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2 janvier 2011

Demain dès l'aube

Je ne voulais pas commencer la nouvelle année en parlant d'un film dont personne n'a rien à foutre et pourtant c'est ce que je vais faire. Cette année 2011 a mal commencé pour moi de toutes façons... Au repas du Nouvel An mon tonton m'a craché dessus sous prétexte que j'ai pas voté Sarkozy en 2007 et quant à mon arrière-mémé, qui comme d'habitude n'en a que pour elle, elle s'est contentée de faire sous elle à minuit pile. Alors je ne vous épargnerai pas en vous faisant la grâce d'un chouette film d'ouverture et je vais vous parler de Demain dès l'aube de Denis Dercourt (et il ne s'agit pas d'un énième épisode de la saga James Bond). Normalement vous avez tous tracé vos routes du blog mais je continue. Pour vous dire que ce film ressemble un peu à son affiche. Je ne fais pas référence à la phrase d'accroche, d'une rare débilité, mais bien à l'affiche. D'abord un mot sur la phrase d'accroche quand même, qui vaut le détour : "Deux frères, un jeu, une vengeance"... C'était mot pour mot la catchphrase de Ben-Hur, celle de The Game, de Old Boy, des Trois frères, des Deux frères félins siamois de Jean-Jacques Annaud aussi, du Robin des bois de Kevin Costner et Christian Slater mais aussi le sous-titre de Ma meilleure ennemie, où les deux frères étaient interprétés par Julia Roberts et Susan Sarandon. Mais revenons à l'affiche qui annonce d'abord un film intriguant, car on sent bien que les costumes laissent présager quelque chose de plutôt déroutant du type faille spatio-temporelle et autres voyages dans le temps, comme sur le poster des Visiteurs qui décore encore la porte de mes chiottes. Et en même temps l'affiche du film de Dercourt n'arrive pas à la cheville de celle de Jean-Marie Poiré, ça vaut pas cher et ça saute aux yeux, y'a qu'à regarder ce collage photoshopé de derrière les fagots qui rassemble fort mal les deux acteurs en présence dans le même plan. J'ai tendu cette affiche à même le mur porteur de mon séjour histoire de jouer aux fléchettes dessus avec ma collection de Laguioles que j'ai eu à Noël. Trop content de ce cadeau.



Denis Dercourt reprend deux des sujets favoris des millions d'émissions de Jean-Luc Delarue et de Sophie Davant aka Pikachu, à savoir les frères qui se bastonnent à mort d'une part, et ces gens appelés "rôlistes" d'autre part, des types un peu schizo sur les bords qui, tous les week-ends, enfilent de vieux costumes de l'époque napoléonienne et se caillassent dans des champs reculés du Massif Central ou de la Dordogne à la façon de nos ancêtres trépanés dans des jeux de rôles à échelle humaine pris très au sérieux par ces tarés de première.



Vincent Perez, égal à lui-même, lisse comme une couille, interprète un illustre pianiste en pleine rupture conjugale qui s'en retourne vivre un temps dans la maison maternelle afin de soutenir sa mère mourante et de renouer avec son frère, Jérémie Renier, particulièrement exaspérant dans son rôle de rôliste cinglé coiffé chaque matin à la Glue 3. A de rares instants la sauce prend et le décalage entre la réalité et l'univers parallèle des tchiplés, qui se prennent pour des hussards à grimper sans arrêt sur le toit, suscite une ambiance de très inquiétante étrangeté presque intéressante. Pas assez pour vraiment captiver (j'ai vu le film en 18 fois), juste assez pour intriguer (j'ai quand même relancé le film 17 fois, du coup).



Ce long métrage ressemble un peu à son affiche donc, même si j'ai oublié pourquoi, mais il ressemble surtout à l'actrice Anne Marivin (révélée dans Bienvenue chez les Ch'tis), qui joue l'épouse et agente acariâtre du pianiste Vincent Perez. Le visage de cette comédienne est d'une dissymétrie fascinante, elle est à la limite d'être charmante tout en tutoyant la plus singulière laideur. Du même coup on a le désir de la regarder plus longtemps pour saisir le mystère de ce faciès si changeant d'une seconde à l'autre, comme victime d'un morphing permanent et capricieux, et concomitamment pour faire le point sur sa gueule de freak histoire de ne plus jamais avoir à y revenir. Idem pour le film de Denis Dercourt : on ira jusqu'au bout pour en être débarrassé à tout jamais. A la fin, le réalisateur amalgame les deux univers - réel et ludique - qui jusqu'ici ne faisaient que se télescoper, et à ce moment-là le film perd sa minuscule pointe d'intérêt pour aboutir à une bête histoire de vengeance, niaise pour ne pas dire douteuse. Donc globalement c'est pas un bon film.


Demain dès l'aube de Denis Dercourt avec Vincent Perez, Jérémie Renier et Anne Marivin (2009)

2 commentaires:

  1. Belle façon de commencer l'année. Une année que j'espère REMPLIE A RAS BORD d'articles ilaosé !

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  2. "Jérémie Renier, particulièrement exaspérant dans son rôle de rôliste cinglé coiffé chaque matin à la Glue 3" :D

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