Pages

11 décembre 2010

Citizen X

Ce thriller américain, produit pour la chaîne HBO, est basé sur une histoire vraie qui s'est étendue des années 80 jusqu'au début des 90. Il retrace de façon visiblement très documentée le parcours d'un enquêteur soviétique dans sa traque d'un tueur en série, de sa prise en main de l'affaire, alors qu'il n'était d'abord qu'un simple médecin légiste, jusqu'à l'arrestation du tueur, près de 10 ans plus tard, après être devenu un enquêteur hors pair. Son parcours est rendu impossible par la bureaucratie soviétique et sa propagande officielle, selon laquelle il ne peut exister de tueur en série en URSS, phénomène réservé à l'occident décadent. Le film choisit intelligemment de se concentrer sur la description du fonctionnement absurde du système soviétique, pour mieux nous plonger dans l'ambiance pesante de l'époque. Notre enquêteur, interprété par Stephen Rea et son éternel regard de chien battu, est tout de même aidé en douce par son supérieur, incarné par un Donald Sutherland en grande forme. C'est là l'autre aspect que le film choisit de mettre en lumière, et il s'agit de sa plus grande réussite, car plutôt que d'essayer de faire un efficace thriller à suspense déjà vu cent fois, où l'on devrait craindre tous les agissements d'un tueur sanguinaire (le personnage nous est ici plutôt dépeint dans sa plus grande banalité, sans monstruosité, comme un simple malade victime de ses propres pulsions meurtrières), Citizen X se focalise donc sur cette amitié naissante entre ces deux hommes luttant tous les deux au sein d'un système déliquescent qui finira par imploser progressivement, ce qui permettra d'ailleurs à l'enquête de trouver un ultime souffle salvateur.


Le film est également assez réussi quand il décrit les rapports de force qui régnaient alors dans ce système bureaucratique figé, mais c'est donc l'évolution de la relation entre les deux personnages incarnés par Rea et Sutherland qui est le vrai fil conducteur de cette histoire et qui donne lieu aux meilleures scènes du film, la performance des deux acteurs principaux, à l'accent russe très travaillé, n'y étant pas du tout étrangère. Il y a quelques scènes véritablement émouvantes entre eux deux, nous montrant d'une bien jolie façon la solide amitié qui les lie progressivement. Et on nous réserve même le meilleur pour la toute fin, lorsqu'un psychiatre joué par l'immortel vieillard Max von Sydow, venu prêter main forte dans l'enquête, adresse aux deux hommes cette phrase teintée d'humour : "A vous deux, vous faites une personne merveilleuse". Le film nous quitte quasiment là-dessus, et c'est là sa plus grande vertu.




Ce film, réalisé et écrit pour la télé par un sombre inconnu, enterre le Zodiac de David Fincher. Ça a pas grand chose à voir si ce n'est qu'ils traitent tous les deux de la chasse interminable d'un serial killer, mais j'avais tout de même envie de le dire. Ça mange pas de pain, et Fincher je le dégomme dès que je peux, j'allais pas louper cette occasion.


Citizen X de Chris Gerolmo avec Stephen Rea, Donald Sutherland, Max von Sydow et Jeffrey DeMunn (1995)

6 commentaires:

  1. Pour faire le lien avec les commentaires sur mon blog Donc Acte ! sur le même film : "Félix et Rémi, à vous deux, vous faites une très belle personne."

    http://doncacte-nonmais.blogspot.com/2011/10/citizen-x.html

    RépondreSupprimer
  2. Pour revenir sur Chris Gerolmo, il n'est pas tout à fait inconnu. Il est le scénariste du brillant Mississippi Burning et le créateur de la série géniale (pour moi) Over There. Il se fait rare et ça lui réussit (bien mieux qu'un Woody Allen ou d'autres qui nous en pondent un par an).

    RépondreSupprimer
  3. Je ne connaissais pas cette série. Quant au film Mississippi Burning, il faut que je le regarde ! :)

    RépondreSupprimer
  4. Que de merveilles à découvrir. Je t'envie.

    RépondreSupprimer