Adaptation française de la plus célèbre bande dessinée du japonais Jiro Taniguchi, Quartier lointain n'a pas beaucoup fait parler de lui. "Adaptation française" parce que le film est tourné en français avec une majorité d'acteurs de chez nous, mais en réalité c'est une co-production internationale de pays limitrophes, et le film est réalisé par Sam Garbarski, un réalisateur de pubs belge. Il en a tourné une cinquantaine. Quant à son expérience au cinéma elle se résume pour l'instant à la réalisation d'Irina Palm et à un rôle dans l'irritant Un Secret de Claude Miller. Donc entre l'insuccès du film et le modeste palmarès de son réalisateur, on pouvait s'attendre à tout. Eh bien il y a de quoi être surpris par ce film qui n'est pas un grand chef-d'œuvre mais qui s'avère être un agréable petit film qu'on regarde sans le moindre déplaisir. La sobriété du projet ne tranche pas avec celle du style Taniguchi, le Dieu de la bande dessinée Japonaise ayant d'ailleurs en quelque sorte adoubé le travail d'adaptation en acceptant d'apparaître dans un bref caméo à la fin du long métrage. Garbarski ne cède pas à la facilité d'une mise en scène inspirée d'Ozu (cinéaste que l'on a souvent et à juste titre rapproché de l'auteur de BD), pour préférer à cela une pure adaptation française qui ne se limite pas à la langue parlée par les acteurs ou au décor de l'histoire mais qui s'affirme par une esthétique typique du film français sans prétention.
Quartier lointain a tout du film pour enfants tel que l'envisageait un réalisateur comme Jean-Loup Hubert (Le Grand chemin, Après la guerre), il a donc de quoi charmer les plus jeunes, mais à vrai dire l'histoire peut captiver à tout âge car c'est un peu celle de Retour vers le futur adaptée à un personnage d'adulte : Thomas (Pascal Greggory), la cinquantaine, prend un train pour retourner auprès des siens après un week-end en déplacement professionnel. Se réveillant dans le wagon à l'approche d'une gare, il découvre qu'il s'est trompé de train et que celui dans lequel il a embarqué fait route vers le village de son enfance. Profitant de cette erreur, Thomas se rend sur la tombe de sa mère (Alexandra Maria Lara), mais ce retour sur les traces de son enfance se transforme en voyage dans le temps et le personnage se réveille dans son corps d'adolescent de 14 ans, ramené à l'époque de sa jeunesse et retrouvant ses parents et sa petite sœur dans la France des années 60. Or il s'avère que son arrivée dans le passé précède de peu l'anniversaire de son père, date à laquelle ce dernier se fit la malle sans rien dire à personne, provoquant la dépression qui fut fatale à la mère de Thomas. L'idée de retourner dans notre passé aura toujours de quoi nous passionner et devant cette histoire on se pose bien des questions sur la jeunesse de nos propres parents et sur nos faits et gestes d'antan, entre regrets et nostalgie.
La différence majeure avec Retour vers le futur c'est que le personnage réinvestit son propre corps, donc pas de rencontre possible avec son double du passé qui briserait le continuum espace-temps si cher au Doc. Pas non plus de rencontre avec maman, qui aurait une envie irrépressible de s'en prendre à la nouille de son fiston considéré par méprise comme un étranger, dommage car la maman du héros est interprétée par l'Allemande tétanisante Alexandra Maria Lara, ci-dessus photographiée par un type qui depuis refuse mordicus de toucher à son appareil photo argentique dernier cri qui lui a coûté une fortune, et qui se signe tous les matins devant ce Kodak enfermé sous verre et sous clé, à propos duquel il n'a de cesse de hurler, comme Harrison Ford dans Indiana Jones et la dernière croisade : "Sa place est dans un musée !".
Quartier lointain de Sam Garbarski avec Pascal Greggory et Alexandra Maria Lara (2010)
Ca file envie. J'avais bien aimé la BD et l'idée de ne pas l'adapter ultra fidèlement (avec des asiatiques), c'est pas con.
RépondreSupprimerJ'avais un peu peur de l'adaptation et finalement l'atmosphère générale du manga a été plutôt bien retranscrite. Bref, une bonne surprise même si le film m'a moins touché que la BD.
RépondreSupprimerCa file envie! J'avais bien aimé la BD et l'idée de pas l'adapter fidèlement fidèlement, c'est à dire avec des jaunes, c'est une chic idée.
RépondreSupprimerJ'ai lu la BD y'a un bon moment maintenant, je m'en rappelle pas complètement, je l'avais bien aimée mais elle ne m'avait pas bouleversé non plus. Le film étant plus frais dans ma mémoire je le jugerais plus efficace à l'heure actuelle, mais c'est sans doute pas le cas.
RépondreSupprimerheu elle a quoi de spécial Alexandra Mara Lara?!
RépondreSupprimerElle a de spécial l'effet qu'elle a sur moi !
RépondreSupprimerC'est original un film français qui adapte un manga. Par contre, je ne l'ai pas vu et je ne sais pas si un jour je le verrai. Aucune idée, et pour l'instant je me pose la question avec véhémence et fermeté. Dans un cas comme dans l'autre j'ai peur que ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Mais j'aurais tord de partir "a priori". Comme on dit dans mon village : "Macarel, va me chercher ce brin d'herbe là-bas, j'ai besoin de me curer les dents".
RépondreSupprimerRéflexion typique d'un poulpe. Comme on les aime !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la BD mais je n'avais même pas entendu parler du film !
RépondreSupprimerIl n'a pas fait le buzz.
RépondreSupprimerC'est pas Alexandria Maria Laria qui joue dans Das Boobs ?
RépondreSupprimerJ'avais noté sa sortie, mais je l'ai effectivement loupé. Votre article vient de lui offrir un repêchage. Merci.
RépondreSupprimerAlexandra Maria Lara n'est pas Allemande mais Roumaine. Mais elle est toujours aussi belle (voir photo prise l'année dernière à Locarn)
RépondreSupprimerhttp://wp.arte.tv/olivierpere/2012/08/16/locarno-2012-memories-of-beautiful-people/
Merci pour cette précision (et belle photo) :)
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