré Batman & Robin parce que selon lui George Clooney est un acteur connu, à la différence de Michael "Caine ? Non." Keaton et Val "de Marne" Kilmer qu'il n'a jamais vu dans les rétrospectives "people" de M6 ; en dehors de cet individu un peu con, tout le monde préfère Batman : le Défi, le deuxième film réalisé par Timur Burton, plutôt que le premier, "Batman 1, LE Batman, Da prem's Batman, le first, avec Keaton dans le rôle de Bruce Wayne, mais le premier de Burton pas le 2, le 1. Ba1man, Batone, el primero uno". Je comprends et respecte ce choix parce qu'il est vrai qu'à l'opposé du premier film, le scénario du "Défi" semble plus alambiqué, et on a droit à plusieurs personnages opposés à le Batman : Catwoman, le Pingouin et Chris Walken (aka "le notable pire que les freaks").


Je ne dis pas ça parce que la photo vient de la scène du restaurant, ni parce que j'aime pas les croquettes, mais y'a définitivement plus à bouffer ici que chez Selina Kyle

Mais je crois que c'est justement la raison pour laquelle je préfère le premier épisode. Ça et puis il faut dire que la plastique de Kim Basinger me convient mieux que la maigreur de Michelle Pfeiffer. Ca joue ! Le premier volet de la saga d'avant le reboot est celui qui pour moi symbolise le mieux l'esprit des bandes dessinées d'avant-guerre. C'est même, avec le film Dick Tracy et peut-être le moins connu Rocketeer, l'un des tous meilleurs exemples de mise en métrage de ces comic books d'antan et de leur idéalisme américain sur fond de corruption, de violence et de roman noir.


Le lieutenant Max Eckhardt, gros lard corrompu tout droit issu de l'imaginaire du Chicago d'Elliott Ness

Dans Batman, il n'y a qu'un seul ennemi et c'est celui qui compte : le Joker. C'est lui qui a tué les parents de Bruce quand il était gamin, c'est un mec complètement fêlé et il permet l'association des deux aspects qui rendent le film si réussi à mes yeux : la caricature du roman (graphique) noir et le grotesque amusant des années 80. Rappelons-le, Batman a paru en 1989 et sa bande-son est signée Prince. C'est important.


Le Joker en critique terminale des Reaganomics, le vol de l'argent public par l'élite blanche (la couleur de la peau du gangster nouveau qu'est le Joker) d'une Amérique décomplexée et corrompue entre 1980 et 1988

Si l'on a envoyé tant de fleurs à feu-Heath Ledger pour son interprétation cinglée du Joker, c'est en partie il faut le reconnaitre parce qu'il a fallu à cet acteur surpasser la performance de Jack Nicholson, grand parmi les grands, qui offre là un personnage haut en couleurs. Si le Joker complètement timbré et franchement marrant de ce film est indéniablement un bon méchant avec des répliques mémorables (en VF les fameuses : "Il faudrait voir à pas trop me prendre pour une POIRE" après avoir flingué Bruce Wayne ou le "T'es mort et c'est chouette !" chanté après avoir fait frire l'un des chefs de la pègre) mais c'est surtout l’ambiguïté de son personnage qui le rend si intéressant puisque l'on peut voir au début du film le Jack Napier d'avant le bain d'acide. Et là, Nicholson est fidèle à lui-même, tout en sourires en coin, dans un séduisant costume de gangster, un chapeau baissé sur les yeux et il a l'air vraiment dangereux. Davantage que le Joker, qui n'est qu'imprévisible et fou. Ma scène préférée est peut-être celle où il hèle le lieutenant corrompu symbolique d'un "Hey Eckhart !" avant de le flinguer. C'est exactement comme ça que je fantasme les personnages de pulps noirs, pile entre James Cagney et un cliché de bande dessinée. Et puis après ça la réactualistion du mythe du Joker peut se laisser aller à toutes les excentricités permises par la fin des années 80, avec les publicités télévisées pour les produits esthétiques qui tuent de rire, la parade mortelle dans Gotham à la fin, et même cette cathédrale immense, improbable dans une ville américaine, et absolument fantasmatique, dont les gargouilles gigantesques sont à l'image du film : un anachronisme voué au ravissement de l'imagerie rêvée.

"Est-ce qu'il t'arrive de vouloir danser avec mes bastos au clair de lune ?"

Un mot sur Batman, puisqu'il s'agit tout de même de lui, aussi. Contrairement au premier volet du reboot de Nolan, on ne nous bassine pas ici pendant des plombes avec le passé et la psyché de Wayne, et c'est tant mieux ! Ce film est à l'image de la bande dessinée, un pur produit de consommation populaire mêlant fantastique, action et humour noir. Il n'y a pas de place là-dedans pour de la psychologie à deux sous. On voit certes les parents de Wayne mourir mais ça n'a pour but que de servir l'établissement du mobile de vengeance qui amènera au duel final entre Wayne et Napier. Malgré tout le respect que j'ai pour Michael Keaton et pour ses talents (aperçus notamment dans Beetlejuice, Multiplicity ou Desperate Measures ou plus récemment son second rôle dans The Other Guys), il faut avouer qu'il est ici plus ou moins transparent mais c'est un trait qui me parait en fait être partie du personnage de Batman/Wayne et que l'on retrouve chez tous ses interprètes (Clooney, Kilmer, Bale). Batman est une idée, un costume, un étendard, un fantôme. C'est exactement la raison pour laquelle l'étude de sa psychologie, de ses sentiments, telles qu'elles ont par exemple été montrées, poussées à l'extrême dans Batman Begins n'ont aucune sorte d'intérêt. On n'étudie pas les sentiments d'un costume. Ses idylles éternellement renouvelables dans la première série (Basinger, Pfeiffer, Kidman, qui d'autre ?) ne sont qu'un coup de pinceau dans le tableau qu'est ce personnage, représentant de l'idée selon laquelle le mal crée le mal, cette notion de la transformation karmique glamorisant le chevalier gris (et non pas noir), luttant pour le bien avec les armes des méchants. Timur Burton, jamais avare de métaphores fantasmagoriques, avait réalisé son film le plus abouti en 1989 et si seulement quelqu'un avait pu l'en informer, on n'en serait pas aujourd'hui à se demander où est passé le talent supposé de Johnny Depp.


Batman de Tim Burton avec Michael Keaton, Jack Nicholson et Kim Basinger (1989)

19 commentaires:

  1. Très chouette critique, ouais !

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  2. A l'époque, Michael Keaton se tringlait Courteney Cox matin midi et soir.

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  3. Oui, Kim Basinger, oui .... Toujours et encore ... Kim Kimmy Kim KimKim KimB KimBa Kim Ba Singer Kim BaaaaaaaaaaaaaaKim Ba Singer ... Y a-t-il un article sur Thor à suivre ?

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  4. Oui, j'ai préparé un article sur Thor. Pourquoi ? :)

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  5. J'aimerais avoir votre avis sur Thor.

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  6. Kim Kimmy Kim KimKim KimB KimBa Kim Ba, Kim BaaaaaaaaaaaaaaKim Ba, Kimble, le docteur Richard Kimble, je suis le docteur Richard Kimble, recherché pour le meurtre de ma femme, je suis innocent, j'ai été pris dans un piège, I was framed ! Un homme avec une prothèse à la place du bras, je me suis battu avec, je lui ai raspé son bras, personne ne me croit, et je suis poursuivi jourzénuits par le Marshal Gerard qui a promis de me retrouver et de me mettre derrière les barreaux ! Je suis fugitif mais je retrouverai le manchot qui a assassiné ma femme et le terrible commanditaire qui a foutu ma vie en l'air. Je suis à deux doigts de découvrir qui est derrière toute cette machniation mais aussi d'être rattrapé par le plan Marshal Gerard !!!

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  7. La vitesse d'un marcheur moyen est de 6 km/h, ce qui vous laisse un rayon de 9 km. Notre fugitif s'appelle RICHARD KIMBLE.

    LÂCHE CE FLINGUE. TOURNE TOI !

    Moi j'essaie de reconstituer un puzzle. Et j'ai trouvé une pièce importante.

    IL PORTE UNE PROTHÈSE.

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  8. Tu l'as revu récemment ou quoi ?

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  9. Non mais les babillements d'Arnaud sur Kim Basinger m'ont inspirés. Et ce film reste vachement bien.

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  10. très bon film, mais je fais partei de ceux qui préfèrent le premier!

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  11. L'auteur de l'article aussi si j'ai bien compris ;)

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  12. lol je voulais dire le deuxième...

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  13. Super article Joe, et n'ayant jamais vu le défi, je préfère le premier ! :-D

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  14. Le Chat de Chester31 décembre, 2012 14:11

    Ce Batman là est très bon. Ce Joker aussi :) En fait, j'aime beaucoup le Joker de Ledger SAUF QUE il ne me fait pas rire comme celui de Nicholson et ça, c'est grave !!!!! Grande fan du personnage du Joker devant l'Eternel, je ne le vois que comme horriblement drôle, comme un équilibriste monstrueux entre la peur de la mort et la grande rigolade qu'est la vie dans ce qu'elle a d'absurde. Dans Killing Joke (la BD), il arrive même à faire rire Batman de bon coeur. Bref, pour moi, le vrai Joker est un sale gosse blagueur mais dangereux. Et Nicholson rend bien cet aspect là. J'aime aussi son côté "sentimental" particulier. Le Joker n'est pas qu'une machine à tuer insensible. Il a juste une sensibilité trèèèèèèèès différente du commun des mortels. Bref, belle réussite ce Joker là.
    Keaton, j'adore toujours autant. Il endosse son personnage sans que ça ait l'air d'une corvée, sans se prendre la tête. Bref, avec un joli naturel flegmatique qui lui va bien. J'aime beaucoup quand il fait le Bruce Wayne pétant un câble devant Joker dans l'appart' de Kim. On voit qu'il s'amuse bien, le petit :)
    Bon, Kim... Comme je suis une nana, ben, elle me fait pas d'effet particulier, haha ! Elle m'énerve juste quand elle hurle à m'en péter les tympans. Et puis bon, elle est seulement là pour être la petite copine à sauver, point barre. J'ai failli m'endormir durant la séquence romantique de la soirée chez Wayne. Trop dans le genre "parce qu'il faut bien passer par là mais en fait on s'en fout".
    Du coup, moi, je préfère vraiment Miss Kyle qui a une vraie profondeur et qui existe vraiment pour elle même.
    Enfin bon, pour résumer, Batman version Burton, j'adhère, j'adoooore !

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