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20 avril 2011

Les Trois prochains jours

Je suis déçu. Déçu par ce film et par le traitement qui en a été fait. Si je ne m’abuse, il devait s’agir du remake "made in USA" de Welcome, le pamphlet contestataire de l’insaisissable Philippe Lioret, porté par la superstar Vincent Lindon. Et je me réjouissais par avance qu’un tel brûlot social soit repris par la grande machinerie hollywoodienne pour ainsi voir son impact dédoublé, que dis-je, octuplé ! Quand j’ai su que Paul Haggis reprenait le flambeau allumé par Lioret, ça faisait sens, et je trouvais tout à fait logique qu’un cinéaste ayant prouvé qu’il était sensible aux questions de société s’attaque à un tel projet. Il n’y a qu’à se balader Dans la vallée d’Elah ou se prendre son Crash frontal pour s’en assurer : cet homme se sert de son art pour transmettre un message de paix et d’amitié entre les peuples. En somme, un artisan de l'universel. Quand j’ai appris que Vincent Lindon était remplacé, poste pour poste, par Russell Crowe, je me disais que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, tel un remake approuvé John Carpenter, et que l’on se dirigeait tout droit vers le chef d’œuvre ultime tant espéré. Je sais pas vous, mais moi, entre d’un côté la tronche ravagée, les milles tics par minute et le charisme vagabond de Barry Lindon et de l’autre, la voix abîmée par l’alcool, le regard las et l’allure rustique de son collègue australo-néo-zélandais, mon cœur balance et, dans tous les cas, chavire. Tandis que le second est un éternel amoureux des chevaux, à tel point qu’il a bien du mal à s’en séparer entre chaque tournage, le premier perd ses cheveux dès qu’il n’est pas sous les feux de la rampe, cheveux qui repoussent par magie dès qu'un projecteur est braqué sur son crâne par un intermittent du spectacle. Autant de points communs surprenants qui m’amenaient à penser qu’il s’agissait du choix idéal.


Sur ce cliché pris à la sauvette, vous avez le seul type qui arrive à avoir la classe sur une plage du Nord-Pas-de-Calais en hiver.

Mes premiers doutes sont apparus lorsque j’ai pris connaissance du titre choisi pour la version américaine du film de Lioret. Assez naïf, j’avais déjà imaginé que le film aurait pu s’intituler Bienvenue, comme un pied-de-nez amical adressé à l’œuvre initiale. J’étais loin du compte… Mais ça n’était que le début d’une série de désillusions terribles dont j’ai à présent du mal à me remettre. Je m’étais déjà longuement amusé à américaniser le scénario de Philippe Lioret avant d’avoir vent de la trame réelle du film de Paul Haggis. Aussi je m’étais mis à penser que la piscine du remake serait plus longue, que Russell Crowe se trimballerait tout autour dans un monokini plus saillant que le bas de survêt jadis porté par Lindon, une tenue mettant plus judicieusement en avant le mastodonte de petit-petit-petit-fils d'aborigènes qu'est l'acteur oscarisé. Et surtout, je m'étais dit que le clandestin, prenant alors les traits d’un cubain égaré à Homestead (Florida), aurait désormais pour but de traverser le détroit de Floride à la nage, et non la Manche, toujours guidé par le même espoir de rejoindre sa fiancée restée au pays. Hélas, j’avais tout faux !


Sur ce cliché, admirez l'effort fait par Russell Crowe pour ressembler à tout le monde et à personne à la fois, une girl-next-door au masculin, l'alter-ego baraqué de Paul Hagard de l'est.

Je suis tombé des nues face à ce thriller décousu et lent, où un Russell Crowe qui n'a vraisemblablement pas l'intention de jouer le rôle du mari transi et prêt à tout pour sortir sa bien-aimée de sa geôle, mais plutôt celui du pervers sexuel qui se complaît à prendre discrètement des photos des entre-jambes des demoiselles ayant eu le malheur de se trouver en jupe face à cet étalon venu tout droit d'Océanie et dont le visa expire dans deux jours ! En somme, nous sommes bien loin des méthodes de l'actor's studio mises à mal par Al Pacino dans Maniac Cop, retitré Serpico en France. Dans le script, le personnage incarné par Russell Crowe se donne pour mission de sortir sa bonne femme de taule afin d’aller vivre un avenir plus radieux en Thaïlande avec leur fils autiste. On se rend compte que Welcome est bien loin, et la transformation du projet pourrait faire l’objet d’une thèse passionnante. Un bémol cependant : pourquoi risquerait-on sa vie à libérer sa femme de prison lorsque celle-ci a le physique disgracieux d’Elizabeth Banks ? Là encore, le film français, où la jeune femme était incarnée par la charmante Diane Kruger, l’emporte haut la main et enterre son remake américain. "Bigger, louder, better, dick stronger" ? Pas convaincu.


Les Trois prochains jours de Paul Haggis avec Russell Crowe et Elizabeth Banks (2010)

7 commentaires:

  1. vous êtes stupides !

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  2. Soit votre billet est un monument d'humour soit un gigantesque contresens.

    Les trois prochains jours n'est pas un remake de "Welcome" avec Lindon mais bien de "Pour elle" avec.... Lindon.

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  3. Sans déconner ? C'est un scoop ! :D

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  4. Je crois que Yann, en plus d'être cinéphile, est un génie.

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  5. Votre commentaire est un meli melo d incohérences. Votre copie est à revoir.

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