Je ne savais rien de ce film avant de m’y risquer. Enfin si, à vrai dire, j’en savais suffisamment pour m’attendre à un film d’horreur gothique, production Hammer oblige. On doit en effet Scream of Fear au fameux studio britannique connu pour s’être spécialisé dans le cinéma fantastique et d’épouvante dans les années 50 et 60, avec comme figures de proue de cet âge d'or, les inoubliables Peter Cushing et Christopher Lee. Ce dernier se retrouve d’ailleurs à l’affiche de Scream of Fear, il y incarne un second rôle tout en sobriété, bien loin de ceux qui ont fait sa renommée. Il faut aussi avouer que ce film est présenté à tort comme une pure série B d’épouvante, j’en veux pour preuve son titre (vous le trouverez aussi sous celui de Taste of Fear) et son affiche, très racoleurs, qui ne reflètent en rien le contenu de l’histoire et qui correspondent finalement fort peu à ce dont il s’agit vraiment.
Réalisé en 1961 par Seth Holt, Scream of Fear est en réalité un thriller macabre au scénario très surprenant dont il vaut mieux par conséquent dévoiler le moins d’éléments possible. Nous y suivons une jeune femme anglaise, en fauteuil roulant, qui débarque en Provence pour y retrouver son père qu’elle n’a pas vu depuis dix ans. A son arrivée dans la grande demeure familiale, elle est accueillie par sa belle-mère (Ann Todd), qui la prévient que son papa est en voyage d'affaire. Décontenancée par cette nouvelle, la jeune femme le sera encore davantage quand elle se mettra à être témoin d'apparitions sinistres du cadavre de son père. D’autant plus inquiète et incrédule quant à la réelle raison de son absence, notre héroïne ne sera pas prise au sérieux par la belle-mère ni par le médecin (Christopher Lee), dont les marques d’attention sont bien loin de la rassurer. Elle décidera donc de mener sa propre investigation, trouvant une aide précieuse auprès du sympathique homme de maison (Ronald Lewis)…
Alors certes, dans sa première partie, Scream of Fear peut parfois faire penser à un bon vieux film de maison hantée, puisque l’on a droit à des scènes chocs très efficaces et propres au genre, qui correspondent aux apparitions morbides du père. Mais c’est finalement une intrigue qui n’a rien de fantastique qui va peu à peu se dévoiler sous nos yeux. On navigue même assez clairement du côté du film noir, doté d'une intrigue solide avec enquête, fausses pistes et coups de théâtre finaux astucieux et crédibles. On peut quasiment parler d’un double twist à Saint Tropez et c’est le cas de le dire vu que le film se déroule sur la Côte d’Azur. Sur ce, on se retrouve au paragraphe suivant...
Les scènes de tension précédemment évoquées sont rares mais toutes très réussies. Elles atteignent toujours leur but et ce notamment grâce à la prestation remarquable de l’actrice principale, Susan Strasberg, dont le petit minois et les immenses yeux noirs expriment la peur à la perfection. Le charme de cette actrice, fille de Lee Strasberg, est ici particulièrement éclatant, il peut aisément rappeler celui de la légendaire Audrey Hepburn. Même visage sans âge, même allure frêle et d’une rare élégance ; et surtout, les deux comédiennes sont portées par la même grâce et elles dégagent la même vulnérabilité. Le personnage qu’incarne Susan Strasberg est d'ailleurs très proche de celui campé par Audrey Hepburn dans Wait Until Dark (Seule dans la nuit) de Terence Young : deux femmes diminuées, tentant courageusement de surmonter leur handicap (la cécité chez Hepburn), autour desquelles gravitent des individus mauvais et sans scrupules, seulement guidés par leur cupidité.
Le réalisateur Seth Holt s’appuie également sur un excellent scénario signé Jimmy Sangster, des dialogues ciselés et un final ébouriffant. Le cinéaste britannique semble s’inspirer ouvertement des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, à travers certains détails que je tairai volontairement et qui ne manquent pas de souligner la paternité des deux films sans jamais porter atteinte à la qualité et à l’originalité de Scream of Fear. Seth Holt parvient très joliment à mettre en place une ambiance lourde, menaçante, anxiogène, filmée dans un superbe noir et blanc sublimé par la photographie de Douglas Slocombe. Tout cela fait qu'on se laisse complètement prendre dans cette histoire si bien ficelée et, quand apparaît le mot « Fin », on s'étonne que ce si chouette film ne soit pas plus connu. Un film qui porte l'empreinte de deux personnes de talent, le cinéaste et son actrice, toutes deux disparues prématurément. Un film à redécouvrir, ne serait-ce que pour leur rendre justice. Une petite merveille oubliée.
Réalisé en 1961 par Seth Holt, Scream of Fear est en réalité un thriller macabre au scénario très surprenant dont il vaut mieux par conséquent dévoiler le moins d’éléments possible. Nous y suivons une jeune femme anglaise, en fauteuil roulant, qui débarque en Provence pour y retrouver son père qu’elle n’a pas vu depuis dix ans. A son arrivée dans la grande demeure familiale, elle est accueillie par sa belle-mère (Ann Todd), qui la prévient que son papa est en voyage d'affaire. Décontenancée par cette nouvelle, la jeune femme le sera encore davantage quand elle se mettra à être témoin d'apparitions sinistres du cadavre de son père. D’autant plus inquiète et incrédule quant à la réelle raison de son absence, notre héroïne ne sera pas prise au sérieux par la belle-mère ni par le médecin (Christopher Lee), dont les marques d’attention sont bien loin de la rassurer. Elle décidera donc de mener sa propre investigation, trouvant une aide précieuse auprès du sympathique homme de maison (Ronald Lewis)…
Alors certes, dans sa première partie, Scream of Fear peut parfois faire penser à un bon vieux film de maison hantée, puisque l’on a droit à des scènes chocs très efficaces et propres au genre, qui correspondent aux apparitions morbides du père. Mais c’est finalement une intrigue qui n’a rien de fantastique qui va peu à peu se dévoiler sous nos yeux. On navigue même assez clairement du côté du film noir, doté d'une intrigue solide avec enquête, fausses pistes et coups de théâtre finaux astucieux et crédibles. On peut quasiment parler d’un double twist à Saint Tropez et c’est le cas de le dire vu que le film se déroule sur la Côte d’Azur. Sur ce, on se retrouve au paragraphe suivant...
Les scènes de tension précédemment évoquées sont rares mais toutes très réussies. Elles atteignent toujours leur but et ce notamment grâce à la prestation remarquable de l’actrice principale, Susan Strasberg, dont le petit minois et les immenses yeux noirs expriment la peur à la perfection. Le charme de cette actrice, fille de Lee Strasberg, est ici particulièrement éclatant, il peut aisément rappeler celui de la légendaire Audrey Hepburn. Même visage sans âge, même allure frêle et d’une rare élégance ; et surtout, les deux comédiennes sont portées par la même grâce et elles dégagent la même vulnérabilité. Le personnage qu’incarne Susan Strasberg est d'ailleurs très proche de celui campé par Audrey Hepburn dans Wait Until Dark (Seule dans la nuit) de Terence Young : deux femmes diminuées, tentant courageusement de surmonter leur handicap (la cécité chez Hepburn), autour desquelles gravitent des individus mauvais et sans scrupules, seulement guidés par leur cupidité.
Le réalisateur Seth Holt s’appuie également sur un excellent scénario signé Jimmy Sangster, des dialogues ciselés et un final ébouriffant. Le cinéaste britannique semble s’inspirer ouvertement des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, à travers certains détails que je tairai volontairement et qui ne manquent pas de souligner la paternité des deux films sans jamais porter atteinte à la qualité et à l’originalité de Scream of Fear. Seth Holt parvient très joliment à mettre en place une ambiance lourde, menaçante, anxiogène, filmée dans un superbe noir et blanc sublimé par la photographie de Douglas Slocombe. Tout cela fait qu'on se laisse complètement prendre dans cette histoire si bien ficelée et, quand apparaît le mot « Fin », on s'étonne que ce si chouette film ne soit pas plus connu. Un film qui porte l'empreinte de deux personnes de talent, le cinéaste et son actrice, toutes deux disparues prématurément. Un film à redécouvrir, ne serait-ce que pour leur rendre justice. Une petite merveille oubliée.
Scream of Fear de Seth Holt avec Susan Strasberg, Ann Todd, Ronald Lewis et Christopher Lee (1961)
Mais du coup c'est SCRE5M ? C'est la suite ? Pourquoi Craven ne l'a-t-il pas réalisé ?
RépondreSupprimer(ça a l'air bien)
ça donne vachement envie!
RépondreSupprimerCool cet article :D
RépondreSupprimerouahh ça donne envie^^
RépondreSupprimer:)
RépondreSupprimerA l'époque, Wes Craven devait encore fumer des joints au foyer de lettres de sa fac.
Il est rare de lire sur ce film alors je tiens à saluer l'initiative. Ce film est d'abord pour moi un souvenir de jeunesse. Je l'avais vu 2 fois dans des séances de minuit au cinéma. Je l'ai récemment commandé en dvd, il existe dans une très belle édition et j'ai pu apprendre certaines informations intéressantes, comme le fait que Susan Strasberg est la fille du célèbre créateur de "la méthode" qui porte son nom (Lee Strasberg) et que Christopher Lee considère Hurler de Peur comme le meilleur film dans lequel il ait joué et qu'il considère Seth Holt comme l'un des plus grands cinéastes britanniques (cela montre bien toute la considération qu'a l'acteur pour ce film).
RépondreSupprimerVous faites bien de parler des Diaboliques, influence et inspiration de ce film. Pour ma part, je pense aussi à Hitchcock. Disons que c'est un film qui pourrait être d'Hitchcock!
Vous faites bien de parler de la magnifique photo due à Douglas Slocombe, qui a ensuite travaillé avec Hitchcock, justement, mais aussi Spielberg, toujours pour de franches réussites et avec un talent qui lui est sien.
Je l'ai revu avec grand plaisir il y a peu, et c'est pour cela que j'en parle de cette façon ce soir (excusez si je m'étends un peu trop...). J'avais peur que le film ait mal vieilli, mais pas du tout. J'ai retrouvé le même filet d'angoisse qu'à l'époque, un plaisir identique tout du long.
Hurler de peur est un excellent moment de suspense, sans temps morts (le film fait 80 minutes, durée bien adaptée à cette histoire limitée en lieux et personnages). Un de mes films préférés dans ce genre, même s'il y a chez moi un aspect affectif à cela.
Je le recommande donc également avec force et n'hésitez pas à le commander, l'édition est vraiment de qualité et comprend un superbe livret illustré.
Au plaisir...
Vous faites bien de faire des articles comme ça, parce que je vois pas assez de vieux films, et des fois j'ai besoin d'un coup de pouce (comme votre article) pour m'y mettre.
RépondreSupprimerScream of Fear est un vrai trésor caché du cinéma, je plussoie!!
RépondreSupprimerJe suis vraiment ravie de lire un article sur ce film. Je repasserai par ici moi...
:D
Supprimermerci pour cet article bien écrit et qui donne envie sans révéler trop du film ...
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